“don jean pateau”
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Publié le 25 Décembre 2013
N O Ë L
Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault,
à la Messe de minuit.
(Fontgombault, le 25 décembre 2013)
Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,
Depuis plusieurs semaines, les guirlandes ont fait leur apparition dans les villes. Dans les familles on a préparé activement, comme chaque année, le réveillon, l'échange des cadeaux. C'est la tradition ! C'est Noël. N'aurions-nous pas, cependant, perdu le sens authentique du mystère de Noël ?
Offrir des cadeaux, échanger des vœux, c'est faire œuvre de paix. Dans un monde déchristianisé Noël demeure une fête de la paix. Mais quelle est cette paix de Noël ? D'où vient-elle ?
La paix, c'est d'abord celle qui présidait à la naissance de l'Enfant-Dieu. Le martyrologe de Noël, solennellement chanté dans les chapitres des monastères, ayant identifié, par le rappel de nombreux faits historiques, l'époque de la naissance de Jésus, conclut : « Tout l'univers étant en paix, Jésus Christ, Dieu éternel et Fils du Père éternel, voulant sanctifier le monde par son miséricordieux avènement, ayant été conçu du Saint-Esprit, et neuf mois s'étant écoulés depuis sa conception, naît à Bethléem de Judée, fait homme, de la Vierge Marie. C'est la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ selon la chair. »
Mais la paix de Noël n'est pas le seul silence des armes ; c'est aussi la paix qui vient de Dieu et que chantent les anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime » (Lc 2, 14) ou encore, selon une traduction littérale du texte original grec, « paix aux hommes de la bienveillance ».
Sa Sainteté Benoît XVI, dans le dernier tome de sa trilogie consacrée à Jésus intitulé L'enfance de Jésus, se pose la question : « Quels sont les hommes que Dieu aime ? Y en a-t-il aussi que Dieu n'aime pas ? »
Afin de proposer une réponse, Benoît XVI renvoie au récit du baptême du Seigneur : « Alors que Jésus était en prière, le ciel s'ouvrit et vint du ciel une voix qui disait : "Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j'ai mis ma bienveillance" (Lc 3, 22).
L'homme de la bienveillance, c'est Jésus. Il l'est parce qu'il est totalement tourné vers le Père, il vit en regardant vers lui et en communion de volonté avec lui. Les personnes de la bienveillance sont donc des personnes qui ont l'attitude du Fils – des personnes conformes au Christ. » (p. 107-108)
À ces hommes est proposée la paix venue de Dieu.
La paix implique un lien entre Dieu et l'homme, et par conséquent elle n'est pas le fruit d'un quelconque volontarisme humain. Les faiseurs de paix sont souvent les artisans d'une paix menteuse. Combien de traités de paix furent des pierres d'attente pour de nouvelles guerres ? La vraie paix est don de Dieu et elle s'adresse à ceux qui sont en communion avec lui et qui veulent bien l'accueillir. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5,9)
En se faisant enfant dans une étable, Dieu veut attirer notre attention. Proposer la paix à l'humanité était si essentiel que Dieu s'est fait enfant. L'enfant n'est-il pas le meilleur ambassadeur de la paix ?
« Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : le Christ Jésus ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes » (Ph 2, 5-7), enseigne saint Paul. En se faisant petit enfant, Jésus invite l'homme à redevenir petit enfant. L'enfant est celui qui ne peut pas parler, celui qui est dépendant. Enfant de Dieu veut dire dépendant de Dieu.
Par sa naissance, Jésus réenfante l'homme, entré, dès les premiers temps de son histoire, en lutte contre Dieu ; il le rachète et lui rend sa beauté d'enfant de Dieu.
La paix perdue devient en lui paix retrouvée.
Au milieu des grâces de Noël, n'oublions pas nos frères de Syrie, n'oublions pas tant de pays déchirés par la guerre. Souvenons-nous aussi des guerres plus silencieuses, mais tout aussi mortifères et acharnées, livrées par de nombreux États contre la famille, contre l'enfant à naître, contre les personnes âgées, contre la nature et ses lois immuables.
Au sein des ténèbres la lumière pourtant resplendit.
Elle vient d'États qui, déclenchant la furie d'une libre pensée, reviennent sur les erreurs du passé, et rendent leur législation plus conforme au respect de la vie et de l'homme. Bénis soient les hommes politiques qui, dans la charité, se font les promoteurs de la culture de la vie. Oui, bénis soient ces hommes, ils construisent le monde de demain. Sachons les soutenir résolument.
La paix est le lot de ceux qui acceptent le sourire désarmant de l'Enfant de la crèche et viennent se placer auprès de lui.
N'y aurait-il pas des guerres cachées dans nos propres vies ?
Entrer dans le mystère de Noël, c'est renoncer à toute épine de haine qui pourrait se trouver dans nos cœurs, c'est remettre au Roi de paix toute rancune, toute amertume.
À chaque Messe, le prêtre offre aux fidèles la paix de Dieu : « Pax Domini sit semper vobiscum. ‒ Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous. » Nos cœurs seront-ils disposés à accueillir cette paix ?
La communion sacramentelle ou spirituelle devrait être gage de la paix avec Dieu et avec les hommes. Avons-nous conscience de la révolution que l'Enfant de la crèche veut apporter en nos vies ?
En cette sainte nuit, allons donc à la crèche. Laissons reposer nos cœurs agités auprès du Roi de paix. Nous y gagnerons une Mère, Marie, et un Père, Dieu, ainsi que de nombreux frères. Nous y gagnerons un peu de la joie du ciel.
Aimons à contempler dans le silence l'Enfant de l'étable. Écoutons son message. Heureux les artisans de paix, de cette paix qui vient de Dieu et qu'il nous revient d'offrir au monde : ils seront appelés fils de Dieu.
Amen.
Publié le 7 Janvier 2015
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 6 janvier 2015)
Invenerunt puerum.
Ils trouvèrent l'enfant. (Mt 2,11)
Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,
Après les bergers, après Siméon et Anne, dont les rencontres avec l'Enfant Jésus, dans la crèche et au Temple, ont été rapportées par saint Luc, les Mages, d'après l'évangile selon saint Matthieu, sont les derniers à visiter l'Enfant divin.
