Dom Antoine Forgeot - Comment s’explique la vitalité de certains monastères ?
Avec quatre fondations en un demi-siècle, Notre-Dame de Fontgombault est, parmi les abbayes filles de Solesmes, la plus féconde au XXe siècle. Comment cela est-il possible ? Dom Antoine Forgeot en a été l’abbé pendant quarante ans, de 1971 à 2011. Il parle de la fidélité du Père abbé, de la croissance d’un monastère, de la jeunesse de ce temps, et de la providence.
Qu’est-ce qui préside à la croissance humaine visible d’un monastère ? Comment expliquez-vous que Fontgombault ait essaimé trois fois sous votre abbatiat ?
À ces questions on serait tenté de répondre par un seul mot : la Providence divine. Mais disons-en un peu plus quand même. La croissance d’un monastère se fait par la venue de postulants qui après leur temps de noviciat deviennent des moines par la profession.
C’est l’action de Dieu qui opère le développement d’une communauté monastique, en travaillant dans les âmes pour leur faire saisir, toujours plus profondément, le sens exact de leur vocation et les aider à y être fidèles. La fécondité de Fontgombault qui a pu faire trois fondations depuis 1984 est le secret de Dieu. Une fondation n’est pas l’œuvre d’un Père abbé ; c’est l’œuvre de Dieu qui dispose les personnes, les choses et les évènements pour les conduire au but qu’Il se propose. Cela demande du Père abbé et à sa communauté (car une fondation est aussi l’œuvre de toute une communauté unie à son abbé) beaucoup d’abandon et de confiance entre les mains de Dieu, en même temps que le renoncement à la volonté propre et aux idées trop personnelles ; cela demande aussi bien du travail, mais un travail qui se fait dans une joie particulière, semblable à celle d’une famille qui prépare le berceau de l’enfant qui va naître.
Chacune des trois fondations auxquelles j’ai eu la grâce de travailler porte son caractère propre qui lui vient des circonstances de temps, de lieux et de personnes ; mais toutes vivent du même esprit, celui qui nous a été transmis par notre premier Père abbé, venu de Solesmes en 1948, avec une note mariale nettement affirmée qui est, me semble-t-il, le « secret » de Fontgombault.
Qu’est-ce qu’une abbaye doit tenir pour vivre et éventuellement accueillir des vocations ?
C’est l’action de Dieu qui opère le développement d’une communauté monastique, en travaillant dans les âmes pour leur faire saisir, toujours plus profondément, le sens exact de leur vocation et les aider à y être fidèles. La fécondité de Fontgombault qui a pu faire trois fondations depuis 1984 est le secret de Dieu. Une fondation n’est pas l’œuvre d’un Père abbé ; c’est l’œuvre de Dieu qui dispose les personnes, les choses et les évènements pour les conduire au but qu’Il se propose. Cela demande du Père abbé et à sa communauté (car une fondation est aussi l’œuvre de toute une communauté unie à son abbé) beaucoup d’abandon et de confiance entre les mains de Dieu, en même temps que le renoncement à la volonté propre et aux idées trop personnelles ; cela demande aussi bien du travail, mais un travail qui se fait dans une joie particulière, semblable à celle d’une famille qui prépare le berceau de l’enfant qui va naître.
Chacune des trois fondations auxquelles j’ai eu la grâce de travailler porte son caractère propre qui lui vient des circonstances de temps, de lieux et de personnes ; mais toutes vivent du même esprit, celui qui nous a été transmis par notre premier Père abbé, venu de Solesmes en 1948, avec une note mariale nettement affirmée qui est, me semble-t-il, le « secret » de Fontgombault.
Qu’est-ce qu’une abbaye doit tenir pour vivre et éventuellement accueillir des vocations ?
Pour qu’un monastère puisse accueillir de nouvelles recrues, il doit être fidèle :
â fidèle à la Sainte Église et à son Magistère
â fidèle à la Sainte Église et à son Magistère
â fidèle à la Règle dont Bossuet disait qu’elle est un « pressis » de l’Évangile (« pressis » au sens de condensé, de « jus »)
â fidèle à la grande tradition monastique en même temps qu’à sa tradition propre. La jeunesse a soif d’absolu et n’accepte d’engager sa vie que sur du solide.
