NOTRE-DAME DE FONTGOMBAULT (Indre, 1948)
Le monastère de Fontgombault fut fondé en 1091 par Pierre de l'Étoile, avec des ermites qui vivaient dans les environs. L'abbaye fut fermée en 1742. À partir de 1849, une communauté de moines cisterciens y vécut jusqu'en 1905. En 1948, le monastère fut restauré par un groupe de moines venus de Saint-Pierre de Solesmes.
ABBAYE NOTRE-DAME DE FONTGOMBAULT
36220 FONTGOMBAULT
FRANCE
Tél. : 02 54 37 12 03
Fax : 02 54 37 12 56


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ABBAYE NOTRE-DAME DE DONEZAN - CARCARNIÈRES

Ce monastère a été fondé par l’abbaye de Fontgombault (Indre) à l’automne 1994 sur le site de Gaussan. Dans le but de trouver une plus grande solitude, le monastère se déplace maintenant dans un endroit encore plus reculé. 

Communauté AbbayeAbbaye Saint Paul Wisques . Choeur de l'église de l'Abbaye Notre Dame deTriorsL'abbaye Notre-Dame de Triors renoue avec un long passé monastique : en 1984, quatorze moines bénédictins de Fontgombault répondent à l'invitation qui leur est faite de s'établir dans le château de Triors construit au XVII° siècle par Charles de Lionne de Lesseins, abbé commendataire de Saint-Calais non loin de Solesmes.
    Le site, ample plateau verdoyant adossé aux collines et face au Vercors, se prête à la vie de silence et de travail des moines, qui y perpétuent la tradition monastique de la région.
procession
La vie bénédictine interrompue par la Révolution est restaurée en France par Dom Guéranger, en 1833, à Solesmes (Sarthe).
C'est cette communauté qui relève l'antique abbaye de Fontgombault (Indre) en 1948.
Envoyés de Fontgombault, les premiers moines arrivent à Randol en mai 1971 et le nouveau monastère est "inauguré" le 16 octobre de la même année.
Le prieuré de Randol est érigé en Abbaye la 21 mars 1981 et le premier Abbé de Randol, Dom Éric de Lesquen, reçoit la bénédiction de l'évêque de Clermont, le 24 juin de cette même année.
La dédicace de l'église abbatiale est célébrée solennellement le 5 octobre 1985.

Le 15 novembre 2003, les moines de Randol élisent leur deuxième Abbé, Dom Bertrand de Hédouville, qui reçoit la bénédiction le 30 janvier 2004. 

There were so many vocations that Fontgombault had to found new monasteries. As the American novices needed to get a solid formation, the project to found in America was put off for many years, but not forgotten.
Beginning in 1991, Dom Antoine Forgeot, abbot of Notre-Dame de Fontgombault Abbey began to make exploratory trips to the United States, accompanied by Dom Francis Bethel. After visiting many sites in several states and after many hesitations, a property was found in 1998, in the diocese of Tulsa, Oklahoma, that struck the abbot and many others as very well suited for the American foundation. It was a ranch located along Clear Creek. The idea was approved by the Chapter of the French abbey and on the feast of the Assumption of that same year 1998, a charter was signed between the abbot of Fontgombault and the bishop of Tulsa formally recognizing the existence of the new foundation.

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segunda-feira, 17 de agosto de 2015

Homélies Père Abbé de Fontgombault



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Homélie du très révérend père Abbé pour la fête de Saint Benoît et de Pierre de l'Etoile.

Publié le 13 Juillet 2014
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SAINT BENOÎT
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 11 juillet 2014)


"MAINTENANT, JE SUIS UNE POUSSIERE SANS NOM.
 MAIS, PAR LA MISERICORDE DE DIEU,
 DE LA POUSSIERE, J'EN AI LA FOI,
 JE RESSUSCITERAI."


Excellence,
Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

L'Eglise invite à ce que tous se réjouissent dans le Seigneur, Gaudeamus omnes in Domino, en ce jour où elle fête saint Benoît.


Depuis plus de 1500 ans, des hommes se sont mis à l'école du saint Patriarche né à Nursie en Italie vers 480. Vivant une époque d’incertitudes (l'Empire romain d'Occident s'était effondré quatre ans avant sa naissance), de dangers (allées et venues de troupes, réquisitions, pillages, violences, renchérissement des denrées, restrictions, famines, épidémies), Benoît « a soutenu la maison du Seigneur durant sa vie » (cf. épître de la Messe).

Son exemple, sa Règle, ses monastères, ont été et demeurent une réponse proposée à l'homme de tous les temps, à «l’homme qui veut la vie et désire connaître des jours heureux. » (Ps 34/33, 13)

Paul VI, dans une allocution au Mont-Cassin, affirmait :

L’excitation, le bruit, l’agitation fébrile, l’extériorité, la foule, menacent l’intériorité de l’homme. Il lui manque le silence, avec son authentique parole intérieure, il lui manque l’ordre, la prière, la paix. Il lui manque lui-même. Pour retrouver la maîtrise et la joie spirituelle de lui-même, il a besoin de se remettre en face de soi, dans le cloître bénédictin. Dans la discipline monastique, l’homme est regagné à lui-même et à l’Eglise. 
(Allocution prononcée au Mont-Cassin le 24 octobre 1964)

Ces propos sont toujours actuels. Au sein d’un monde qui se cherche et qui cherche, Benoît rappelle l'essentiel : chercher Dieu.

Par la volonté de Dieu, qui veut associer l'homme à l'œuvre de sanctification de l'humanité, le Père des moines d'Occident est devenu pour beaucoup un maître sur le chemin de la sainteté. Alors que le monde a un besoin urgent d'apôtres, comment, à notre tour, suivre cette voie ?

Saint Bernard, dans un Sermon pour la Nativité de Notre-Dame, a bien précisé le rôle de la médiation humaine dans l'œuvre de sanctification, et le moyen pour devenir médiateur :

La Source de la Vie a été canalisée jusqu'à nous, et ses eaux se sont répandues sur nos places... C'est par un aqueduc qu'est descendu ce ruisseau céleste, en versant la grâce, goutte à goutte, sur nos cœurs desséchés...

Mais comment notre aqueduc peut-il atteindre une Source si élevée ? Comment, pensez-vous, sinon grâce à la véhémence de son désir, sinon par la ferveur de sadévotion, sinon par la pureté de sa prière, comme en témoigne l'Ecriture : ''La prière du juste pénètre les cieux'' (Si 35, 21). Et qui est juste si Marie ne l'est pas, elle de qui s'est levé pour nous le Soleil de Justice ? Comment donc Marie a-t-elle rejoint cette inaccessible Majesté ? N'est-ce pas en frappant, en demandant, en cherchant ?

(Sermon pour la Nativité de Marie, ou ''Sermon de l'Aqueduc'', n.3 et 5)


Si Marie, pour tout homme et de manière unique, est aqueduc de la grâce de Dieu, tout homme, à son tour, est appelé à être aqueduc pour son prochain, à être l'instrument de telle ou telle grâce, et en tous les cas, à offrir sa charité. Aqueduc, Saint Benoît l'a été pour ses fils. D'autres ont suivi son exemple, tel Pierre de l'Etoile, fondateur et premier Abbé de Fontgombault.

En venant s'établir au XIe siècle dans les lieux sanctifiés autrefois par l'ermite Gombaud et habités encore par quelques solitaires, Pierre fut associé à une étape essentielle de la vie monastique des bords de la Creuse. En 1091, probablement à cause du nombre croissant des solitaires, il transféra les lieux monastiques sur la rive droite de la rivière et choisit un mode de vie cénobitique. Les moines de Fontgombault vivront désormais dans un monastère, sous une Règle, celle de saint Benoît, et un Abbé. (cf. Règle de saint Benoît, c.1, Des diverses espèces de moines)


D'ermite, Pierre devint architecte et constructeur inlassable. En 1114, il y a 900 ans, la vingtième année de son gouvernement, le premier Abbé de Fontgombault retourna vers son Seigneur. Celui qu'on appellera le bienheureux Pierre de l'Etoile fut enterré dans la salle du chapitre où sa pierre tombale a été retrouvée le 3 février 1954. Transportée le 29 juillet de la même année au milieu de la nef de cette église, on peut y lire en latin l'épitaphe suivante :

ON M'APPELAIT PIERRE :
MAINTENANT, JE SUIS UNE POUSSIERE SANS NOM.
MAIS, PAR LA MISERICORDE DE DIEU,
DE LA POUSSIERE, J'EN AI LA FOI,
JE RESSUSCITERAI.
PASSANT, DIS À DIEU QU'IL AIT PITIE DE MOI.
CE QUE TU ES MAINTENANT, JE LE FUS ;
ET CE QUE JE SUIS MAINTENANT, TU LE SERAS AUSSI.

Petrus eram dictus, nunc sum sine nomine pulvis. Sed miserante Deo de pulvere credo resurgam. Dic homo qui transis Deus ut mihi propicietur. Nunc quod es ipse fui, quod sum modo tu quoque fies.

Mort, Pierre parle encore. Ces mots ravivent en notre cœur le sérieux de la vie. Fêter les saints ne consiste pas uniquement à faire monter une action de grâces au Seigneur pour la beauté des dons qu'il a répandus, autrefois, sur une créature humaine. Fêter les saints, c'est nous souvenir qu'aujourd'hui encore, ils demeurent des aqueducs de la grâce, et ainsi nous renouveler à l'écoute de leur message, afin d'accomplir fidèlement notre vocation.


L’Evangile de ce jour est clair : la récompense sera pour ceux qui ont suivi le Seigneur. Suivons donc Jésus. Pénétrons les cieux par l'union à Dieu, pour ensuite devenir aqueduc, et répandre la grâce et la miséricorde de Dieu sur le monde. Pour les assoiffés de notre temps, quelques gouttes de cette eau sont une grande bénédiction. Les en priverons-nous ?


Messager de paix, écrivait Paul VI, artisan d’union, maître de civilisation, et, avant tout, héraut de la religion du Christ et fondateur de la vie monastique en Occident [tel fut saint Benoît]... Alors que s’écroulait l’Empire romain désormais à son terme, que des régions de l’Europe s’enfonçaient dans les ténèbres, et que d’autres ne connaissaient pas encore la civilisation et les valeurs spirituelles, ce fut lui qui, par son effort constant et assidu, fit se lever sur notre continent l’aurore d’une ère nouvelle.

(Lettre apostolique, Pacis nuntius, 24 octobre 1964)

Enfants de Marie, fils de Benoît et de Pierre de l'Etoile, œuvrons à la naissance de cette ère qui n'aura pas de couchant.


Amen.

Sermon of the Right Reverend Dom Jean Pateau
Abbot of Our Lady of Fontgombault
(Fontgombault, July 11, 2014) link rorate caeli 



Fête de saint Pierre et saint Paul. homélie dom Jean Pateau. osb+ Wisques.

Publié le 29 Juin 2015








Alors que de nombreuses ordinations ont lieu en ces
jours, confions ces prêtres à la protection de Marie et implorons
des prêtres et des évêques selon le cœur de Dieu, de vrais
disciples du Christ, le Fils de Dieu.
dom Jean Pateau osb+
Dom Pateau père Abbé de Fontgombault
homélie pour la Pentecôte. dom jean Pateau.