Parmi les premiers à recevoir la bonne nouvelle, l'évangile de la naissance du Sauveur, du roi des juifs, ces disciples sont repartis chez eux transformés par la rencontre avec l'Enfant.
C'est à un mariage qu'ils ont assisté, aux noces de Dieu et de l'humanité. Le 1er janvier, en la solennité de Marie, Mère de Dieu, l'Eglise chante : « O admirable échange ! Le Créateur du genre humain, prenant un corps et une âme, a daigné naître d'une Vierge ; et, entrant dans l'humanité, sans le concours de l'homme, il nous a donné part à sa divinité. »
Invenerunt puerum.
Ils trouvèrent l'enfant. (Mt 2,11)
Prendre part à ces noces est offert à tous.
La Constitution pastorale du Concile Vatican II sur l'Eglise dans le monde de ce temps, Gaudium et Spes, enseigne :
Puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit-Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au Mystère pascal. (n° 22)
Pourtant, si Dieu offre à tous la possibilité d'être associé au Mystère pascal, il ne s'ensuit pas pour autant que tous s'y associent effectivement. Souvenons-nous de la parabole des invités conviés à la noce par des serviteurs :
... Eux, n'en ayant cure, s'en allèrent, qui à son champ, qui à son commerce ; et les autres, s'emparant des serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. (Mt 22, 5-6)
Aller à la noce ne suffit pas. La parabole ajoute :
Le roi entra alors pour examiner les convives, et il aperçut là un homme qui ne portait pas la tenue de noces. « Mon ami, lui dit-il, comment es-tu entré ici sans avoir une tenue de noces ? » L'autre resta muet. Alors le roi dit aux valets : « Jetez-le, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents. Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. » (Mt 22, 11-14)
Trouver la crèche, trouver l'Enfant, est un don de Dieu.
Pour désigner l'endroit, Dieu utilise des médiations inattendues : une étoile, des anges, un livre, un roi ombrageux.
Le plan de Dieu n'est pas le plan de l'homme. Les moyens de Dieu ne sont pas les moyens des hommes. Dieu requiert simplement le discernement de sa Parole au milieu des paroles, l'abandon et la docilité à celle-ci, donnant à chacun la grâce pour la mettre en pratique. Voir, et ne pas faire, revêt un caractère de gravité proportionnel à la lumière donnée par Dieu.
Si Dieu donne la lumière, les exigences de la Providence paraissent parfois rudes, mettant à l'épreuve la foi et pouvant conduire au doute.
Les Mages, pour suivre l'étoile, ont dû renoncer à une vie organisée, sans aucun doute confortable – ils étaient riches –, pour prendre les chemins de l'inconnu... Le but de la route était un Enfant, « le roi des juifs qui vient de naître » (Mt 2,2). A quoi bon se déplacer pour un enfant ? A quoi bon venir l'adorer ?
L'étoile, « son étoile », a été, pour les Mages, le signe qui devait exercer leur foi. Les Mages ont compris le message de l'étoile. À travers elle, c'est le roi des juifs qui les invitait à ses noces, et c'est lui qu'ils devaient venir adorer.
Le comportement d'Hérode est tout différent. Il n'est pas loin de Bethléem, une dizaine de kilomètres. Il a dans son entourage des savants, experts à lire les saints Livres et à interpréter leurs paroles. Enfin, il y a les Mages dont la venue mystérieuse aurait dû l'inciter à se mettre, lui aussi, en route. Pourtant, Hérode ne se déplace pas.
Ainsi, ceux qui sont à deux pas de l'enfant ne le trouveront pas, alors que ceux qui sont au loin vont le trouver.
Car pour les Mages, comme pour Hérode, il s'agit bien de trouver le roi des juifs : « Allez vous renseigner exactement sur l'enfant ; et, quand vous l'aurez trouvé, avisez-moi, afin que j'aille, moi aussi, lui rendre hommage. » (Mt 2,8)
En entrant dans la crèche, les Mages ''voient'' l'enfant (Mt 2,11), selon le texte grec, suivi désormais par la Néovulgate et les traductions françaises. L'ancienne Vulgate, quant à elle, traduisait (en reprenant le mot d'Hérode) : ''Ils trouvèrent, invenerunt.''
Il est permis de souligner la richesse sémantique de ce mot invenerunt. ''Trouver'', en français, incite à considérer l'objet : ''Ils trouvèrent l'enfant''. En latin, ''invenerunt, venir-dans'', tourne plutôt l'attention sur le sujet : ''Les Mages sont venus dans'' la crèche, ils sont venus dans le mystère. Trouver, c'est ''venir dans'', c'est entrer en communion profonde. Ainsi les Mages ont vraiment trouvé Jésus.
Ces êtres cultivés ont tout abandonné pour cheminer vers un inconnu, « le roi des juifs qui vient de naître ». Dieu ne les a pas abandonnés : ils ont trouvé.
De tous ceux qui se sont rendus à la crèche, les Mages sont, sans conteste, les plus proches de nous.
Suivre les pas d'Hérode ou ceux des Mages ?
Les étoiles, au firmament de nos vies, ne manquent pas. Toute belle œuvre, tout geste de charité ou de pardon, est une étoile invitant à entrer dans la crèche et à trouver Jésus.
(nb . : Pierre et Charles en ont été sûrement dans ces fêtes de Noël morbides pour le petiit Placide où dans le rien, dans le sans joie, ils intervenaient pour lui montrer l'essentiel .ils ont montré Jésus ! même si de ceux qu'on aurait souhaité on a strictement rien eu ! tout simplement splendide ! je m'en souviendrai quand même ! .
Fermerons-nous les yeux devant les signes de la Providence ? Souhaiterons-nous les voir disparaître ? Oserons-nous les supprimer, les détruire ?
Puissions-nous, comme les Mages, trouver l'Enfant de la crèche, c'est-à-dire entrer en profonde communion avec lui, participer aux noces de l'Agneau avec l'humanité. Puissions- nous, aussi, trouver l'Église qui, selon Bossuet, est « Jésus-Christ répandu et communiqué ». Non pas la considérer comme une étrangère, qu'on dévisage et qu'on juge, mais comme une Mère par laquelle nous vient la vie.
