Publié le 11 Octobre 2007
Ne rien mettre au-dessus de l'œuvre de Dieu ». Cette citation de la Règle bénédictine (ch. 45) qui figure dans le Motu proprio Summorum pontificum est bien propre à réjouir les fils de saint Benoît. Elle est révélatrice de l'intention profonde du Saint-Père, au-delà de son désir « de parvenir à une réconciliation interne au sein de l'Église » (Lettre du pape Benoît XVI aux évêques). Dès le début de son pontificat, Benoît XVI a cité une autre sentence de la sainte Règle, très semblable à la première : « Ne rien mettre au-dessus de l'Amour du Christ » (ch 4). Il n'ignore pas non plus cette autre recommandation de saint Benoît qui concerne la sainte liturgie dans son ensemble: « Comportons-nous, dans la psalmodie, de telle sorte que notre esprit se mette d'accord avec notre voix » (ch 19). Le rapprochement de ces maximes montre clairement la sollicitude du Saint-Père pour la sainte liturgie.
Outre ses nombreux ouvrages antérieurs, il faut mentionner, comme faisant un tout, le récent Motu Proprio, la Lettre d'accompagnement aux évêques et l'Exhortation post Synodale "Sacramentum Caritatis". Là, ainsi que dans nombre d'homélies et de discours, le pape Benoît XVI ne cesse d'attirer l'attention sur la situation de la liturgie qu'il considère, pour le moins, comme inquiétante. Il sait reconnaître et analyser les causes de ce malaise que nul ne peut contester; il sait aussi les remèdes qu'il faudrait y apporter et il s'emploie à les indiquer et à les proposer.
Par le récent Motu proprio, il en donne un dont il fait, comme un sage médecin, une ordonnance : « Tout ce que j'ai établi par la présente Lettre apostolique en forme de Motu proprio, j'ordonne que cela ait une valeur pleine et stable, et soit observé... ». En effet, Benoît XVI voit dans cette généreuse libéralisation de l'usage du missel de 1962, un moyen efficace pour enrayer la crise de la liturgie qui est pour une large part cause de la baisse de la pratique religieuse en France et ailleurs.
Sans renier la réforme liturgique issue du concile Vatican II, le Souverain Pontife estime que le missel de 1962 peut heureusement influencer celui de 1969, et vice-versa. Dans ce sens, ne peut-on pas penser et souhaiter que le Motu proprio soit une étape vers une forme unique et renouvelée du rite romain ? L'histoire le dira. On pourrait envisager ce rite comme entièrement fondé dans le rite traditionnel ancien et intégrant quelques éléments du nouveau rite ayant fait leurs preuves, tels que les nouveaux saints, des préfaces nouvelles, un lectionnaire élargi, une oratio fidelium à l'offertoire; ce rite pourrait être célébré soit en latin soit en langue vernaculaire dans des traductions approuvées par le Saint-Siège. Une telle évolution, si elle devait se faire, demanderait du temps. En effet, les progrès de la sainte liturgie, qui est une réalité vivante ne se font pas par des ruptures ou des à-coups brusques, mais de façon organique, homogène et harmonieuse, les formes nouvelles sortant comme naturellement des formes anciennes, ainsi que l'explique Dom Guéranger dans ses Institutions Liturgiques (t.l, ch.13) et comme l'a rappelé le concile Vatican II dans la Constitution Sacrosanctum Concilium sur la liturgie (n. 23).
Dans la Lettre d'accompagnement, Benoît XVI insiste sur la « sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien ». C'est bien en effet ce qui ressort le plus visiblement de la célébration de la Messe selon le missel de 1962. C'est pour cela que le prêtre officie non pas « dos au peuple » mais « face à Dieu »; comme le Christ lors de son agonie à Gethsémani et sur la Croix, le prêtre qui agit in persona Christi est seul en face de Dieu, entraînant à sa suite le troupeau dont il est le pasteur et même toute l'Église dans une même démarche d'offrande et d'adoration. Cette sacralité se manifeste par le silence du Canon qui est comme l'iconostase de nos frères orientaux célébrant derrière ses portes fermées. C'est encore pour marquer ce caractère unique et sacré de la Sainte Messe que l'Église retient comme propres à la liturgie romaine le latin et le chant grégorien.
Par son Motu proprio, le Saint-Père a voulu que prêtres et fidèles aient libre accès à ces richesses de l'Église trop longtemps maintenues sous le boisseau. Il a voulu mettre un frein, et même si possible, éliminer « des déformations de la Liturgie à la limite du supportable [...] qui ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la. foi de l'Église » (Lettre d'accompagnement).
Si la liturgie doit être toujours belle, digne et bien ordonnée, elle ne doit jamais favoriser un esthétisme pieux ni un ritualisme formaliste; elle doit être l'expression de la foi et de la charité de tous, du prêtre d'abord, mais aussi des fidèles. Tous ne peuvent célébrer ou participer fructueusement au Saint Sacrifice de la Messe, qu'à la condition de s'unir vraiment au Christ, prêtre et victime.
La Sainte Messe est le cœur et le sommet de la liturgie. C'est par elle que l'Église militante ici-bas s'unit à l'Église triomphante du Ciel pour rendre à Dieu tout l'honneur et toute la gloire qui Lui sont dus. Il n'y a vraiment qu'une seule liturgie, et c'est ce qui fait que la liturgie du temps doit se rapprocher autant que possible de celle de l'éternité dont saint Jean nous fait entendre quelques échos dans son Apocalypse : « Et tous les anges en cercle autour du trône, des Vieillards et des quatre Vivants, se prosternèrent devant le trône, la face contre terre, pour adorer Dieu; ils disaient: Amen! Louange, gloire, sagesse, action de grâces, honneur, puissance et force à notre Dieu pour les siècles des siècles! Amen!» (Ap 7, 11-12).