Postquam locutus est eis, assumptus est in caelum.
Après leur avoir parlé, il fut enlevé au ciel.
Mc 16,19



Comment ne pas évoquer le témoignage actuel des chrétiens d'Orient ? Sanguis martyrum, semen christianorum. Le sang des martyrs est semence de chrétiens. En face de la barbarie et de la haine, nos frères donnent le témoignage au monde du don radical, du don de la vie pour le Christ. Alors que la politique, les silences complices ou les indignations retentissantes des hommes publics, naissent trop souvent des intérêts économiques, des stratégies financières ou électorales, pour lesquels quelques centaines de milliers de vies humaines, la liberté religieuse, le droit à la vie de sa conception à sa fin naturelle, n'ont que peu d'importance, de pauvres hommes, de pauvres femmes, de pauvres enfants, arrachés à leurs familles prennent le chemin de la mort pour le Nom de Jésus. Au moment de rendre l'esprit, le regard de leur coeur se porte vers le Ciel d'où ils voient venir le Christ les chercher afin qu'ils demeurent près de lui.
Comment leur martyre ne pourrait-il pas toucher le coeur des hommes de bonne volonté de tous pays et de toutes religions ? Comment notre foi ne pourrait-elle pas être confortée par leur témoignage ?
dom Jean Pateau OSB +
sermon pour l'Ascension. dom Jean Pateau.


Publié le 1 Mai 2015


Être aux affaires du Père du Ciel en choisissant la vie monastique, c'est imposer à sa famille une séparation matérielle. C'est imposer à ses parents selon la chair une vocation semblable à celle de Marie et de saint Joseph: faire sien le plan de Dieu
dans le don total de son enfant.
dom Pateau osb +
dom Pateau père abbé de Fontgombault.


Publié le 18 Février 2015

http://elpais.com.sv/elsalvador/wp-content/uploads/2014/03/La-feligres%C3%ADa-cat%C3%B3lica-acudi%C3%B3-a-las-iglesias-para-recibir-la-imposici%C3%B3n-de-la-cruz-de-ceniza..jpg

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MERCREDI DES CENDRES
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 18 février 2015)



Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris.

Souviens-toi homme, que tu es poussière
et que tu retourneras en poussière. (cf Gen 3,19)

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

Ces que le prêtre a prononcées, en faisant sur notre front le signe de la croix, semblent à première vue des paroles de mort. Que vaut l'homme s'il n'est que poussière, et que poussière sera le résidu de sa vie ? « A quoi sert d'amasser des trésors sur la terre, où la rouille et les vers rongent, et où  les voleurs percent les murs et dérobent ? » (cf Mt 6,19-20)

Pourtant, face au refus de croire au caractère vain de la vie, jaillit, au plus profond du cœur, une question :

Qui donc pourrait donner à la poussière que je suis, un corps ? Qui pourra donner à mes ossements, qui seront un jour desséchés, une nouvelle vie ?


Le geste de l'imposition des cendres contient la réponse : la Croix de Jésus. La Miséricorde de Dieu qui, à travers la Croix, se penche vers ma misère et me pardonne. Pour cela la Croix doit être le sommet de nos vies. Le Christ doit en être le centre.

« Celui qui méditera jour et nuit la Loi du Seigneur portera son fruit en son temps » (Verset de Communion, Ps 1,2). La Loi de Jésus, c'est de l'imiter.

Imiter le Christ qui prie, en faisant notre prière plus pieuse et plus assidue, en méditant fréquemment l'Évangile.

Imiter le Christ qui jeûne, par des renoncements volontaires à la nourriture ou à d'autres biens. Sans mettre en péril notre vie, ces privations sont l'occasion de se souvenir que la nourriture et les biens de la terre sont des dons de Dieu. Ils ont été créés pour sustenter l'homme, non pour que celui-ci s'y soumette. De plus, le jeûne rapproche de tous ceux qui, de par le monde, sont privés de nourriture par pauvreté, parce qu'on la leur refuse, ou simplement parce qu'il n'y en a pas.

L'aumône est souvent comprise comme un don fait à des pauvres ou à des organismes caritatifs. Est-ce suffisant? Souvent il est moins coûteux de faire un don d'argent qu'un don de charité, qu'un don de son cœur.

L'aumône d'un sourire, d'une bonne parole, l'aumône du pardon, ne sont pas à négliger : « Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage, afin de ne pas faire voir aux hommes que tu jeûnes. » (Mt 6,17)


Remettons-nous donc, en ces saint jours, à l'école de Jésus, en essayant de le connaître davantage. Montons à Jérusalem afin de mourir au monde et au mal, pour ressusciter avec lui.

Confions à Marie notre chemin quadragésimal. Puissions-nous demeurer près d'elle jusqu'au Calvaire.


Amen.


Rédigé par dom Jean Pateau

Aujourd'hui le monde traverse une de ses périodes les plus graves... en raison d'une négation progressive des vérités fondamentales sur lesquelles reposent les commandements divins et la conduite chrétienne de la vie. Il semble que les structures humaines rendent chaque jour plus difficile aux hommes le chemin vers la connaissance, l'amour et le service de Dieu, comme vers leur fin ultime qui est sa possession dans sa gloire et sa félicité.

En face d'une telle désorientation, devant une telle haine et de telles ténèbres, l'Eglise demeure continuellement vigilante avec sa lumière et son amour...
Les hommes meurent, même ceux qui paraissent immortels ; les institutions humaines s'écroulent ; les crépuscules les plus imprévisibles se succèdent les uns après les autres. Mais l'Eglise assiste avec sérénité à toute aube nouvelle et est réchauffée par les rayons naissants de tout nouveau soleil.
dom Pateau: Pie XII
Homélies Père Abbé de Fontgombault
homélie pour la Vigile de Pâques .
homélie pour le Jour de Pâques.


Publié le 26 Avril 2014

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Dimanche de Quasimodo
Fête de la divine Miséricorde
Canonisation des bienheureux Jean XXIII et Jean-Paul II

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault.
(Fontgombault, le 27 avril 2014)

"Si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas." (Jn 20, 25)


Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,

La réponse de Thomas aux disciples qui avaient vu Jésus au soir de la Résurrection a associé pour toujours à la personne de cet apôtre le qualificatif d'incrédule. Thomas est celui qui ne croit pas à la parole de ses frères. Il veut voir la marque des clous et porter son doigt à leur place, avancer sa main dans le côté du Ressuscité. Faisant cela, Thomas ne blesse pas seulement les autres disciples, il tente Dieu. Jésus, miséricordieux, se rendra à sa demande. Huit jours plus tard, il apparaîtra de nouveau aux disciples rassemblés, offrant sa paix, et proposant à Thomas de voir et de toucher. Ainsi, l'incrédule deviendra croyant et s'écrira : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »


Les Pères de l’Église se sont attachés à souligner les fruits du manque de foi de l'apôtre. Saint Grégoire affirme que l'incrédulité de Thomas vaut plus pour notre propre foi que la foi des disciples qui ont cru. Sa conversion confirme dans la foi notre esprit assailli par le doute.

L'épreuve de Thomas invite à méditer sur la source de la foi. Selon saint Paul : « La foi naît de la prédication et la prédication se fait par la parole du Christ » (Rm 10,17).Par sa réponse, Thomas demande un contact avec Jésus, un contact fort, charnel. Ce que veut voir Thomas, ce sont les blessures de la Passion. Ce dans quoi il veut mettre sa main, c'est ce côté transpercé par la lance d'un soldat, d'où ont coulé le sang et l'eau (cf. Jn 19, 34). Thomas va à la source et désire s'y abreuver. Que va-t-il donc sentir en mettant sa main dans le côté de Jésus ? Il va sentir un cœur brûlant d'amour, une fontaine de Miséricorde pour l'humanité.

Sainte Faustine Kowalska, l'apôtre de la Miséricorde, verra partir deux faisceaux de lumière de ce cœur, deux rayons qui illuminent le monde. « Ces deux rayons, lui expliqua un jour
Jésus lui-même, représentent le sang et l'eau : le rayon pâle signifie l'eau, qui purifie les âmes ; le rayon rouge signifie le Sang qui est la vie des âmes... » (Petit Journal, I.130). « Je présente aux hommes un moyen, avec lequel ils doivent venir puiser la grâce à la source de la Miséricorde. Ce moyen, c'est cette image, avec l'inscription : « Jésus, j'ai confiance en Vous ! » (Petit journal I.138)

Le sang évoque le sacrifice de la Croix et le don eucharistique, nourriture de l'âme ; l'eau, dans la symbolique de Jean, rappelle non seulement le Baptême, mais également le don de l'Esprit Saint (cf. Jn 3, 5; 4, 14; 7, 37-39).

Jésus, après avoir entendu la confession de sa divinité de la bouche même de l'apôtre autrefois incrédule, répond : « Parce que tu m'as vu, tu as cru ; heureux ceux qui croient sans voir ! » Cette parole nous concerne, nous qui sur cette terre ne pourront probablement pas contempler les plaies du crucifié, ni toucher ses blessures.

Toute contemplation du corps du Christ nous serait-elle pour autant refusée ? Jésus aujourd'hui s'offre à voir et à toucher à travers son Corps mystique qui est l’Église ; l'Église que certains veulent modeler, ajuster, falsifier pour la mettre au goût du jour ; l'Église dont d'autres refusent les paroles de vérité ; l'Église qui vient de Dieu, qui est don de Dieu ; l’Église, notre Mère.

Aujourd'hui, cette Église est en fête avec la canonisation de deux grands papes, Jean XXIII et Jean-Paul II. L'un et l'autre ont puisé abondamment à la fontaine de vie qu'est le Christ. L'un et l'autre ont été d'ardents apôtres de la Miséricorde pour notre temps et ont engagé les chrétiens à les suivre dans la voie d'une Nouvelle Évangélisation.

Alors que les vents des idées soufflent de toutes parts, la première épître de saint Pierre, dont est tiré le chant de l'Introït, nous propose un chemin sûr :

« Rejetez donc toute malice et toute fourberie, hypocrisies, jalousies et toute sorte de médisances. Comme des enfants nouveau-nés désirez le lait non frelaté de la Parole, afin que, par lui, vous croissiez pour le salut... Approchez-vous de lui [le Seigneur], la Pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse auprès de Dieu. Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l'édification d'un édifice spirituel... Car il y a dans l’Écriture: Voici que je pose en Sion une Pierre angulaire, choisie, précieuse, et celui qui se confie en elle ne sera pas confondu. »(1Pe 2,1-2 ;4-6)


Avant de devenir pierre vivante dans l'Église, le chef des apôtres invite à devenir d'abord enfant de l'Église, à se laisser abreuver de son lait maternel. L'image de la première communauté chrétienne, rapportée par les Actes des apôtres, vaut-elle toujours pour l’Église d'aujourd'hui : "La multitude des croyants n'avait qu'un cœur et qu'une âme" (Ac 4, 32) ? Sommes-nous artisans de cette unité ?

Reprenons pour finir les paroles prononcées par Saint Jean-Paul II, en conclusion de l'homélie de canonisation de sœur Faustine le 30 avril 2000, et qui pourraient fort bien aujourd'hui s'appliquer à lui-même :

« Misericordias Domini in æternum cantabo. – Je chanterai pour l'éternité les Miséricordes du Seigneur » (Ps 88 [89], 2). À la voix de la Très sainte Vierge Marie, la "Mère de la Miséricorde", à la voix de cette nouvelle sainte, qui dans la Jérusalem céleste chante la Miséricorde avec tous les amis de Dieu, nous unissons nous aussi, Église en pèlerinage, notre voix.