Aux noces de Cana, Marie dit aux serviteurs : « Tout ce qu'il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5). C'est la mise en pratique du Fiat de l'Annonciation.
Puissions-nous discerner et faire tout ce qu'il nous dira. Alors, nous le trouverons.
Amen.
Publié le 29 Mai 2014
ASCENSION
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 29 mai 2014)
Prædicate Evangelium omni creaturæ
Annoncez l’Évangile à toutes les créatures. (Mc 16,15)
Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,
La finale de l’Évangile de saint Marc, choisie par l’Église comme lecture pour la Messe de l'Ascension, rapporte l'envoi en mission des onze Apôtres.
Le séjour terrestre de Jésus touche à sa fin. La mission visible du Fils de Dieu incarné est arrivée à son terme. C'est au tour des Apôtres d'annoncer désormais la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, l’Évangile, et de l'annoncer à toutes les créatures.
Pour les Apôtres s'ouvre une grande neuvaine qui se clôturera par l'effusion du Saint-Esprit au matin de la fête de la Pentecôte. Durant ces jours, les Apôtres ne devront pas s'éloigner de Jérusalem, mais attendre la visite du Paraclet, celui qui a été promis par le Père (cf. Ac 1,4). Il viendra illuminer et réchauffer des cœurs et des âmes encore bien tièdes. Jésus n'est pas sans savoir les limites de ceux à qui il confie l'évangélisation du monde. L'envoi en mission des Apôtres est précédé d'un reproche de Jésus visant ses disciples pour « leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité. » (Mc 16,14)
Les paroles de Jésus sont-elles encore actuelles ?
En ce jour, Jésus envoie encore en mission. Il nous envoie en mission.Tournons-nous vers le Père et demandons sur ceux qui sont devenus des chrétiens adultes, par l'onction de saint Chrême reçue lors du sacrement de Confirmation, une infusion renouvelée de l'Esprit-Saint et de ses dons, afin qu'à l'instar des Apôtres nous redevenions d'authentiques témoins du Christ.
Une terre de mission s'offre à nous : Omni creaturæ : toutes créatures.
Annoncer le Christ ce n'est pas emprisonner l'homme sous un carcan de préceptes mais le libérer de l'asservissement à ses passions. Il a fallu plus de trois siècles pour que les sociétés de l'Antiquité comprennent l'extraordinaire grâce qu'est la visite de Dieu pour l'homme.
Aujourd'hui le même chemin doit être parcouru. Il commence par notre propre conversion. Sommes-nous convaincus que choisir le Christ, c'est faire le bon choix ? Avons-nous donc choisi réellement le Christ ? Croyons-nous enfin qu'annoncer le Christ, c'est servir son prochain ?
Le monde actuel est un monde de dictatures : dictature d'un seul, dictature des plus puissants, dictature d'une majorité.
Saint Thomas d'Aquin a donné un critère éminent de discernement politique : le bien commun. Les différents régimes de dictatures sont mauvais en tant qu'ils se proposent de promouvoir le bien d'une partie des membres du groupe. Un bon régime politique se doit de discerner et de promouvoir le bien commun de tous les membres du groupe.
Il est difficile de discerner dans la vie politique actuelle une volonté de promotion du bien commun.
Le but de la loi est plutôt d'encadrer un maximum de permissivité, offrant ainsi à chacun d'assouvir tranquillement ses passions, tout en recherchant un minimum de conséquence sur autrui ; ce qui permet d'éviter un trop grand nombre de mécontents. Une nouvelle humanité se construit laissant sur le bord de la route les êtres gênants ou encombrants : les enfants non désirés ou handicapés, les personnes âgées, les ratés de la société où prennent place tant de jeunes qui ne trouveront de réponse à leur misère que dans l'alcool, la drogue ou le suicide. La société, sûre de son bon droit, se bornera à constater le fait dans des statistiques sans âme, cachant derrière l'anonymat du chiffre ceux qui sont ses propres victimes et dont il ne faut pas parler.
Alors que les sociétés délaissent l'homme, l'homme ne devrait-il pas délaisser ces sociétés et choisir à nouveau l'homme et son bien. Annoncez l’Évangile à toute créature ! Voilà la réponse du Christ.
Les Apôtres auprès du Seigneur sont onze. C'est peu. Les disciples de Jésus représentaient quelques centaines de personnes tout au plus. Ce n'est pas beaucoup pour un Empire romain qui s'étend sur tout le bassin méditerranéen. Pourtant avec l'aide du Saint-Esprit, dans l'obéissance à l'ordre de mission reçu du Christ, les Apôtres entreprennent l'annonce de la Bonne Nouvelle qui sera accompagnée et confirmée par les signes accordés par le Seigneur.
Le monde moderne n'est pas si différent de l'Empire romain décadent, tout particulièrement au plan de la morale et de la famille. Refuser tout repère authentique à l'enfant ou à l'adolescent a été, est, et sera l'arme de tous les dictateurs. En face de ceux-ci le chrétien doit être un contre-révolutionnaire en tant qu'il refuse de se laisser étourdir par le foisonnement artificiel des idées, mais qu'il les brise contre le Christ et contre la réalité, afin de voir de quel bois elles sont faites.
Comment écouter encore les chantres du relativisme, qui accueillent avec émerveillement toute sottise dont le seul mérite est d'être en contradiction avec les usages hérités de tant de siècles de christianisme et ayant fait leur preuve, et qui condamnent au silence, avec la plus grande sévérité, ceux qui se font les apôtres de ce qu'on appelait encore hier la vérité ou les fondements de la société.
Il n'y a plus de vérité, plus de certitude, disent-ils... Mensonge, il y a l’Évangile.« Annoncez l’Évangile à toutes les créatures » demande Jésus à ses disciples.
Les jeunes, les hommes et les femmes, toutes créatures ont un droit à la vérité. Ils ont le droit de connaître Dieu.