Par son Motu proprio et les interventions qui s'en approchent, le pape Benoît XVI a rappelé à tous ces grandes vérités sur la liturgie, et il nous a engagés à les faire passer dans la pratique.
Merci, Très Saint Père, de nous l'avoir dit ; merci de nous le montrer par votre ars celebrandi si spirituel et si parfait.
Dom Antoine Forgeot
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
source
Outre ses nombreux ouvrages antérieurs, il faut mentionner, comme faisant un tout, le récent Motu Proprio, la Lettre d'accompagnement aux évêques et l'Exhortation post Synodale "Sacramentum Caritatis". Là, ainsi que dans nombre d'homélies et de discours, le pape Benoît XVI ne cesse d'attirer l'attention sur la situation de la liturgie qu'il considère, pour le moins, comme inquiétante. Il sait reconnaître et analyser les causes de ce malaise que nul ne peut contester; il sait aussi les remèdes qu'il faudrait y apporter et il s'emploie à les indiquer et à les proposer.
Par le récent Motu proprio, il en donne un dont il fait, comme un sage médecin, une ordonnance : « Tout ce que j'ai établi par la présente Lettre apostolique en forme de Motu proprio, j'ordonne que cela ait une valeur pleine et stable, et soit observé... ». En effet, Benoît XVI voit dans cette généreuse libéralisation de l'usage du missel de 1962, un moyen efficace pour enrayer la crise de la liturgie qui est pour une large part cause de la baisse de la pratique religieuse en France et ailleurs.
Sans renier la réforme liturgique issue du concile Vatican II, le Souverain Pontife estime que le missel de 1962 peut heureusement influencer celui de 1969, et vice-versa. Dans ce sens, ne peut-on pas penser et souhaiter que le Motu proprio soit une étape vers une forme unique et renouvelée du rite romain ? L'histoire le dira. On pourrait envisager ce rite comme entièrement fondé dans le rite traditionnel ancien et intégrant quelques éléments du nouveau rite ayant fait leurs preuves, tels que les nouveaux saints, des préfaces nouvelles, un lectionnaire élargi, une oratio fidelium à l'offertoire; ce rite pourrait être célébré soit en latin soit en langue vernaculaire dans des traductions approuvées par le Saint-Siège. Une telle évolution, si elle devait se faire, demanderait du temps. En effet, les progrès de la sainte liturgie, qui est une réalité vivante ne se font pas par des ruptures ou des à-coups brusques, mais de façon organique, homogène et harmonieuse, les formes nouvelles sortant comme naturellement des formes anciennes, ainsi que l'explique Dom Guéranger dans ses Institutions Liturgiques (t.l, ch.13) et comme l'a rappelé le concile Vatican II dans la Constitution Sacrosanctum Concilium sur la liturgie (n. 23).
Dans la Lettre d'accompagnement, Benoît XVI insiste sur la « sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien ». C'est bien en effet ce qui ressort le plus visiblement de la célébration de la Messe selon le missel de 1962. C'est pour cela que le prêtre officie non pas « dos au peuple » mais « face à Dieu »; comme le Christ lors de son agonie à Gethsémani et sur la Croix, le prêtre qui agit in persona Christi est seul en face de Dieu, entraînant à sa suite le troupeau dont il est le pasteur et même toute l'Église dans une même démarche d'offrande et d'adoration. Cette sacralité se manifeste par le silence du Canon qui est comme l'iconostase de nos frères orientaux célébrant derrière ses portes fermées. C'est encore pour marquer ce caractère unique et sacré de la Sainte Messe que l'Église retient comme propres à la liturgie romaine le latin et le chant grégorien.
Par son Motu proprio, le Saint-Père a voulu que prêtres et fidèles aient libre accès à ces richesses de l'Église trop longtemps maintenues sous le boisseau. Il a voulu mettre un frein, et même si possible, éliminer « des déformations de la Liturgie à la limite du supportable [...] qui ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la. foi de l'Église » (Lettre d'accompagnement).
Si la liturgie doit être toujours belle, digne et bien ordonnée, elle ne doit jamais favoriser un esthétisme pieux ni un ritualisme formaliste; elle doit être l'expression de la foi et de la charité de tous, du prêtre d'abord, mais aussi des fidèles. Tous ne peuvent célébrer ou participer fructueusement au Saint Sacrifice de la Messe, qu'à la condition de s'unir vraiment au Christ, prêtre et victime.
La Sainte Messe est le cœur et le sommet de la liturgie. C'est par elle que l'Église militante ici-bas s'unit à l'Église triomphante du Ciel pour rendre à Dieu tout l'honneur et toute la gloire qui Lui sont dus. Il n'y a vraiment qu'une seule liturgie, et c'est ce qui fait que la liturgie du temps doit se rapprocher autant que possible de celle de l'éternité dont saint Jean nous fait entendre quelques échos dans son Apocalypse : « Et tous les anges en cercle autour du trône, des Vieillards et des quatre Vivants, se prosternèrent devant le trône, la face contre terre, pour adorer Dieu; ils disaient: Amen! Louange, gloire, sagesse, action de grâces, honneur, puissance et force à notre Dieu pour les siècles des siècles! Amen!» (Ap 7, 11-12).
Par son Motu proprio et les interventions qui s'en approchent, le pape Benoît XVI a rappelé à tous ces grandes vérités sur la liturgie, et il nous a engagés à les faire passer dans la pratique.
Merci, Très Saint Père, de nous l'avoir dit ; merci de nous le montrer par votre ars celebrandi si spirituel et si parfait.
Dom Antoine Forgeot
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
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