Et toi, Faustyna, don de Dieu à notre temps, don de la terre de Pologne à toute l’Église, obtiens-nous de perce- voir la profondeur de la Miséricorde divine, aide-nous à en faire l'expérience vivante et à en témoigner à nos frères. Que ton message de lumière et d'espérance se dif- fuse dans le monde entier, pousse les pécheurs à la conversion, dissipe les rivalités et les haines, incite les hommes et les nations à la pratique de la fraternité. Aujourd'hui, en tournant le regard avec toi vers le visage du Christ ressuscité, nous faisons nôtre ta prière d'aban- don confiant et nous disons avec une ferme espérance: Jésus, j'ai confiance en Toi!


Amen, Alléluia.

Veillée de Prière avec Ste Thérèse


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Introduction prononcée par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 2 octobre 2013)


Chers Frères et Sœurs,Mes Biens Chers Filsl y a un an, nous nous sommes retrouvés autour de l’icône de la Vierge noire de Jasna Gora en pèlerinage à travers l'Europe, afin de prier pour le respect de la vie, de la famille, du mariage. Aujourd'hui nous voulons prier pour la vie religieuse et pour les vocations sacerdotales et religieuses.
I
Dans une semaine, treize moines de l'abbaye présents ce soir parmi nous auront gagné l'abbaye Saint Paul de Wisques pour y poursuivre leur vie monastique. Que Thérèse les accompagne dans ce don renouvelé de leur vie et qu'elle redonne vigueur à travers leur offrande à une abbaye qui se meurt faute de vocations. Pourquoi en nos pays de vieille chrétienté, les vocations diminuent-elles ? Pourquoi des communautés religieuses sont-elles obligées d'abandonner des lieux fondateurs de leur histoire souvent plus que centenaire ? Pourquoi les prêtres se trouvent-ils souvent seuls dans des paroisses aux nombreux clochers ? La maître de la moisson aurait-il oublié d'embaucher des moissonneurs dans ses champs ?Peut-être faudrait-il se demander, avant d'accuser Dieu, ce que pourrait faire le maître de la moisson, si, à son arrivée, les ouvrierssont absents, si les ouvriers ne croient plus que la moisson vaut la peine d'être moissonnée ou même s'ils ont oublié qu'il y a unemoisson.« Quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre? » (Lc 18,8) et Dieu est celui qui vient toujours.

Comme il est beau de voir Jésus s'émerveiller de la foi des amis du paralytique, du centurion, de la pécheresse et de tant d'autres. Alors que le temps fort de l'année de la foi arrive bientôt à sa fin, Jésus s'émerveillerait-il de notre foi ?

La foi que Jésus admire, la foi qui sauve, c'est la foi qui aime.

Croire en Dieu ne suffit pas, il faut aimer. Il faut aimer jusqu'à donner sa vie comme Jésus pour ses amis. Là réside notre maladie :nous ne voulons pas donner notre vie. Nos cœurs sont malades. L'homme ne sait plus aimer, il a perdu le goût de l'amour, du véritable amour.

À vouloir se faire plaisir, à s'épuiser dans la quête stérile du plaisir sans lendemain, il a oublié ce qu'est la fécondité de l'amour.« Vous êtes le sel de la terre; mais si le sel s'affadit, avec quoiva-t-on le saler ? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors pour être foulé aux pieds par les hommes. Vous êtes la lumière du monde : une ville, située au sommetd'une montagne, ne peut être cachée. Et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclairetous ceux qui sont dans la maison. Qu'ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. »
(Mt 5, 13-16)

Prier pour les vocations, ce n'est pas s'assurer la présence d'un prêtre dans sa paroisse afin de recevoir les sacrements jusqu'à la finde ses jours. Prier pour les vocations, c'est demander au Seigneur d'enflammer les cœurs, d'enflammer mon cœur, d'un amour qui ne peut être que communicatif. Dieu veut mon cœur. « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il soit allumé ! »
(Lc12,49)


Jésus veut que nos cœurs brûlent et que, brûlant, ils communiquent à leur tour ce feu ; qu'ils le communiquent dans nos familles, dans nos paroisses, dans nos communautés religieuses, ausein de l’Église et du monde. Alors, comme naturellement, les vocations naîtront. Elles naîtront au sein des familles, des paroisses,des communautés.

La question qui se pose à chacun est simple : « Nos cœurs sont-ils brûlants comme ceux des disciples d'Emmaüs quand nouscheminons avec Jésus, quand nous écoutons les Écritures ? » Au cours de sa rencontre avec les jeunes le 27 juillet 2013 sur la plage de Copacabana, le Pape François leur a dit« S’il vous plaît, ne regardez pas la vie « du balcon », mettez-vous en elle, Jésus n’est pas resté au balcon, il s’est immergé ; ne regardez pas la vie « du balcon », immergez-vous en elle comme l’afait Jésus.

Demeure cependant une question : par où commençons-nous? à qui demandons-nous de commencer cela ? ... Par où – a-t-ondemandé à Mère Teresa – faut-il commencer ? Par toi et par moi !répondit-elle. Elle avait de la poigne cette femme ! Elle savait par où commencer.

Aujourd’hui, moi aussi, je vole la parole à Mère Teresa,et je te dis : commençons ? Par où ? Par toi et par moi !

Que chacun, une fois encore en silence, se demande : si je devais commencer par moi, par où commencerais-je ? Que chacun ouvre son cœur pour que Jésus lui dise par où commencer. »

Pour cela, nous avons besoin d'un docteur, d'un docteur qui soignera notre cœur brisé, blessé, malade, d'un docteur de l'amour qui nous apprenne à aimer.


Publié le 30 Mai 2013


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Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean PATEAU,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 30 mai 2013).




Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,

Corpus Christi ou Fête du Très Saint-Sacrement, Fête-Dieu, tels sont les noms de la solennité consacrée à honorer le mystère de l’Eucharistie, plus particulièrement dans l’adoration de la présence réelle.

En cette année de la foi, la Fête-Dieu peut être l'occasion de considérer le fondement de notre piété eucharistique : la présence réelle et substantielle du Christ glorieux sous les espèces du pain et du vin après la consécration à la Messe et dans le tabernacle. Si l'Eucharistie est le sommet des sept sacrements, puisque c’est l’auteur même de la grâce qui y est reçu, elle exige de nous un acte de foi particulier.


Au cours de la Messe, lorsque le prêtre a prononcé sur le petit morceau de pain qu’il tient dans ses mains la formule de consécration Hoc est enim Corpus meum, c’est toute la substance du pain qui disparaît pour devenir la substance du corps du Christ, désormais présente avec l’apparence du pain. Il en va de même lors de la consécration du vin. L’Église utilise pour qualifier cette transformation unique un mot réservé à cet usage : transsubstantiation.


Sous chacune des espèces du pain et du vin, le Christ est réellement et substantiellement présent en son corps, son sang, son âme et sa divinité.


Ainsi, celui qui communie sous la seule espèce du pain communie à la fois au corps et au sang du Christ. En effet, depuis la résurrection, le corps, le sang et l’âme du Christ ne sont plus séparés ni séparables. La divinité est également présente là où est le corps puisque le Christ est Dieu.

Cette transformation opérée par la consécration est un mystère, quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre. Ce qui ne veut pas dire, quelque chose que nous ne pouvons pas penser ou que nous ne pouvons pas croire. Des doutes peuvent troubler notre piété eucharistique, la foi est là qui nous secourt.

Il est des êtres dont le comportement manifeste la présence de Dieu sous les saintes espèces.


À l’Île-Bouchard, le 8 décembre 1947, premier jour des apparitions de Notre-Dame de la prière, alors que les fidèles sont rassemblés pour le chapelet paroissial et le Salut du Saint-Sacrement, la Sainte Vierge apparaît durant la cinquième dizaine du chapelet à l’une des voyantes. Marie ne dit rien, mais elle disparaît quand Monsieur le Curé apporte le Saint-Sacrement et bénit l’assemblée, puis elle reparaît après la bénédiction.


La multiplication, ces derniers mois, d’actes de vandalisme et de profanation est un signe. Deux hosties consacrées, présentes dans deux lunules, en vue de l'adoration du Saint-Sacrement, ont été dérobées dans une église proche de Fontgombault après que la porte du tabernacle eut été forcée. Un autre tabernacle vide a été démonté de l'autel ; un ostensoir a été très endommagé. La croix sur le couvercle du ciboire a été coupée et les hosties répandues. Ces actes de malveillance manifestent avec clarté l'attaque de notre foi, mais aussi celle de notre Dieu, reconnu implicitement présent dans le Saint-Sacrement.


Durant la Messe, en particulier lors de la communion, en face du Saint-Sacrement exposé, devant un tabernacle, nous exprimons par des gestes, par notre tenue, notre foi en la présence réelle.

Dieu est là réellement et substantiellement présent. Fléchir les genoux, s’incliner en signe d’adoration, cela a un sens. Chez un être doué à la fois d’un esprit et d’un corps, le langage du corps est naturel : il vient compléter celui de l’esprit.

Nous sommes en face d’une personne. Rendons à celle- ci le culte qui lui est dû en esprit et en vérité.

La réaction de certains disciples du Christ à la première annonce de l’Eucharistie a été simple : « Ce langage-là est trop fort ! Qui peut l’écouter ? » (Jn 6, 60) Recevons dans la foi ce don qui dépasse toute espérance.

Le Bienheureux Jean-Paul II a écrit : « L'animation et l'approfondissement du culte eucharistique sont une preuve du re- nouveau authentique que le Concile s'est fixé comme but, et ils en sont le point central. Et cela, vénérés et chers Frères, mérite que nous y réfléchissions spécialement.

L'Église et le monde ont grand besoin du culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement de l'amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l'adoration, dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais ! »

(Lettre apostolique Dominicæ cenæ du 24 février 1980 , n.3)
Amen.



Publié le 2 Avril 2015



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Par la mort sur la Croix, le Christ fait irruption dans la vie de chaque homme. De tous les tabernacles de la terre, sous l'aspect humble de l'hostie, jaillit encore ce cri d'appel : « M'aimes-tu ? » Il s'agira désormais pour chaque homme, pour chaque société, de répondre à la quête du Seigneur. A travers les sacrements, tout particulièrement le sacrement de pénitence, Dieu vient proposer à nouveau sa grâce. Les prêtres, les consacrés, les chrétiens, les hommes de bonne volonté, se font l'écho de sa parole jusqu'aux confins de la terre.

Pourquoi tant de profanations, tant de tabernacles brisés, tant d'églises brûlées ? Pourquoi tant de chrétiens massacrés, ou plus communément exclus de la vie publique, moqués par les sociétés et les hommes de notre temps ?
En face de la Croix, en face du tabernacle, nul ne peut-être indifférent. La dérision, les profanations, ne sont que fin de non recevoir au mendiant qui frappe à la porte, et qui n'a rien d'autre à proposer que son amour. Il est facile d'avoir dans sa vie une idole, un leader, un beau parleur, un entraîneur... il est plus difficile d'avoir comme maître un mendiant, un crucifié.
En Jésus, Pierre à découvert l'amour fidèle, l'amour à l'épreuve de la trahison, l'amour jusqu'au don de sa vie, l'amour jusqu'à la fin.
dom Pateau osb +
homélie pour le Jeudi Saint du père Abbé +
Publié le 21 Février 2013

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Dans la dernière lettre aux amis de Fontgombault le père Abbé recommande :


"Il me faut aborder un sujet délicat, celui de l'utilisation des moyens de communication électronique avec le monastère.