Aurons-nous le courage de répondre à leur attente? Rejoignons en ces jours les Apôtres au Cénacle. Unissons-nous à leurs prières et demandons les uns pour les autres la grâce de l'Esprit-Saint. Jésus ne manquera pas de nous exaucer. Puisse-t- il ne pas avoir à reprocher un jour notre tiédeur et notre incrédulité.
Que Marie, la femme qui a cru, accompagne ses enfants sur la route.
Soyons apôtres, soyons les témoins courageux, jusqu'aux extrémités de la terre, de Celui en qui nous croyons.
Amen, Alleluia.
thanks... !
Dear Brothers and Sisters,
My dearly beloved Sons,
Sermon en anglais
Publié le 18 Octobre 2011
« Dans le coeur de l’Eglise, je serai l’amour »
Revenant de la bénédiction abbatiale de Dom Pateau, nouvel abbé de Fontgombault, originaire des Sables d’Olonne, j’ai pu une nouvelle fois mesurer l’importance décisive de la vie contemplative dans l’Eglise. Les paroles du Pape Benoît XVI dans son lumineux discours des Bernardins adressé au monde de la culture lors de sa venue en France en septembre 2008, me sont revenues à l’esprit.
Dans ce discours, le Pape a rendu un vibrant hommage au rôle des communautés monastiques à l’émergence de la civilisation occidentale : « Les monastères furent des espaces où survécurent les trésors de l’antique culture et où, en puisant à ces derniers, se forma petit à petit une culture nouvelle ». Mais surtout, il a su désigner la source de cet élan civilisateur : « Au milieu de la confusion de ces temps où rien ne semblait résister, les moines désiraient la chose la plus importante : s’appliquer à trouver ce qui a de la valeur et demeure toujours, trouver la Vie elle-même ». C’est en effet en cherchant inlassablement Dieu que des générations de religieux ont su donner au monde les trésors d’architecture, de musique et d’écriture qui sont parvenus jusqu’à nous.
Il n’est pas question de tomber ici dans une nostalgie des temps anciens. Les moines ne sont pas des pièces de musée ou les reliquats d’une vie décalée appelée progressivement à s’éteindre. Dans le monde entier et en France, des communautés contemplatives vivent aujourd’hui un renouveau de vocations. Celui-ci n’est pas spectaculaire, mais il permet non seulement de poursuivre l’oeuvre d’hier mais plus encore de continuer à tenir un rôle indispensable à la mission de l’Eglise. Ils demeurent les piliers sur lesquels s’appuie l’activité missionnaire de l’Eglise. « Les consacrés constituent une portion immergée du Peuple de Dieu » (Benoît XVI).
Moines et moniales s’enracinent par la prière dans l’intimité de Dieu. Cette proximité du Christ a fait dire à la petite Thérèse de Lisieux : « Dans le coeur de l’Eglise, je serai l’amour ».
Prions pour ces communautés, plus particulièrement celles de Vendée, que le Seigneur suscite chez elles de nombreuses vocations religieuses.
✠ Alain Castet
évêque de luçon
Publié le 2 Février 2014
dom Anderson abbot Clear Creek
Photo by PJ McKey
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Présentation de l’Enfant Jésus au Temple
Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault.
(Fontgombault, le 2 février 2014)
Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,
La fête solennelle de ce jour prend le pas sur le quatrième dimanche après l’Épiphanie. Le fond de la fête est christologique : elle est le développement des mystères de Noël et de l’Épiphanie dont elle vient achever la contemplation. La crèche a quitté l’Église. La bénédiction et la distribution des cierges et la procession nous ont rappelé que le Christ est la lumière du monde : « Le Verbe était la vraie lumière, qui éclaire tout homme. » (Jn 1, 9)
La fête de ce jour est donc aussi une fête de l’Église. Le Christ s’est manifesté au monde et l’Église poursuit cette œuvre aujourd’hui dans le monde afin de proposer à tout homme le salut dans le Christ. La constitution dogmatique sur l’Église du second Concile du Vatican, qui ouvre la liste des documents conciliaires, porte précisément comme titre Lumen gentium, "Lumière des peuples" :
« Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit-Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes créatures la bonne nouvelle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église (cf. Mc 16, 15). L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de préciser davantage, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l'enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle. À ce devoir qui est celui de l’Église, les conditions présentes ajoutent une nouvelle urgence : il faut en effet que tous les hommes, désormais plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels, réalisent également leur pleine unité dans le Christ. » (Lumen gentium, n°1)
« Frères, allons ! disait le bienheureux Guerric d'Igny. Voici que le cierge brûle aujourd’hui entre les mains de Siméon.
Venez-y prendre de la lumière, venez-y allumer vos cierges.
Non pas tant pour porter des flambeaux en main que pour être des flambeaux qui brillent au-dedans et au-dehors, pour votre bien et celui des autres : Jésus allumera votre foi, fera briller votre exemple, vous suggérera la bonne parole, enflammera votre prière, purifiera votre intention... » (Premier sermon pour le jour de la purification de Marie)
En même temps cette fête ouvre sur le mystère pascal du Christ à travers la prophétie adressée à Marie par le vieillard Siméon. Rappelons ce passage que la péricope évangélique de ce jour n’a pas retenu : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi-même, un glaive te transpercera l’âme – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. » (Lc 2, 34-35)
Conclusion des mystères de l’enfance et annonce du mystère pascal, la fête de la présentation de l’Enfant Jésus au temple est aussi une fête mariale. Marie et Joseph montent au temple afin d’y accomplir un double rite.
Le premier concerne l’enfant. Premier-né de la famille, et de ce fait possession de Dieu, il devait être racheté par ses parents. Le second rite concerne Notre Dame, qui, selon la loi, devait être purifiée de la souillure légale. Ni Jésus, ni Marie n’avaient à se soumettre à ces rites légaux. Ils le font afin de nous donner un exemple d’obéissance et d’humilité.
Cette journée est également la Journée de la vie consacrée. Cette initiative est due au bienheureux Jean-Paul II et remonte à 1997. Pourquoi avoir choisi la fête de la Présentation du Seigneur au temple ?