Le postulant qui sollicite son admission dans une communauté est en droit de s’attendre à y trouver trois choses :
â l’exemple d’une vie menée dans la charité, la joie et la paix, qui sont les trois premiers fruits de l’Esprit (Ga. 5, 23)
â une sérieuse formation à l’état qu’il veut embrasser ; au chapitre 58 de sa règle, saint Benoît prévoit que durant la première année passée au monastère le novice entendra trois fois la lecture de cette même règle, afin qu’il sache bien ce à quoi il veut s’engager ; on lui manifestera aussi « toutes les choses dures et âpres par lesquelles on va à Dieu »
â une solide dévotion aux trois blancheurs qui sont la Sainte Eucharistie, la Sainte Vierge et le Saint-Père.
Comment caractériseriez-vous les jeunes gens d’aujourd’hui ? Est-ce que Dieu continue à les appeler à la vie monastique ?
Notre époque en est encore à gérer et à « digérer » les retombées de mai 1968. Cette révolution a fait beaucoup de mal, surtout à l’institution familiale : la morale naturelle a été bafouée ; le respect, l’accueil et la protection de la vie sont ignorés d’un grand nombre ; des jeunes innombrables ne reçoivent pas, ou trop peu, de formation religieuse. Cependant il y a de très belles choses : beaucoup de jeunes ont une soif réelle de spiritualité ; déçus par les mirages fascinants de notre monde matérialiste, ils sont en recherche de « ce qui, seul, est vraiment important et sûr » (Benoît XVI aux Bernardins) ; sans qu’ils puissent toujours le formuler clairement, ils cherchent Dieu. On trouve chez beaucoup de jeunes une merveilleuse fraîcheur en même temps qu’une fragilité certaine, et une crainte de l’engagement définitif tant dans la vie de mariage que dans celle du sacerdoce ou de la vie religieuse.
Ces constatations montrent les difficultés rencontrées par d’éventuelles vocations à la vie monastique. Cet appel n’est pas toujours clairement perçu par les jeunes ; trop peu nombreux sont les prêtres sensibles à la vocation monastique et attentifs à éclairer les jeunes pour les aider à discerner l’appel de Dieu et à y répondre. Cependant, le bras de Dieu n’est pas raccourci et je pense qu’il appelle autant que par le passé. »
Comment caractériseriez-vous les jeunes gens d’aujourd’hui ? Est-ce que Dieu continue à les appeler à la vie monastique ?
Notre époque en est encore à gérer et à « digérer » les retombées de mai 1968. Cette révolution a fait beaucoup de mal, surtout à l’institution familiale : la morale naturelle a été bafouée ; le respect, l’accueil et la protection de la vie sont ignorés d’un grand nombre ; des jeunes innombrables ne reçoivent pas, ou trop peu, de formation religieuse. Cependant il y a de très belles choses : beaucoup de jeunes ont une soif réelle de spiritualité ; déçus par les mirages fascinants de notre monde matérialiste, ils sont en recherche de « ce qui, seul, est vraiment important et sûr » (Benoît XVI aux Bernardins) ; sans qu’ils puissent toujours le formuler clairement, ils cherchent Dieu. On trouve chez beaucoup de jeunes une merveilleuse fraîcheur en même temps qu’une fragilité certaine, et une crainte de l’engagement définitif tant dans la vie de mariage que dans celle du sacerdoce ou de la vie religieuse.
Ces constatations montrent les difficultés rencontrées par d’éventuelles vocations à la vie monastique. Cet appel n’est pas toujours clairement perçu par les jeunes ; trop peu nombreux sont les prêtres sensibles à la vocation monastique et attentifs à éclairer les jeunes pour les aider à discerner l’appel de Dieu et à y répondre. Cependant, le bras de Dieu n’est pas raccourci et je pense qu’il appelle autant que par le passé. »
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