C'est un sujet important dans la mesure où il touche à la garde du silence intérieur, condition indispensable de la recherche de Dieu. Ces moyens facilitent les communications avec le Père hôtelier et c'est bien. Mais ils peuvent aussi être utilisés pour transmettre au monastère des documents divers, telle ou telle nouvelle, des intentions de prière, voire des courriers personnels ou de direction, des photos ...

Souvent ces documents nous arrivent de divers endroits.

Je vous serais vraiment gré d'interrompre ces envois et de nous exclure de vos listes d'envois en groupe. J'ai demandé aux moines de ne pas utiliser les mails pour les questions personnelles, sauf exception, ou pour la direction au risque de tomber dans un bavardage qui n'est profitable ni au dirigé, ni au directeur.

Saint Grégoire dit de saint Benoît qu'il a quitté le monde 'scienter nescius et sapienter indoctus, savamment ignorant et sagement inculte".

Il est une sainte ignorance que doivent cultiver et faire respecter les moines afin d'espérer prétendre à la science de Dieu et être ainsi vraiment moines.

Je vous remercie au nom de tous de l'attention que vous porterez à cette demande.

+ dom Jean Pateau
abbé de Notre-Dame de Fontgombault.
2 Février 2013.



Publié le 16 Août 2014
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ASSOMPTION
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 15 août 2014)


Chers Frères et Sœurs,
Mes très chers Fils
et vous plus particulièrement qui fêtez en ce jour votre jubilé de profession religieuse,


Il y a plus de joie à donner qu'à prendre. Dieu, le premier, a mis en œuvre cette maxime fondamentale de la vie spirituelle : il nous a donné son Fils, il nous a donné Marie.


Dans la vie monastique, des hommes se donnent à Dieu par la pratique des vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. Ils renoncent aux richesses, aux joies légitimes de la famille humaine et à l'exercice de leur volonté propre, donnant ainsi au monde le témoignage que Dieu suffit. Aujourd'hui nous nous souvenons de l'engagement pris il y a cinquante ans par deux d'entre nous. Au cours de ces années, Dieu est demeuré fidèle. Sur cette fidélité, l'homme peut s'appuyer avec sûreté, pour s'engager dans une voie qui semblerait dépasser les forces humaines.


Alors que l'air du temps porte au zapping, aux changements incessants, à la culture du provisoire, interdisant tout engagement dans la durée, les vrais joies et la fécondité de la vie naissent d'un engagement définitif qui laisse à l'homme le temps de croître, de mûrir, de s'épanouir. La vie monastique apparaît comme un laboratoire où se distille, au contact des choses de Dieu, dans la prière liturgique, la Lectio divina et l'oraison, mais aussi au sein de la vie fraternelle, un doux parfum qui monte de la terre vers le ciel à la louange de la gloire du Créateur.

Il n'est pas difficile alors de comprendre pourquoi les moines aiment à choisir les fêtes de Marie pour s'engager devant Dieu, dans les liens de la profession ou de la promesse, et pourquoi ils cultivent un grand amour pour elle.

Marie est celle qui a été tout à Dieu, au point que Dieu a désiré venir s'incarner en elle.

Au don de l'homme, à sa prière souvent pauvre, répond l'abondance de Dieu qui n'est jamais avare de sa grâce : il donne avec largesse et sans compter. Marie, comblée de grâces, invite ses enfants à suivre la voie de l'abandon à la Providence.

Aujourd'hui nous nous souvenons de la fin de la vie terrestre de Marie. Elle est montée au ciel, corps et âme, couronnée par Dieu, Reine du ciel et de la terre.

Le 28 juin dernier, près de la Grotte de Lourdes du Vatican, le Pape François a adressé un salut aux jeunes du diocèse de Rome en recherche vocationnelle. Il leur confessait :

« Lorsqu'un chrétien me dit, non pas qu'il n'aime pas la Vierge, mais qu'il n'a pas l'idée de chercher la Vierge ou de prier la Vierge, je me sens triste. Je me rappelle d'une fois... il y avait un couple de catéchistes, tous les deux professeurs universitaires, avec des enfants, une belle famille, et ils parlaient très bien de Jésus-Christ. Et à un certain point, j'ai dit : ''Et la dévotion à la Vierge ?'' – ''Mais nous avons dépassé cette étape. Nous connaissons si bien Jésus-Christ que nous n'avons pas besoin de la Vierge''. Et ce qui m'est venu àl'esprit et dans mon cœur a été : ''Mais... les pauvres orphelins !'' Il en est ainsi non ? Car un chrétien sans la Vierge est orphelin. Même un chrétien sans l'Eglise est un orphelin. Un chrétien a besoin de ces deux femmes, deux femmes vierges : l'Église et la Vierge. Et pour faire le ''test'' d'une vocation chrétienne juste, il faut se demander : ''Comment va la relation que j'ai avec ces deux mères qui sont les miennes'', avec la Mère Eglise et avec la Mère Marie.

Cela n'est pas une pensée de ''piété'', non, c'est de la théologie pure. Cela est de la théologie. Comment se porte ma relation avec l'Eglise, avec ma Mère l'Eglise, avec la sainte Mère l'Eglise hiérarchique ? Et comment va ma relation avec la Vierge, qui est ma Maman, ma Mère ? Cela fait du bien : ne jamais la quitter, et ne pas partir seuls. »


Ces paroles du Pape engagent à redécouvrir la beauté de la maternité en tant que don offert et accueilli. Alors que la culture de mort la considère souvent comme une dévalorisation de la femme, comme un handicap pour la vie professionnelle, alors que la législation ne reconnaît plus le droit légitime d'un enfant à puiser dans les richesses d'un père et d'une mère, d'un homme et d'une femme, alors que parfois même les parents biologiques sont volontairement cachés, le triste visage du monde s'ouvre devant nos yeux : les guerres, la haine et la mort ravagent tant de pays... L'homme s'est rendu orphelin.


Oserait-on reconnaître publiquement que le monde est la victime, aujourd'hui, du mépris institutionnalisé de la maternité, de l'enfant, de la famille, mépris promu depuis tant d'années, au titre de supposés droits de l'homme et de la femme?

Dieu a choisi ce qui est faible, l'homme ce qui est fort. Dieu s'est fait pauvre, l'homme aspire à la richesse. Dieu a porté le poids de la Croix, l'homme recherche le plaisir. Dieu s'est incarné, voilant ainsi la gloire de sa divinité pour sauver l'homme, l'homme travaille à sa propre gloire, à son propre bien-être, au mépris de sa famille et de ses frères en humanité.

Au contraire la femme, dans la maternité, l'enfant, parce qu'il est faible, la famille, creuset premier de l'amour, sont du côté de Dieu.

Le rôle des Etats, des institutions, même laïques, le devoir des hommes de bonne volonté, ne seraient-ils pas de préserver le sein maternel, en secourant les femmes en état de détresse, de protéger l'enfant des pollutions du cœur et de l'esprit, de favoriser l'unité des familles ? Recevant le prix Nobel de la paix, le 10 décembre 1979, Mère Térésa affirmait : « Je ressens quelque chose que je voudrais partager avec vous. Le plus grand destructeur de la paix, aujourd'hui, est le crime commis contre l'innocent enfant à naître. Si une mère peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu'est-ce qui nous empêche, à vous et à moi, de nous entretuer les uns les autres ? »

La femme de l'Apocalypse, enveloppée du soleil, ayant la lune sous ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles, cette femme est enceinte. Sa gloire, c'est sa maternité. La visitation de Marie à Elisabeth se conclut par le cantique du Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante... Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom » (Lc 1,46-49)Toute maternité est un regard de Dieu sur l'homme, une grande chose.


Unis pour fêter le triomphe de Marie, voulons-nous être des enfants imitant leur Mère?

Nos vies sont-elles vraiment mariales, vécues à l'école de Marie ? Le monde a besoin d'un témoignage clair, né du sein des familles, qu'elles soient selon la chair ou selon l'esprit, afin de redécouvrir le prix de l'amour maternel. Le monde s'est rendu orphelin, il a besoin de reconnaître qu'il a une Mère, de savoir qu'il est aimé.


Marie est toujours notre Mère, soyons ses enfants. Dieu veut aussi faire pour nous de grandes choses.


Amen.


AVANT LA PROCESSION DU VŒU DE LOUIS XIII.

Allocution du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 15 août 2014)



Dans la fidélité au vœu du roi Louis XIII, nous voulons élever une dernière supplication vers celle qui est la Patronne de la France.


Le monde est à feu et à sang. Les guerres se déchaînent aux portes de l'Europe, en Afrique, en Terre sainte, en Irak. Trop souvent des calculs égoïstes sont les motifs inavoués du silence ou de la parole, de la passivité ou de l'action des pays, qu'ils soient partie prenante ou spectateurs dans les conflits. Les intérêts économiques et politiques des uns ou des autres déter- minent pratiquement l'aide ou l'abandon de tant de victimes de la folie humaine. Le démon semble le seul maître de situations qu'il rend inextricables.

Alors que les pays d'Europe se souviennent de la Grande Guerre, de ses nombreuses victimes, on peut se demander si les leçons de cette guerre ont été tirées.

Il y a huit cents ans naissait saint Louis, roi de France, dont nous allons fêter le rappel à Dieu, le 25 août prochain. En paraphrasant saint Thomas d'Aquin (1224-1274), le Pape François, après le serviteur de Dieu Paul VI, a réaffirmé (1) que la politique pouvait être considérée comme ''la plus haute forme de la charité''. « Mais quelle est la meilleure chose que nous pouvons offrir à nos gouvernants ? » s'est-il interrogé, avant d'inviter les fidèles à prier pour les responsables politiques, y compris lorsqu'ils sont mauvais. « Un chrétien qui ne prie pas pour les gouvernants n'est pas un bon chrétien » a-t-il conclu.


Demandons aujourd'hui à Dieu, par l'intercession de Notre-Dame et du saint Roi Louis, d'accorder au monde des gouvernants soucieux du bien de l'homme, du bien de leurs peuples, de la paix et de la justice.

Accordez, Seigneur, force et succès aux soldats, apôtres de la paix, qui, aux quatre coins de la planète, portent secours aux opprimés.

Soutenez les membres des instituts religieux et civils qui demeurent courageusement dans les territoires où retentit le bruit des armes.

Que notre prière se fasse fervente, à l'image du chapelet constitué d'une succession de grains et qui ne finit pas. Que notre prière ne soit pas celle d'un seul jour de fête, mais qu'elle occupe notre vie. Ainsi nos chapelets enlaceront le monde et le ramèneront à Dieu.
Notre-Dame de la Prière apprenez-nous à prier. ( 2 )
Amen.

1 – Homélie du 16 septembre 2013 à la maison sainte Marthe.
2 – Invocation de Marie à l'Île-Bouchard.