Dieu avait dit à Moïse : « Consacre-moi tout premier-né, tout être qui sort le premier du sein maternel, parmi les fils d’Israël. Homme ou bête, il est à moi. » (Ex 13,2)
La présentation de Jésus au temple, consacré à Dieu selon la prescription rituelle, annonce le don qu’il fera de lui-même par amour de Dieu et des hommes, l’offrande suprême de la Croix. Cette journée a donc une importance particulière pour toute personne consacrée, qui, inspirée par le don bouleversant du Christ, aspire à son tour à donner sa vie et à tout abandonner pour marcher à sa suite.
Les figures du vieillard Siméon et de la prophétesse Anne ne sont pas non plus sans évoquer la vie religieuse. Siméon était un homme juste et religieux ; il attendait la consolation d’Israël.
Anne ne s’éloignait pas du temple, servant Dieu de jour comme de nuit dans le jeûne et la prière et proclamant ses louanges. (cf. Lc 2, 25.37-38)
Le décret Perfectæ caritatis du dernier concile enseigne :
« Tous ceux que Dieu appelle à la pratique des conseils évangéliques et qui en font profession se vouent au Seigneur de façon spéciale en suivant le Christ chaste et pauvre (cf. Mt 8, 20 ;Lc 9, 58), qui par son obéissance jusqu’à la mort de la croix (cf. Ph 2, 8) a racheté les hommes et les a sanctifiés. Poussés dans cette voie par la charité que l’Esprit-Saint répand dans leurs cœurs (cf. Rm 5, 5), ils vivent toujours davantage pour le Christ et pour son Corps qui est l’Église (cf. Col 1, 24). » (n°1)
« Les instituts intégralement ordonnés à la contemplation, en sorte que leurs membres vaquent uniquement aux choses de Dieu dans la solitude et le silence, dans la prière assidue et une joyeuse pénitence, conservent toujours, si urgente que soit la nécessité d’un apostolat actif, une place de choix dans le Corps mystique du Christ... Ils offrent en effet à Dieu un sacrifice éminent de louange ; ils illustrent le peuple de Dieu par des fruits abondants de sainteté, ils l’entraînent par leur exemple et procurent son accroissement par une secrète fécondité apostolique. Ils sont ainsi l’honneur de l’Église et une source de grâces célestes. » (ib., n° 7)
Concluons en reprenant quelques lignes de l’invocation à Marie adressée par le bienheureux Pape Jean-Paul II au terme de l'exhortation apostolique Vita consecrata sur la vie consacrée et sa mission dans l’Église :
« O Mère, qui veux le renouveau spirituel et apostolique de tes fils et de tes filles, par une réponse d’amour et d’offrande totale au Christ, nous t’adressons notre prière avec confiance. Toi qui as fait la volonté du Père, empressée dans l’obéissance, courageuse dans la pauvreté, accueillante dans ta féconde virgi- nité, obtiens de ton divin Fils que ceux qui ont reçu le don de le suivre dans la vie consacrée sachent lui rendre témoignage par une existence transfigurée, en avançant joyeusement, avec tous leurs autres frères et sœurs, vers la patrie céleste et la lumière sans crépuscule. » (n° 112)
Amen.
Publié le 16 Août 2015
ste Marie Madeleine
Pèlerinage Rome Octobre 2015
Publié le 12 Octobre 2014
pictures petit placide
+ DEDICACE
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 12 octobre 2014)
Quærebat videre Jesum, quis esset.
Il cherchait à voir qui était Jésus. (Lc 19, 3)
"Réduire la valeur d'un homme à ce qu'il a, c'est déjà envier son bien, c'est le considérer comme un moyen en vue d'un plaisir personnel...
Quel est le sens de ma vie et de la vie des autres ? La quête de l'avoir ou la quête de l'être ?"
Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,
Dieu a voulu qu'à travers les siècles parvienne à notre connaissance l'histoire du chef des collecteurs d'impôts de Jéricho nommé Zachée.
La constitution Dei Verbum du concile Vatican II nous dit que : « Les livres de l'Ecriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu, pour notre salut, a voulu voir consigée dans les Lettres sacrées. » (Dei Verbum n°11)
La méditation de la Sainte Ecriture, ou encore Lectio divina, implique donc la recherche du message que Dieu a voulu transmettre à travers les lignes inspirées, et ce, en vue de le mettre en pratique pour notre salut. La lecture de l'Evangile, si chère au Pape François, qui ne manque pas de rappeler que tout chrétien devrait en avoir un exemplaire dans la poche ou le sac, à portée de main, n'est pas la lecture superficielle et rapide d'un texte déjà connu. Non, il s'agit d'une lecture en profondeur, qui laisse au cœur le temps d'être pénétré par la lumière de l'Esprit-Saint et qui, ainsi, porte du fruit.
L'histoire de Zachée est l'histoire d'une conversion.
Quel est donc le premier indice de cette conversion ?
Zachée est collecteur d'impôts. Il prend du bien des autres afin de le remettre à l'occupant romain, en vue de l'entretien des routes, des armées, de l'administration... Mais Zachée, très zélé, ne se limite pas au prêlèvement juste. En proposant à Jésus de rendre au contribuable lésé le quadruple de ce qu'il aurait prélevé à tort, il tend à montrer que sa gestion comportait quelques zones d'ombre...
Afin d'établir l'impôt, Zachée devait se renseigner sur les biens de ses compatriotes. Les hommes avaient valeur pour lui dans la mesure où ils possédaient des biens. Voyant un homme, il se demandait simplement : « Qu'a-t-il ? Que possède-t-il ? »
Apprenant que Jésus passait Zachée prend la décision d'aller le voir, sans même espérer pouvoir lui parler, ni le toucher. Il était trop petit. L' Evangile nous dit qu'il cherchait à voir ''qui il était''. La question était nouvelle pour lui. Pour la première fois, il ne cherchait pas à savoir ce qu'avait cet homme, mais qui il était.
La conversion d'un homme, d'une nation, débute au moment précis où à l'intérieur de son cœur naît, en face de l'autre, la simple question : « Qui est-il ? » ; non pas « Qu'a-t- il ? », « Que possède-t-il qui pourrait m'enrichir ? », mais « Qui est-il ? »Réduire la valeur d'un homme à ce qu'il a, c'est déjà envier son bien, c'est le considérer comme un moyen en vue d'un plaisir personnel, c'est renoncer à le rencontrer vraiment.
Zachée a compris cela, et Zachée s'est converti.
Il ne cherche pas à savoir ce que possède Jésus mais qui est Jésus, et Jésus lui répond au delà de ce que le collecteur d'impôt attendait. Dieu ne lui donne pas quelque chose de lui, une aumône de Dieu. Non, Dieu n'a pas fait d'aumône à Zachée ; Dieu s'est donné à lui, il est allé chez lui.
Savoir le motif qui met l'homme sur le chemin de Dieu est essentiel. Dieu n'a rien, il est. Dieu est le plus grand des pauvres car il n'a que lui.
Celui qui cherche Dieu pour ce qu'il a, ne tiendra pas longtemps la route. Dieu n'a, a priori, rien à nous proposer qui comble nos désirs de sensations, nos quêtes de plaisir. Dieu est décevant, et sera toujours décevant, pour celui qui ne chercherait pas ce qu'il est.
Tandis que saint Thomas d'Aquin était en prière devant le crucifix, tôt le matin, dans la chapelle San Nicola à Naples, Domenico da Caserta, le sacristain de l'église, entendit un dialogue. Thomas demandait, inquiet, si ce qu'il avait écrit sur les mystères de la foi chrétienne était juste. Et le Crucifié répondit : « Tu as bien parlé de moi, Thomas. Quelle sera ta récompense ? » La réponse de Thomas est celle que les amis et les disciples de Jésus devraient toujours donner : « Rien d'autre que vous, Seigneur ! » (cf. Jean-Pierre Torell, Initiation à saint Thomas d'Aquin. Sa personne et son œuvre, 3e édition, Cerf, 2008 , p. 418)
Ce qui vaut quant au regard à porter sur Dieu vaut aussi pour le regard à porter sur les autres. La société de consommation s'attache, selon son propre nom, à ce qu'a l'autre, à ce qui est consommable chez lui. Elle renonce à considérer ce qu'il est, ou du moins elle réduit l'être à l'avoir.
Le pas est immédiat qui consiste à déduire que celui qui n'a pas, l'enfant dans le sein de sa mère par exemple, n'est pas ; que celui qui semble n'avoir rien à donner, comme un grand malade en phase terminale d'un cancer, ne présente pas d'intérêt, et, a fortiori, que celui qui ne saurait apporter que souffrance ne mériterait pas l'être.
Il y a là matière à conversion : purifier son regard sur l'autre, se laisser fasciner par le mystère de l'être, transfigure la vie.
Les paroles de l'introït rappelaient que « redoutable est ce lieu, là est la maison de Dieu et la porte du ciel. » Quels sont nos sentiments en entrant dans une église ?
Si l'église est la maison de Dieu, combien plus Dieu veut-il demeurer dans les âmes. La fascination devant l'être éclaire le regard porté par Jésus sur les estropiés, les boiteux, les pauvres en corps et en âme. Tous sont appelés à être enfants de Dieu. Valons-nous plus chers qu'eux ? Non pas. Mais nous ne valons pas moins, ni d'ailleurs notre voisin, ni d'ailleurs notre ennemi.
Selon l'enseignement de Dei Verbum, la Révélation est « donnée pour le salut de toutes les nations » (n°7).
Le message de Zachée s'adresse donc non seulement aux hommes mais aussi aux nations. Les sociétés doivent s'attacher à comprendre ce qu'est l'homme, afin de promulguer des lois ordonnées effectivement à la prospérité de ce qu'il a. Autour du Pape, les membres du Synode réfléchissent sur ce qu'est la famille ; prions pour que le monde reçoive l'annonce renouvelée, la bonne nouvelle de la famille.
Hier et aujourd'hui se déroule autour de l'Abbaye le pèlerinage des ''serviteurs et priants pour la vie''. Rejoignons-les, unissons-nous à leur prière en vue du respect et de la reconnaissance de l'admirable don de Dieu qu'est la vie, par tous, hommes et femmes, malades et personnel soignant.
Que l'exemple de Zachée convertisse notre cœur.
Avec Marie méditons ces choses en secret. Dans la lumière de son regard maternel, posons-nous humblement et sans concession la question primordiale : Quel est le sens de ma vie et de la vie des autres ?
La quête de l'avoir ou la quête de l'être ? Que le Seigneur nous donne de discerner en nous-même et en tout homme le mystère et la valeur de l'être en tant que don de Dieu.
Amen.
From the unborn child to the terminal patient, God doesn't want to know what we own, but who we are
Dedication of the Abbatial Church
Missa Terribilis
c'est cette semaine le collecteur d'impôts mais c'est pas le même ... !
Publié le 5 Mai 2013
Lors du dernier conseil presbytéral, Mgr Jaeger avait invité le père abbé de Fontgombault Dom Jean Pateau à présenter le présent et l’avenir de l’abbaye de Wisques.
La difficulté de renouvellement de l’actuelle communauté saint Paul, et le décès de l’abbé Lugez ont amené les bénédictins à revoir l’avenir de l’abbaye. Fallait-il fermer ou trouver une autre communauté ? L’actuelle abbaye de Wisques avait été fondée par des pères de Fontgombault fin XIXème siècle.
L’abbaye de Fontgombault est née en Berri, de l’impulsion donnée par Pierre de l’Etoile et ses compagnons, ermites, en 1091. Elle eut son apogée aux XII-XIIIème siècles. C’est une longue histoire avec de nombreuses vicissitudes durant près de 1.000 ans.