Rédigé par dom Jean Pateau


Publié le 10 Février 2015
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SAINTE SCHOLASTIQUE


Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Abbaye Notre-Dame, Wisques,
le 10 février 2015)


Os 2, 16.17b.21-22 Ap 19, 1.5-9a Lc 10, 38-42

Ma très Révérende Mère, mes bien chères Sœurs, chers Frères et Sœurs,


L'ANNEE DE LA VIE CONSACREE, dans la lumière des textes que nous venons d'entendre en cette fête de sainte Scholastique, invite tout à la fois à rendre grâce, pour la consolation de Dieu qui depuis si longtemps nous accompagne, à renouveler notre espérance de poursuivre dans l'avenir une histoire glorieuse avec Jésus, tout en demeurant, pour le moment présent, dans la joie de l'Evangile, notre vademecum : Dieu avec nous, Emmanuel.


Le décret Perfectæ Caritatis du Concile Vatican II consacré à la rénovation de la vie religieuse enseigne :

Dès les origines de l'Eglise, il y eut des hommes et des femmes qui voulurent, par la pratique des conseils évangéliques, suivre plus librement le Christ et l'imiter plus fidèlement et qui, chacun à sa manière, menèrent une vie consacrée à Dieu...

Dans une telle variété de dons, tous ceux que Dieu appelle à la pratique des conseils évangéliques, et qui en font profession, se vouent au Seigneur de façon spéciale en suivant le Christ chaste et pauvre (Mt 8,20 et Lc 9,58), qui par son obéissance jusqu'à la mort de la croix (Ph 2,8) a racheté les hommes et les a sanctifiés. Poussés dans cette voie par la charité que l'Esprit-Saint répand dans leurs cœurs (Rm 5,5), ils vivent toujours davantage pour le Christ et pour son Corps qui est l'Eglise (Col 1,24). C'est pourquoi, plus fervente est leur union au Christ par cette donation d'eux-mêmes qui embrasse toute leur existence, plus riche est la vie de l'Église et plus féconde son apostolat.... (n°1)

Le prophète Osée évoque les éclipses que peut vivre toute vocation, et qui exigent un renouvellement perpétuel :

Mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l'entraîner jusqu'au désert et je lui parlerai cœur à cœur...Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse. (Os 2, 16.17b)

L'épouse a été infidèle et Dieu va la séduire à nouveau. Nous nous sommes engagés et engagés pour la vie... il y a quelques années, quelques dizaines d'années... Peut-être sommes-nous plus que jubilaires... Nous nous sommes engagés, alors qu'aujourd'hui les jeunes générations semblent ne plus vouloir ou ne plus pouvoir s'engager. Etait-ce, de notre part, inconscience, présomption ? Avions-nous, après étude exhaustive, les qualités requises par la Sainte Règle pour faire une bonne moniale, un bon moine ?


Marthe, Marthe, dit Jésus, tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. (Lc 10, 41-42)


Quelle est donc cette chose, la seule nécessaire, qui ne nous sera pas enlevée ? Marthe tourne et vire dans sa maison, Marie demeure aux pieds de Jésus, elle se met à son école.

En nous appelant à la vie religieuse et consacrée, Jésus nous a invités avant toute chose à demeurer à ses pieds, à vivre de lui et pour lui. Saint Benoît requiert du novice qu'il cherche Dieu. Demeurer aux pieds de Jésus, c'est s'offrir afin d'être transformé par lui, c'est lui demander de nous accorder précisément tout ce qui nous manque, afin d'être tout à lui.

Laisser le Seigneur agir en nous, c'est le laisser encore et toujours nous séduire, comme il nous a séduits au temps de notre jeunesse. Notre vie religieuse demeure une histoire d'amour. Sommes-nous souples dans la main de l'Epoux ? Sommes-nous attentifs à sa voix ?


Si le chemin paraît difficile, laissons-nous donc consoler par Dieu. Dans des propos improvisés, et néanmoins très forts, le Pape François, à Tirana, invitait de façon instante les religieux au don radical de leur vie, à cette consolation de Dieu :

Malheur à nous si nous cherchons une autre consolation ! Malheur aux prêtres, aux religieux, aux sœurs, aux novices, aux personnes consacrées quand ils cherchent des consolations loin du Seigneur ! Je ne veux pas vous ''bastonner'', aujourd'hui, je ne veux pas devenir votre ''bourreau'', ici ; mais sachez-le bien : si vous cherchez de la consolation ailleurs, vous ne serez pas heureux !
(Discours du 21 septembre 2014, à Tirana en Albanie)

Il y a peut-être une erreur radicale et commune que nous faisons sur ce que doit être notre vie religieuse. Sur terre, pensons-nous, nous donnons notre vie à Dieu afin de pouvoir dans l'éternité recevoir tout de lui. Ce n'est pas faux, mais là n'est pas l'essentiel. Peut-être serait-il plus juste de dire : sur terre, nous nous disposons afin d'être consolés par lui, pour pouvoir le louer éternellement dans le ciel.


La vie religieuse n'est pas une vie de tension mais une vie d'abandon.

Ce n'est pas nous qui montons à Jésus, c'est Jésus qui vient à nous. Saint Augustin disait : « Dieu en faisant attendre élargit le désir. En faisant désirer, il élargit l'âme ; en l'élargissant, il augmente sa capacité à recevoir. » (Saint Augustin cité par Benoît XVI en Spe Salvi n° 33.) Le don de Dieu suffit.


Le prophète Osée et l'Apocalypse enseignent cela. Laissons-nous séduire sur terre ; abandonnons-nous au Fiancé dont la voix résonne à nos oreilles à travers les paroles sacrées de l'Ecriture ; accueillons-le dans le sacrement de son Corps et de son Sang ; reconnaissons son visage en nos frères et en nos sœurs ; ainsi nous pourrons prendre place un jour dans la liturgie du Ciel et proclamer sans fin : Alleluia ! C'est à notre Dieu qu'appartiennent le salut, la gloire et la puissance... Alléluia ! Le Seigneur notre Dieu a pris possession de sa royauté, lui, le Tout-Puissant. Soyons dans la joie, exultons, rendons-lui gloire, car voici les noces de l'Agneau, et son épouse s'est faite belle !

(Ap 19, 1.6-7)


« Là où il y a les religieux il y a la joie » aime à redire le Saint-Père.

Pourquoi cela ? Simplement parce que chaque religieux est un chantier plus ou moins vaste où l'Artisan divin devrait pouvoir donner librement cours à son art. Si tel est le cas, alors tout est joie.

Marie en cela nous est un exemple : « C'est elle, fille bien-aimée du Père et revêtue de tous les dons de la grâce, que nous considérons comme modèle insurpassable de la sequela dans l'amour de Dieu et dans le service du prochain », enseigne le Saint-Père. (Lettre Apostolique du 21 novembre 2014 aux consacrés, en la conclusion)

Mettons-nous à son école.


Amen.
Rédigé par dom Jean Pateau


Publié le 20 Avril 2014

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+ PÂQUES

Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault.
(Fontgombault, le 20 avril 2014)


Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,


Le 1er juin 1980, au Bourget, le Bienheureux Pape Jean-Paul II posait une question à notre pays : « France, Fille aÏnée de l'Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême » ?

En ce saint jour de Pâques, une semaine avant sa canonisation, Jean-Paul II nous pose la même question : « Mon ami, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » Peut-être serons-nous obligés de répondre : « Quelles sont les promesses de mon baptême ? »


Hier soir, au cours de la grande Vigile, nous avons renouvelé ces promesses. Nous avons renoncé à Satan, aux œuvres mauvaises qu'il inspire. Nous avons réaffirmé avec force les articles du Credo : « Je crois en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Je crois en l’Église, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. »


Chaque, année durant la nuit de Pâques, l’Église nous ramène ainsi au saint jour de notre baptême que nous devons garder en grande vénération. Mais notre vie quotidienne porte-t- elle la trace de nos engagements ? Sommes-nous des témoins crédibles de l'amour rédempteur de Jésus-Christ reçu lorsque l'eau était versée par trois fois sur notre tête et que le prêtre disait : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » ?  

Avons-nous l'audace de la foi qui nous fait dire à tout homme : « S'il te plaît, pardon, merci » au nom de Jésus-Christ qui lui même vient mendier notre amour, nous pardonner, nous aimer. Dieu est-il entré dans notre vie ? Notre cœur est-il suffisant au point de prétendre fort bien se débrouiller sans lui ?

Être baptisé, être chrétien, c'est avoir revêtu le Christ pour ne faire plus qu'un avec lui dans son corps qui est l’Église comme l'affirmait Tertullien : « Le chrétien est un autre Christ. »
Mais jusqu'où le Christ va-t-il me conduire si je le fais entrer dans ma vie, si je lui laisse brûler mon cœur de son feu purificateur ?

Laissons Jean-Paul II nous enseigner encore :


Quand, le 22 octobre 1978, sur la place Saint-Pierre j'ai lancé : « N'ayez pas peur ! », je ne pouvais évidemment pas savoir jusqu'où ces paroles nous entraîneraient, moi et l'Église...
C'était un encouragement adressé à tous les hommes... : n'ayez pas peur de ce que vous avez vous-mêmes créé, n'ayez pas peur de tout ce qui, dans ce que l'homme a produit, risque de se retourner contre lui ! En un mot, n'ayez pas peur de vous-mêmes !

Pourquoi..? Parce que l'homme a été racheté par Dieu !... La Rédemption est cette lumière qui « brille dans les ténèbres » et que les ténèbres ne parviennent pas à étouffer (cf. Jn1,5). La puissance de la Croix du Christ et de sa Résurrection est toujours plus grande que tout le mal dont l'homme pourrait et devrait avoir peur...

« N'ayez pas peur ! » a dit le Christ aux Apôtres (Lc 24, 36) et aux femmes (Mt 28, 10) après sa Résurrection. Les textes évangéliques ne nous disent pas que Marie aurait, elle aussi, reçu cet encouragement. Forte de sa foi, « elle n'avait pas peur »... Cette conviction m'a toujours habité : le Christ vaincra par Marie...

À la fin du deuxième millénaire, nous avons plus que jamais besoin d'entendre cette parole du Christ ressuscité : « N'ayez pas peur ! »... Il faut que, dans la conscience de chaque être humain, se fortifie la certitude qu'il existe Quelqu'un qui tient dans ses mains le sort de ce monde qui passe, Quelqu'un qui détient les clefs de la mort et des enfers (Ap 1, 18), Quelqu'un qui est l'Alpha et l'Oméga de l'histoire de l'homme (Ap 22, 13 ), qu'elle soit individuelle ou collective ; et surtout la certitude que ce Quelqu'un est Amour (1 Jn 4, 8.16), l'Amour fait homme, l'Amour crucifié et ressuscité, l'Amour sans cesse présent au milieu des hommes ! Il est l'Amour eucharistique. Il est source inépuisable de communion. Il est le seul que nous puissions croire sans la moindre réserve quand il nous demande : «N'ayez pas peur ! ».

Vous notez que l'homme contemporain a de la peine à revenir à la foi, parce que les exigences morales qui en découlent l'effraient. Dans une certaine mesure, c'est fondé : oui, l'Évangile comporte des exigences. À cet égard, le Christ n'a jamais bercé d'illusions ni ses disciples ni ceux qui l'écoutaient. Au contraire, avec une grande fermeté, il les a préparés à affronter toutes sortes de contradictions intérieures et extérieures, en n'excluant jamais qu'ils pourraient décider de l'abandonner...