En 1948, après la seconde guerre mondiale, l’abbaye redevient bénédictine avec l’installation de 22 moines venus de Solesmes. La communauté, très nombreuse songe a essaimer, fonder une nouvelle abbaye, dans le souci de répondre à la demande de Jean-Paul II pour une nouvelle évangélisation. Le déclin de Wisques, avec une moyenne d’âge de plus de 75 ans, à la différence de Fontgombault (âge moyen de 51 ans) provoque la réflexion du père abbé de Fontgombault. C’est ainsi que plusieurs moines feront des “stages” à Wisques au cours du premier semestre 2013 et qu’une solution de reprise était envisagée. Ce passage de plusieurs groupes de religieux durant 4 semaines devait permettre de mûrir le projet. Les contacts furent très bon et l’installation de 13 moines à l’automne 2013 est donc envisagée.
La mise en place d’une nouvelle communauté répond au processus très précis de la nomination d’un prieur puis d’un abbé pour Wisques, dépendant de Solesmes. La nouvelle communauté devrait être forte de 18 religieux.
Plusieurs questions ont été posées par les doyens : sur les relations avec la population chrétienne locale, sur le rite liturgique, sur les activités pratiques (hôtellerie, culture, activités artistiques). Les communautés religieuses ne reçoivent aucune responsabilité de la part de l’évêque du lieu envers les chrétiens des paroisses. Les moines n’ont pas pour mission première l’animation des communautés paroissiales. Cependant comme de nombreux monastères, ils accueilleront les chrétiens qui désirent prier avec eux et se ressourcer. Le rite de la liturgie de l’abbaye est celui dit « extraordinaire », c’est-à-dire le missel de Pie V. (A la différence de l’abbaye Notre-Dame, qui célèbre en latin, selon le rite de Paul VI). Le père abbé a fait ce choix, suite à une révélation divine qu’il aurait eue en 1988, l’année même du schisme de Mgr Lefebvre. Le père insiste sur l’importance d’une belle liturgie pour favoriser l’évangélisation et l’intériorisation.
Le père abbé espère que la communauté pourra reprendre et développer les activités matérielles qui donneront subsistance à la communauté. Hôtellerie, travaux d’agriculture et, probablement, atelier artistique dont céramique.
Il attend de la part du diocèse accueil et prière.
il y a presqu'un an !
Publié le 31 Mars 2013
"La foi n'est pas seulement une tension personnelle vers les biens qui doivent venir, mais qui sont encore absents; elle nous donne quelque chose.
Elle nous donne déjà maintenant quelque chose de la réalité attendue, et la réalité présente constitue pour nous une « preuve » des biens que nous ne voyons pas encore.
Elle attire l'avenir dans le présent, au point que le premier n'est plus le pur « pas-encore ». Le fait que cet avenir existe change le présent; le présent est touché par la réalité future, et ainsi les biens à venir se déversent sur les biens présents et les biens présents sur les biens à venir. "
Benoît XVI SPES SALVI
PÂQUES
Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean PATEAU,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,
La lumière a jailli au milieu des ténèbres, le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Cette annonce que les femmes ont portée aux apôtres est au fondement de notre foi : « Si le Christ n’est pas ressuscité, dit saint Paul, vaine est notre foi. » (1 Co 15, 17)
Un jour, cette vérité qui dépasse les limites de notre esprit laissé à ses propres forces, pour lequel un homme mort ne peut pas ressusciter, a touché notre cœur. Par la force d’en haut nous avons fait confiance à Dieu qui se révèle, et ainsi nous avons connu des vérités sur Dieu qu’il n’est pas donné à l’homme de connaître naturellement.
La foi se trouve donc au centre d’un combat qui se livre en nous. D’un côté, il y a le mode naturel de connaissance de l’être humain, qui part du sensible, de ce que nous voyons, de ce que nous touchons, de ce que nous sentons, de ce que nous entendons, de ce que nous goûtons. Dieu, lui, a le “défaut” de n’être pas sensible. La foi se heurte ainsi au naturalisme, doctrine qui affirme que la nature n’a pas d’autre cause qu’elle-même et que rien n’existe en dehors d’elle. Si nous ne soutenons pas cet enseignement, une forme diminuée du naturalisme, le naturalisme pratique, n’a-t-il pas sa place dans notre cœur ?
Nous croyons en Dieu, mais au fond nous vivons comme si Dieu n’existait pas.
L’autre protagoniste dans le combat de la foi, c’est Dieu.
Dieu qui, depuis le premier péché, depuis le jardin d’Éden, part constamment à la recherche de l’homme. L’homme, quant à lui, souvent se cache ou ferme les yeux. Le prologue de l’épître aux Hébreux nous rappelle cette quête de l’homme par son Créateur : « Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles. » (Hb 1, 1-2) De même, la Constitution dogmatique Dei Verbum – La parole de Dieu, du second concile du Vatican enseigne : « Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté (cf. Ep 1, 9)grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l'Esprit-Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine (cf. Ep 2, 18 ; 2 P 1, 4).
Dans cette Révélation, le Dieu invisible (cf. Col 1, 15 ; 1 Tm 1, 17) s'adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu'à des amis (cf. Ex 33, 11 ; Jn 15, 14-15), il s'entretient avec eux (cf. Ba 3, 38) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie... La profonde vérité que cette Révélation manifeste, sur Dieu et sur le salut de l'homme, resplendit pour nous dans le Christ, qui est à la fois le Médiateur et la plénitude de toute la Révélation. » (Dei Verbum n° 2)
Alors que l’Année de la foi s’écoule, deux questions se posent à chacun d’entre nous.
Ai-je la foi ? Quelles sont les conséquences de cette foi sur ma vie, sur le déroulement de mes journées ? Le fait que Dieu existe, qu’il soit créateur du monde, qu’il m’ait sauvé à travers le mystère pascal, qu’il m’aime, engendre- t-il quelque chose de concret dans ma vie, ou, au contraire, Dieu doit-il se contenter d’une aumône, donnée comme à contrecœur, telle une participation occasionnelle à la Messe dominicale, une rare prière familiale, une prière jaillie d’un cœur préoccupé et dite sans attention ?
L’important dans la relation à Dieu n’est pas de se lancer dans des pratiques extraordinaires,comme dans des pèlerinages ou des sessions. Ces actions stimulent notre foi, certes, mais rien ne remplacera jamais l’incarnation dans notre présent de l’affirmation : Dieu est, il cherche à me rencontrer, il m’aime, alors moi aussi je cherche à le connaître et je l’aime.