Accepter les exigences évangéliques, c'est assumer toutes les dimensions de sa propre humanité, y discerner la beauté du dessein de Dieu, en reconnaissant la réalité de toutes les faiblesses humaines, à la lumière de la puissance même de Dieu : « Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu. (Lc 18, 27) »
On ne peut pas séparer les exigences morales proposées à l'homme par Dieu de l'exigence de l'amour rédempteur, c'est-à-dire du don de la grâce que Dieu lui-même en un sens s'est engagé à accorder...

Il est capital pour l'homme d'entrer dans l'espérance, de ne pas s'arrêter sur le seuil, et de se laisser guider. Je pense que le grand poète polonais Cyprian Norwid, qui décrivait ce qu'il découvrait au plus intime de l'existence chrétienne, a parfaitement exprimé cette réalité : « Nous ne marchons pas à la suite du Sauveur en portant sa croix, mais nous suivons le Christ qui porte la nôtre » (Lettre à J.B. Zaleski, Paris, le 6 janvier 1851). Voilà pourquoi la vérité sur la Croix peut être qualifiée de "Bonne Nouvelle"...

 (Jean-Paul II, « Entrez dans l'espérance », entretien avec Vittorio Messori, Plon-Mame 1994. L'extrait est pris dans le dernier chapitre du livre intitulé « N'ayez pas peur », p. 317-323)


Suivons donc le Christ qui a porté notre croix. Rejetons de nos vies le levain de mort afin de revêtir les livrées du Seigneur. N'ayons pas peur de courir à sa suite sur la voie de la sainteté.


Demandons à Dieu la force, dans nos familles, à notre travail, dans nos communautés, de porter et de faire germer la bonne nouvelle de l’Alléluia pascal.

Ayons le courage de renoncer à ce qui n'est pas de Dieu, aux compromis avec le mauvais. Repoussons de nos vies médisances, calomnies et murmures. En ces jours le Christ offre à ses disciples la paix, devenons artisans de paix. Entretenons le feu pascal dans nos cœurs afin qu'il brûle et qu'il enflamme le monde.

N'ayons pas peur de suivre le Christ mort et ressuscité.

Amen, Alléluia.
Rédigé par dom Jean Pateau OSB


Publié le 8 Juin 2014
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PENTECÔTE
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 8 juin 2014)


Loquentes nostris linguis magnalia Dei
Annonçant en nos langues les merveilles de Dieu. (Ac 2,11)


Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

Le livre des Actes vient de nous rappeler l'événement que fut l'irruption du Saint-Esprit sur les Apôtres au matin de la fête de la Pentecôte et ses conséquences qui marquèrent profondément les premières heures de la vie de l'Église.

Après la fête de Pâques où nous nous souvenons de la Mort et de la Résurrection du Christ, dont le sang nous a rachetés et restaurés dans l'amitié avec Dieu, après la fête de Noël où nous accueillons sur terre le Rédempteur de l'humanité, fils unique de Dieu et don de Dieu, la fête de la Pentecôte est sans conteste la troisième fête de l'année liturgique. Le Saint-Esprit, troisième personne de la Trinité, vient reposer dans l'âme des Apôtres et veut reposer dans l'âme de tous les fidèles.

Au matin de la Pentecôte, la vie des disciples du Christ est transformée. Des hommes timorés, sans culture pour la plupart, vont devenir témoins infatigables de la Bonne Nouvelle, et iront pour la plupart jusqu'au don de leur vie pour le Christ.

L'intervention du Saint-Esprit ne s'est pas limitée à une transformation purement intérieure de l'âme des disciples, visant à renforcer leur union à Dieu en rendant leur prière plus fervente, plus authentique. En reposant dans le cœur des Apôtres, le Saint-Esprit les place au centre de l'Église afin qu'ils travaillent selon la volonté de Jésus à sa construction jusqu'aux extrémités de la terre.

Les Pères voient dans le Saint-Esprit l'Âme de l'Église. L'âme, anima en latin, yuch ou pneuma en grec, que l'on peut traduire par ''souffle'', c'est ce qui donne à un corps de vivre. L'âme ordonne les différents organes en vue d'un but unique : la vie. Au moment de la mort, lorsque l'âme s'est retirée du corps, la vie s'éteint. L'anarchie entre les organes s'est instaurée. Il n'y a plus à proprement parler de corps.

Il en va de même pour l'Église. Le Saint-Esprit est en son cœur comme un souffle de vie, comme un feu auprès duquel se réchauffent tous les membres du corps. Il forge l'unité de la communauté des croyants, telle l'âme humaine pour le corps.

Les Actes des Apôtres mentionnent que les langues ''se partageaient'' (Ac 2, 2). Un même Esprit vient reposer sur la tête de chacun des Apôtres, et par la suite sur chacun des croyants.

La Tradition, s'appuyant sur l'enseignement du prophète Isaïe (ch. 11), a vu dans l'énumération des esprits qui reposeront sur le rejeton né de la tige de Jessé, les dons préparés par Dieu pour chacun des fidèles : esprit de sagesse, d'intelligence, de conseil, de science, de piété, de force, de crainte de Dieu. Saint Paul, dans l'épître aux Galates, énumère les fruits opérés par la présence du Saint-Esprit dans une âme : amour, joie, paix,
patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi. (cf. 5, 22-23)

Jusqu'à l'effusion de l'Esprit, les Apôtres s'étaient tenus comme des observateurs, demeurant tout à la fois près de Jésus et loin de lui. Lors de la Passion, Pierre suivait de loin les événements et feignait de ne pas connaître celui à qui il avait promis, quelques heures plus tôt, que jamais il ne le trahirait. Désormais tout cela est du passé. Le Saint-Esprit a placé les Apôtres comme des colonnes au centre de l'Église.

Par l'action de l'Esprit, l'Église est devenue un Corps. Ce Corps nous en faisons partie, ou du moins nous le devrions. C'est-à-dire que nous ne saurions nous contenter du strapontin d'un critique qui regarde de loin ce qui se passe sur la scène.

Trop souvent, nous suivons des esprits qui ne sont pas des dons de Dieu, mais suggestions du Malin : esprit d'orgueil et de critique, esprit de contradiction et de discorde, esprit de commérage, d'amertume et de désunion.

Les fruits de tels esprits sont manifestes. D'où proviennent les guerres fratricides entretenues par la vente d'armes au Moyen-Orient, en Ukraine ou en Afrique ? D'où vient la mort donnée volontairement à l'enfant dans le sein maternel, qui interrompt une vie jaillie de la rencontre de la main de Dieu et de l'homme ? D'où naissent tant de brouilles, de conflits, au sein des familles ou des communautés, que le temps ne semble pas devoir apaiser ? D'où découlent les divisions au sein même de l'Église, fruits de la désobéissance ou de l'aveuglement ? Le cœur qui méprise le faible, le pauvre, le cœur qui ne donne pas place à la miséricorde et ne sait pas pardonner, le cœur qui agit avec suffisance et calcul, négligeant le bien de son prochain, n'est pas à l'école de l'Esprit et n'œuvre pas en réalité pour le bien total du corps, pour son avenir.

Aujourd'hui le Saint-Esprit nous invite à quitter les périphéries tranquilles. Il nous convoque au Cœur de l'Église.
Les mots, jaillis un jour du cœur de Thérèse de Lisieux, à la lecture de Saint Paul, trouveront-ils un écho dans notre cœur ?
:
« La Charité me donna la clé de ma vocation. Je compris que si l'Église avait un Corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l'Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d'Amour. Je compris que l'Amour seul faisait agir les membres de l'Église, et que si l'Amour venait à s'éteindre, les Apôtres n'annonceraient plus l'Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang... Je compris que l'Amour renfermait toutes les vocations, que l'Amour était tout, qu'il embrassait tous les temps et tous les lieux... En un mot, qu'il est Éternel... Alors, dans l'excès de ma joie délirante, je me suis écriée : Ô Jésus mon Amour... Ma vocation enfin je l'ai trouvée, ma vocation c'est l'Amour !... Dans le Cœur de l'Église, ma Mère, je serai l'Amour... ainsi je serai tout... »(Manuscrit B, folio 3 verso)

Unis à Marie, unis au Saint-Père, apôtre de paix qui se prépare à recevoir les chefs d'État israélien et palestinien pour une prière commune, unis aux pèlerins sur la route de Chartres, demandons les uns pour les autres une infusion renouvelée de l'Esprit, et la grâce de la docilité à ses inspirations.

Demandons-lui la grâce d'aimer vraiment l'Église. Dans nos communautés, dans nos familles, en nos cœurs, l'Église n'est pas assez aimée : là est la principale cause du manque de vocations. On ne s'engage pas pour quelqu'un qu'on n'aime pas.

Demandons-lui enfin de nous éclairer sur les conversions que le Seigneur attend de nous, afin d'être autour de nous d'authentiques artisans de paix et de mériter ainsi d'être en vérité des fils de Dieu : « Ceux qui sont mus par l'Esprit sont les fils de Dieu. » (Rm 8,14)
Amen, Alleluia.





Rédigé par dom Jean Pateau OSB

Publié le 9 Août 2014
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 de la part des Bayonnais et de toute notre  famille ! non mais sans blagues ! . ! merci beaucoup dom Antoine..de la part de toutes les familles bayonnaises et familles  alliées reconnaissantes  ..désolé de pas y être.. savais pas. ! une des raisons qui me rattachaient à l'abbaye pour mon oblature, tiens.. 

"Je te remercie de m'avoir fait part du jubilé du Dom Antoine Forgeot. Sous la bannière de l 'Aquitaine unissant nos familles, je me joins à cette joie et je lui adresse notre grande reconnaissance de son sacerdoce." hervé d'A.

+
STE THERESE-BENEDICTE DE LA CROIX


Jubilé sacerdotal
du
Très Révérend Père Dom Antoine FORGEOT


Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 9 août 2014)



Jam non dicam vos servos sed amicos meos. Désormais, je ne vous appelerai plus serviteurs mais amis.


Très Cher Père Abbé  Antoine, Chère Famille,
Chers Frères et Sœurs,
Mes très chers Fils,


La page d'Evangile que nous venons d'entendre a reçu le nom de parabole des vierges sages et des vierges folles. Son caractère particulièrement réaliste l'a rendue célèbre : nulle
n'aimerait, à l'instar des vierges folles, se retrouver à la porte de la noce, en s'entendant dire par l'époux : « Je ne vous connais pas. » (Mt 25,12)

Pourtant, peut-être vaudrait-il mieux parler de parabole des vierges aimantes et des vierges insouciantes.

Le drame des insouciantes est de n'avoir pas pris conscience de la portée des actes accomplis dans l'instant présent. Elles désiraient sans aucun doute participer à la noce, faire ce qu'il faut pour..., mais demain..., mais plus tard... Concrètement, elles ne prenaient pas, au moment voulu, les moyens de préparer leur rencontre avec l'époux. Elles ne l'ai- maient pas vraiment.

L'époux tarde. Il tarde même beaucoup, au point que les vierges s'assoupissent. Evidemment, penserez-vous, il est normal qu'un époux de paraboles se comporte de façon surprenante pour les besoins de son rôle ! Tarder au point d'arriver au beau milieu de la nuit, cela fait beaucoup !

La vie est longue et semée de difficultés. Le Maître se fait attendre. N'est-il pas tentant de se relâcher, de dormir ? Il sera toujours temps, un jour, d'aller acheter, pour remplir sa lampe, l'huile de la charité, chez le marchand de gros... Sommes-nous certain que la boutique sera ouverte ? Si l'époux vient à l'improviste, aurons-nous de l'huile afin de pouvoir l'accueillir dignement ?

L'Eglise aime fêter les anniversaires qui marquent le pèlerinage de ses enfants sur la terre.

Fêter un anniversaire de baptême, de mariage, de profession, d'ordination, c'est se souvenir avec gratitude d'un jour qui a marqué définitivement la vie par l'orientation nouvelle qu'il lui a donnée.

Jubiler, c'est avoir le ferme propos de veiller à garder sa lampe prête, dans la fidélité au don reçu. L'huile de la charité s'achète aujourd'hui. Chaque jour, petit à petit, un peu d'huile vient s'ajouter, tenant la lampe toujours prête et allumée, dans l'attente du jour où le cri se fera entendre : ''Voici l'époux! Sortez à sa rencontre.'' (Mt 25,6)


Cher Père Abbé, au jour de votre ordination a été chanté le répons Jam non dicam vos servos sed amicos meos : « Désormais, je ne vous appellerai plus serviteurs, mais amis, car vous avez connu tout ce que j'ai accompli au milieu de vous... vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. »

L'ami de Jésus tient sa lampe allumée. Il veille à faire provision d'huile. Surtout, il se sait comblé par l'époux et en rend grâces.

Le saint Curé d'Ars avait coutume de dire : « Le sacerdoce, c'est l'amour du Cœur de Jésus » et aussi « après Dieu, le prêtre est tout !... Lui-même ne se comprendra bien qu'au ciel. »

Par le don du sacerdoce, le Seigneur enrichit d'une manière qu'il n'est pas possible de mesurer un être humain, allant jusqu'à lui donner en quelque sorte un pouvoir sur Dieu lui-même. Ce pouvoir, l'homme ne doit pas en jouir pour lui-même mais, à l'image de Jésus, devenir serviteur de ses frères, serviteur de l'Église, intendant de Dieu. Tout homme est pauvre devant Dieu. Mais celui qui donne au nom de Dieu est riche de Dieu.

Appelé à rompre le pain de l'Eucharistie et de la Parole, guide du troupeau, réconciliateur, le prêtre plus que tout homme ne doit jamais s'éloigner de celui qui est à la source de la fécondité de sa vie. « Même nos carences, nos limites, nos faiblesses doivent nous reconduire au Cœur de Jésus », déclarait Benoît XVI aux prêtres du monde entier, dans l'homélie d'ouverture de l'année sacerdotale le 19 juin 2009, en la solennité du Très Saint Cœur de Jésus.

En ce jubilé, fête du sacerdoce, remercions pour le don que le Seigneur vous a fait il y a 50 ans. Prions pour les prêtres et les vocations sacerdotales. Que leur nombre et leur sainteté grandissent. Marie, conçue sans péché, Mère des prêtres, veillez sur vos enfants de prédilection souvent dans la tourmente.

Concluons par le mot d'ordre du bien-aimé pape émérite Benoît XVI :

« La foi dans le divin Maître nous donne la force de regarder l'avenir avec confiance.

Chers prêtres, le Christ compte sur vous. A l'exemple du saint curé d'Ars, laissez-vous conquérir par Lui et vous serez vous aussi, dans le monde d'aujourd'hui, des messagers d'espérance, de réconciliation et de paix ».

(Lettre d'indiction de l'année sacerdotale 2009-2010, 16 juin 2009).


Amen.

photos: christianitas

Publié le 13 Février 2013
http://www.lignumcrucis.es/Hermandades/Andalucia/Sevilla/Coriadelrio/Titulares/Cristo-3.jpg

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CHEMIN DE CROIX : DOM MARMIOM

La Passion constitue le "saint des saints" des mystères de Jésus. Elle est le couronnement de sa vie publique, le sommet de sa mission ici-bas, l'oeuvre vers laquelle toutes les autres convergent ou à laquelle elles puisent leur valeur.

Chaque année, durant la semaine sainte, l'Église en commémore, en détail, les diverses phases; chaque jour, au sacrifice de la messe, elle en renouvelle le souvenir et la réalité pour nous en appliquer les fruits.
A cet acte central de la liturgie se rattache une pratique de piété qui, sans appartenir au culte public officiel, organisé par l'Épouse du Christ, est devenue, à cause de l'abondance des grâces dont elle est la source, très chère aux âmes fidèles. C'est la dévotion à la Passion de Jésus sous la forme très connue du "chemin de la croix". (*)

La préparation immédiate que le Sauveur a faite à son oblation de pontife sur le calvaire fut de porter sa croix, du prétoire au Golgotha, accablé sous les souffrances et les opprobres.

La Vierge Marie et les premiers chrétiens ont dû plus d'une fois, dans la suite, refaire pieusement cet itinéraire, en arrosant de leurs larmes les endroits sanctifiés par les douleurs de l'Homme-Dieu.

Vous savez aussi avec quel élan et quelle ferveur les fidèles d'Occident entreprenaient au moyen âge le long et pénible pèlerinage des Lieux Saints afin d'y vénérer les traces sanglantes du Sauveur: leur piété s'alimentait à une source féconde de grâces sans prix. Rentrés dans leurs pays, ils avaient à coeur de conserver le souvenir des jours passés à Jérusalem dans la prière. On en vint, surtout à partir du XVe siècle, à reproduire un peu partout les sanctuaires et les "stations" de la ville sainte. La piété des fidèles trouvait ainsi à se satisfaire par un pèlerinage spirituel renouvelé à volonté. Dans la suite, à une époque relativement récente, l'Église a enrichi cette pratique de nombreuses indulgences.

Cette contemplation des souffrances de Jésus est très féconde. Je suis convaincu qu'en dehors des sacrements et des actes de la liturgie, il n'y a pas de pratique plus utile pour nos âmes que le chemin de la croix fait avec dévotion. Son efficacité surnaturelle est souveraine.


...


"Mais la croix que Dieu lui-même met sur nos épaules en la taillant à notre mesure, la croix lourde et longue de notre vie - ne peut-on pas identifier la croix et notre vie -, c'est bien celle-là qui est l'expiation véritable, parce que installée au coeur même du problème, dans la trame que nous avons à tisser chaque jour."

...


"Tout semble résumé dans la devise du monastère : Fons Amoris, « Fontaine d’Amour ».

En choisissant, en l’absence de tout document ancien, ces deux mots, extraits de la séquence Stabat Mater chantée lors de la fête de Notre-Dame des sept douleurs, le Père Abbé Édouard, premier abbé de Fontgombault après la restauration de l’abbaye par Solesmes en 1948, prenait acte de cette protection particulière de Marie, de Marie médiatrice, sur notre maison.

Marie est ici la source où venir boire l'eau vive : Fons Amoris.

Boire à la fontaine, c’est se laisser transformer, purifier, par la fontaine, à l’image de la Samaritaine. Au puits de Jacob, cette bonne fille voulait offrir à Jésus de l’eau à boire.

Comme elle, en entrant dans la vie monastique, en faisant profession, et bien des années encore après, nous voudrions avoir beaucoup à offrir à Jésus.

Jésus même vient souvent à nous comme il l’a fait avec la femme de Samarie et nous demande à boire."

Il faut reconnaître Dieu sous les traits de l’assoiffé. Il a soif que nous lui demandions à boire. « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin. » (Jn 4, 34) De fait, Jésus dira à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: “Donne-moi à boire”, c'est toi qui l'aurais prié et il t'aurait donné de l'eau vive » (Jn 4, 10). Jésus lui proposera une eau puisée à une source qui ne tarit jamais : « qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source d'eau jaillissant en vie éternelle » (Jn 4, 14).

Déjà le livre d’Isaïe annonçait au peuple élu, à toute âme, la promesse de cette eau vive : « Ainsi parle Yahvé : “Voici que je fais couler vers elle la prospérité comme un fleuve, et comme un torrent débordant, l’opulence des nations. Vous serez allaités, on vous portera sur la hanche, on vous caressera en vous tenant sur les genoux. Comme celui que sa mère console, moi aussi, je vous consolerai, à Jérusalem vous serez consolés” » (Isaïe 66, 12-13).

Cette promesse concerne chacun d’entre nous. Pour aller boire à la source, nous devons suivre l’exemple de Bernadette.

Il faut gravir la montagne de notre misère, de notre faiblesse, de nos pauvretés. Il faut gratter. Déjà, l’eau ruisselle et ce filet veut devenir un grand fleuve. Bien des moyens s’offrent à nous dans le concret de nos vies.

...

Le monde n’a guère changé depuis Bernadette : gratter la terre de sa misère afin de laisser couler l’eau de la fontaine d’Amour demeure folie à ses yeux.

Dans la vie de pénitence, de renoncement et de prière que vous propose le monastère, vous porterez le poids d’une autre folie, celle du monde, l’oubli de Dieu.

 TRP dom Jean Pateau
profession monastique 11  fev. 2013

....



Chers frères et soeurs, regardons le Christ transpercé sur la Croix!

Il est la révélation la plus bouleversante de l'amour de Dieu, un amour dans lequel eros et agapè, loin de s'opposer, s'illuminent mutuellement. Sur la Croix c'est Dieu lui-même qui mendie l'amour de sa créature: Il a soif de l'amour de chacun de nous. L'apôtre Thomas reconnut Jésus comme "Seigneur et Dieu" quand il mit la main sur la blessure de son flanc. Il n'est pas surprenant que, à travers les saints, beaucoup aient trouvé dans le coeur de Jésus l'expression la plus émouvante de ce mystère de l'amour. On pourrait précisément dire que la révélation de l'eros de Dieu envers l'homme est, en réalité, l'expression suprême de son agapè. En vérité, seul l'amour dans lequel s'unissent le don désintéressé de soi et le désir passionné de réciprocité, donne une ivresse qui rend légers les sacrifices les plus lourds. Jésus a dit: "Quand je serai élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes" (Jn 12, 32).

La réponse que le Seigneur désire ardemment de notre part est avant tout d'accueillir son amour et de se laisser attirer par lui. Accepter son amour, cependant, ne suffit pas. Il s'agit de répondre à un tel amour pour ensuite s'engager à le communiquer aux autres: le Christ "m'attire à lui" pour s'unir à moi, pour que j'apprenne à aimer mes frères du même amour.