Dans la lettre Porta Fidei promulguant l’Année de la foi, Sa Sainteté Benoît XVI écrivait : « L’Année de la foi est une invitation à une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde. Dans le mystère de sa mort et de sa résurrection, Dieu a révélé en plénitude l’Amour qui sauve et qui appelle les hommes à convertir leur vie par la rémission des péchés (cf. Ac 5, 31). Pour l’Apôtre Paul, cet Amour introduit l’homme à une vie nouvelle : “Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle” (Rm 6, 4).
Grâce à la foi, cette vie nouvelle modèle toute l’existence humaine sur la nouveauté radicale de la résurrection. Dans la mesure de sa libre disponibilité, les pensées et les sentiments, la mentalité et le comportement de l’homme sont lentement purifiés et transformés, sur un chemin jamais complè- tement terminé en cette vie... » (Porta Fidei n°6)
Mais quelle forme peut prendre cette rencontre avec Dieu ?
Si Dieu est Créateur de toute chose, auteur de tout don, alors il est légitime et même souhaitable de le remercier pour les dons de la terre, pour la vie de ceux qui nous entourent. Dire une prière au début du repas afin de demander au Seigneur de bénir la table et ceux qui y participent, se tourner à nouveau vers lui à la fin dans une prière d’action de grâces afin de le remercier du don qu’il nous a fait, savoir prendre du temps pour son conjoint, ses enfants, les membres de sa famille, ses frères dans la vie religieuse, sont autant de moyens de rencontrer Dieu dans le concret de nos vies.
Mais il faut aller plus loin encore : si Dieu est notre Créateur, il est aussi notre Sauveur.
Avoir la foi, c’est reconnaître notre besoin vital et constant d’être sauvé.
Avoir la foi, c’est ouvrir notre cœur à l’amour du Dieu Sauveur.
Marie est notre modèle en ce cœur à cœur de tous les instants. La Messe dominicale, chaque semaine, sera l’occasion de puiser dans la communion sacramentelle ou au moins spirituelle, si la première n’est pas possible, la nourriture indispensable de notre âme pour avancer sur le chemin de la foi dans l’attente du face à face de l’éternité. La récitation pieuse de l’Angélus, trois fois par jour, est aussi un moyen simple de raviver en nous la conscience du mystère de l’Incarnation rédemptrice et de déposer dans le Fiat de Marie notre propre Fiat.
Aujourd’hui, « l’Agneau a racheté les brebis, le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec son Père. La mort et la vie se sont livrés un étonnant combat : l’Auteur de la vie, mort, règne, vivant... Nous savons que le Christ est vraiment ressuscité d’entre les morts. Ô Roi victorieux, ayez pitié de nous.
Amen. Alleluia. » (Séquence de la Messe de Pâques)
Publié le 13 Avril 2014
" J'ai regardé tout autour de moi et n'ai vu personne qui vint à mon aide: j'ai cherché et n'ai point trouvé de soutien."
DIMANCHE des RAMEAUX
Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault.
(Fontgombault, le 13 avril 2014)
Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,
La longue cérémonie de ce jour ouvre la porte de la Sainte Semaine et invite à entrer résolument dans la commémoration du Mystère pascal : Passion, Mort et Résurrection de Jésus.
Comment ne pas relever le contraste saisissant entre la joyeuse procession des Rameaux qui accompagne le Christ triomphant aux portes de Jérusalem, et la solitude du Seigneur mourant sur la Croix au Golgotha, rejeté de la Cité tant aimée ?
Ne sommes-nous pas de ces chrétiens de la fête, seulement de la fête, prompts à goûter les plaisirs souvent vains et stériles du monde, mais timides quand la voix du Christ se fait entendre qui dit : « Viens » ? Certes, nous avons été créés pour la béatitude. La vie au paradis terrestre, dans une certaine proximité de Dieu, était déjà un avant-goût de l’éternité promise à ceux qui, durant leur vie, auront fait le choix de Dieu. Mais n'avons-nous pas fait, souvent, un autre choix ?
Être chrétien de la fête, c’est s’étourdir pour évacuer le drame de la Croix, pour évacuer le drame du péché, le drame de mon péché.
C’est refuser d’entendre la voix de Jésus qui nous invite à le suivre sur le chemin du Calvaire. Évacuer le drame de la Croix, c’est imaginer n’avoir pas besoin de Sauveur en croyant pouvoir se sauver soi-même.
Plus que quiconque, Jésus a mesuré le poids du péché de l'humanité. Il ne nous demande pas de porter ce fardeau. Il ne nous demande même pas de porter tout le poids de notre péché, mais simplement de nous reconnaître pécheur.
Aurons-nous, sans attendre le jour de la rencontre avec Dieu, un regard de vérité sur notre propre vie ?
Est-ce que dans mes paroles, dans mes actes, je choisis d’expérimenter l’éloignement de Dieu, de mes frères ? Est-ce que je choisis de me faire étranger à l’amour ? Cet examen de conscience, qui ne doit pas s’achever dans une lamentation stérile, révélera le chantier où Dieu déjà nous attend, où il nous dit : « Viens » : le chemin de notre croix, le chemin de notre conversion.
La procession de ce matin nous a fait goûter la joie de la proximité avec Jésus. Poursuivons donc la route avec lui vers la Croix rédemptrice.
Offrons au Seigneur notre misère dans la réception personnelle du sacrement de réconciliation. Entrer au confessionnal, c’est remettre à la miséricorde de Dieu la misère de notre pauvre vie, c’est rendre fécond pour nous l’amour de Dieu pour l’homme manifesté sur la Croix.
Seul Dieu pouvait faire naître de mon péché, de ma misère, un acte d’amour. Par le mystère de la Croix, Dieu a opéré cet « admirable commerce ». Le Dieu de colère qui tonne dans les cieux, s’est fait Dieu de miséricorde.
Puissions-nous, hommes de colère, à l’ombre de sa Croix avec Marie, puiser dans cette miséricorde la force de nous convertir et d’aimer.
Amen.