Benoît XVI


Publié le 28 Mars 2014
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La vie monastique naît alors que les persécutions des deux premiers siècles chrétiens viennent de s’achever. Suivre le Christ de façon radicale, sans compromission, c’était d’abord s’engager sur le chemin du martyre. La paix constantinienne (édit de Milan 313) ouvre une nouvelle ère. La vie chrétienne devient plus facile, le niveau moyen de ferveur est en baisse ; la vie monastique répond au désir de ceux qui ont soif d’un idéal plus élevé. Naissant de la même charité qui anime les martyrs, elle fait des moines des séparés, des intercesseurs privilégiés auprès de Dieu, des confesseurs de la foi, des témoins, des imitateurs du Christ. Saint Théodore Studite, un moine oriental, qui vivait dans un grand monastère de Constantinople aux VIIIe – IXe siècles, définit ainsi le moine : « Est moine celui qui dirige son regard vers Dieu seul, qui s’élance en désir vers Dieu seul, qui est attaché à Dieu seul, qui prend le parti de servir Dieu seul et qui, en possession de la paix avec Dieu, devient encore cause de paix pour les autres. »

Concrètement, ce qui saute aux yeux du monde à l’abord d’un monastère, ce sont les hauts murs de la clôture, la grille qui sépare le chœur des moines de la nef des fidèles. Les journées sont rythmées imperturbablement par les offices dont les moines s’acquittent en accomplissant ainsi l’Opus Dei, l’Œuvre de Dieu, comme si les moines avaient quitté le frémissement et l’exaltation de la vie dans le temps pour vivre déjà dans l’éternité.

Les trois vœux de religion apportent aussi chacun leurs renoncements. Par le vœu de pauvreté, c’est le renoncement aux richesses, à ce qui est mien, l’acceptation de vivre dans la dépendance. Au monastère, tout est commun. La pauvreté des cellules, la simplicité de la nourriture et de l’habit monastiques se rattachent à ce vœu. Le vœu de chasteté s’accomplit par le renoncement à la joie de fonder une famille, et à toute amitié particulière, même au sein de la communauté. Le cœur ainsi libéré, le moine peut s’abandonner à Dieu et par là accueillir tout homme comme un enfant de Dieu. Le lieu d’apostolat devient alors l’univers ; son mode, c’est la prière. Enfin, le vœu d’obéissance soumet la volonté du moine à celle de son supérieur, l’Abbé : « un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas.» (Jean 21, 18)

Le lever matinal, les jours de pénitence et de jeûne, le silence interrompu seulement pour les besoins de la charité, les mêmes psaumes récités chaque semaine devant le même Dieu, le cycle annuel de la liturgie, la vie commune de tous les instants,sans vacances, la rareté des contacts avec le monde extérieur, l’usage limité des moyens de communication, les obédiences matérielles… on pourrait continuer longtemps la liste… pour finalement conclure que la vie monastique est impensable, incompréhensible, irréalisable pour l’être humain du 21e siècle.

L’auteur d’une vie de saint Benoît Labre écrivait : « À quelque époque que ce soit, ceux que leur sacrifice mènera dans une rigoureuse solitude, pour appartenir au Christ et à sa croix, dans la prière, la pénitence et le recueillement de l’amour, seront, pour leurs contemporains, des âmes d’un autre âge, car, parmi les hommes, esclaves du temporel, et naïvement fiers de leurs chaînes, cette exclusive sainteté commettra toujours l’anachronisme de l’éternel. »(Père Doyère, Saint Benoît Labre, p.117)

Peut-être faudrait-il demander au jeune postulant frappant à la porte du monastère ce qu’il désire y trouver ? La réponse est simple : Dieu.

Ensuite c’est le désir d’une vie joyeuse et fraternelle, en famille, dans la paix, la simplicité. Il est difficile de faire partager ce que saint Benoît entend quand il parle de la relation du moine avec son Abbé ou encore de la vie fraternelle au sein du monastère. Grâce à la piété filiale à l’égard de l’Abbé et des anciens et à l’amour des jeunes, le monastère devient pour le moine le lieu d’une conspiration universelle de charité. Pour cela, la vie monastique comporte aussi cette libération du moi, lourd, encombrant, afin d’être tout aux autres et de pouvoir se donner à la famille monastique. Je veux librement me libérer de ce moi qui m’oppresse afin de vivre pleinement de la liberté des enfants de Dieu, afin de vivre pour Dieu.

Paul Valéry, écrivain français de la première moitié du 20e siècle, affirmait : « Il faudra bientôt construire des cloîtres rigoureusement isolés où ni les ondes ni les feuilles n’entreront, dans lesquels l’ignorance de toute politique sera préservée et cultivée ; on y méprisera la vitesse, le nombre, les effets de masse, de surprise, de contraste, de répétition, de nouveauté, de crédulité ; c’est là qu’à certains jours, on ira à travers des grilles considérer quelques spécimens d’hommes libres. »

Marie, qui depuis longtemps veille sur l’abbaye, révèle de façon éminente ce que peut réaliser la liberté de l’homme unie à la grâce de Dieu. Au moment de l’Annonciation, elle se contente de répondre à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur. » En donnant sa parole, elle a reçu la Parole.

Mais que dire alors du lien du monastère avec la paroisse ? Il sera d’abord spirituel. Comme nos frères les plus proches, notre intercession auprès de Dieu vous touche plus particulièrement. Nous faisons nôtres vos intentions, vos peines et vos joies, afin que le Seigneur grandisse dans les âmes de tous. Certains nous connaissent davantage en venant à l’abbaye recevoir le sacrement de pénitence ou rencontrer un Père. Ensemble, nous nous sommes réjouis de la venue de l’icône de Notre-Dame de Czestochowa, et d’autres occasions se présenteront de nous retrouver.

Pour finir, permettez-moi de vous faire une demande. Il y a quelques mois, je me trouvais dans la voiture d’un évêque ami et nous longions les murs d’un grand centre pénitentiaire de son diocèse. La nuit tombait, les projecteurs extérieurs et les éclairages intérieurs donnaient au bâtiment un aspect irréel. À l’intérieur des murs, pas de paix ; le désespoir, si ce n’est la haine, habite les cœurs. L’évêque me dit qu’à chaque fois qu’il passait à côté de cette prison, il priait Marie pour ceux qui y demeuraient. Permettez-moi de vous faire cette même demande.

À l’abbaye, le mystère qui se vit n’est pas irréel mais surnaturel : c’est la charité. Précisément pour cela, parce que, comme vous, nous sommes de pauvres humains, nous avons simplement besoin de votre prière.

Alors en longeant le mur de clôture ou le sentier du bord de Creuse, même si vous ne franchissez pas la porte de l’abbatiale, dites pour vos moines un mot à Marie.

Dom Jean Pateau, Père Abbé de Fontgombault
 homélie Père Abbé pour le dimanche des Rameaux.  en anglais .
Entrons dans le mystère d'humilité et d'obéissance vécu
par le Fils incarné. Suivons-le dans sa Passion, non comme
des spectateurs lointains, mais comme prenant part au don
de sa vie. Soyons les miséricordieux continuateurs de ce
don, qui s'achèvera dans la glorification du matin de
Pâques
dom Pateau osb +
Homélie Père abbé - Dimanche des Rameaux - Fontgombault
Lundi Saint.

Suivre les traces du Seigneur .

" Voulez-vous être une âme fidèle? Qui que vous soyez, répandez avec Marie sur les pieds du Seigneur un parfum précieux, c'est-à-dire par une vie sainte, suivez les traces du Seigneur."
Saint Augustin à Matines.

Le Christ parcourt de nouveau la voie douloureuse à travers les temps et il abandonne encore son corps aux onctions des Madeleines comme aux baisers perfides des Judas; il laisse frapper et déchirer son visage. Saint Augustin nous explique comment nous devons oindre son corps:"
Oins les pieds de Jésus par une vie agréable à Dieu, suis la trace de ses pas; si tu as du superflu donne-le aux pauvres, et tu auras essuyé les pieds du Seigneur." Nous pouvons ainsi consoler le Christ dans sa vie mystique. Il reçoit tant de baisers de Judas par les péchés des chrétiens!

dom Pius Parsch

Seigneur Jésus, fortifiez-nous dans la montée du calvaire. Gardez-nous de toute infidélité et de toute trahison. O Seigneur, accordez-nous la grâce de passer ces jours dans le recueillement, la pénitence et la mortification; de nous retirer dans la solitude de notre coeur, de méditer, avec une piété ardente, vos mystères d'amour. Nous le ferons dans l'esprit de la sainte liturgie en union avec toute l'Eglise.


prières pour Julien.  martyr R.I.P. +


Publié le 21 Mars 2014
http://img.over-blog.com/507x731/1/10/86/49/le-petit-placide/64797_1551092730127_1019375888_1547164_1418924_n.jpg


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SAINT BENOÎT
Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault.
(Fontgombault, le 21 mars 2014)


Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,


La fête de ce jour commémore le rappel à Dieu, le 21 mars 547, de notre bienheureux Père saint Benoît. Il avait alors environ soixante-sept ans.

L’épÏtre que nous venons d'entendre applique au saint patriarche des moines d’Occident ˗ titre donné par saint Grégoire le grand ˗ l'éloge décerné par Ben Sira, auteur du livre de l'Ecclésiastique, au grand prêtre Simon II, fils d'Onias III, qui mourut vers 195 avant Jésus-Christ. À cette époque le grand prêtre est è la fois chef religieux et chef politique d'Israël.

En cette année, ce texte est d’une particulière actualité. Si la vie de saint Benoît s’est déroulée dans le contexte spirituel, érémitique d’abord, puis cénobitique, des communautés fondées par lui à Subiaco et au Mont-Cassin, cette vie n’a pas été sans porter de grands fruits pour la construction de l’Europe.

Des souverains pontifes ont souligné ce fait par les titres décernés à Benoît. Pie XII, le 18 novembre 1947 au cours d’une homélie, et Paul VI, il y a bientôt cinquante ans, le 24 octobre 1964 par la lettre apostolique Nuntius Pacis, Messager de paix, l’ont appelé respectivement Père et Patron de l’Europe.

Messager de paix, écrivait Paul VI, artisan d’union, maître de civilisation, et, avant tout, héraut de la religion du Christ et fondateur de la vie monastique en Occident [tel fut saint Benoît] ... Alors que s’écroulait l’Empire romain désormais à son terme, que des régions de l’Europe s’enfonçaient dans les ténèbres et que d’autres ne connaissaient pas encore la civilisation et les valeurs spirituelles, ce fut lui qui, par son effort constant et assidu, fit se lever sur notre continent l’aurore d’une ère nouvelle.

Le grand prêtre répara le sanctuaire, aménagea et protégea la cité. Entouré de son peuple, il était magnifique dans sa fonction tant liturgique que politique. L’auteur semble vouloir donner une liste exhaustive des comparaisons possibles pour affirmer sa grandeur : étoile du matin au milieu des nuages, lune en son plein, soleil rayonnant sur le Temple du Très-Haut, arc-en- ciel brillant dans les nuages de gloire, rose au printemps, lis près d’une source, rameau de l’arbre à encens en été, feu et encens dans l’encensoir, vase d’or massif, orné de toutes sortes de pierres précieuses, olivier chargé de fruits, cyprès s’élevant jusqu’aux nuages. (Sir 50, 6-10)

Comment saint Benoît peut-il mériter un tel honneur ?

Au début du 6e siècle, l'Italie est dévastée par les invasions barbares. Guerres, famines, épidémies déciment les populations.

Dès les premiers mots de sa Règle, saint Benoît pose une question particulièrement pertinente : « Où est l’homme qui veut la vie et désire connaître des jours heureux ? » (Ps 34/33, 13) Compte tenu du contexte, beaucoup devaient se sentir concernés par la question. Les monastères s’ouvrent comme des places de refuge, où ceux qui s’en sentent capables réapprennent à être hommes en travaillant à devenir hommes de Dieu. Paul VI disait dans son allocution au Mont-Cassin du même 24 octobre 1964 :

L’excitation, le bruit, l’agitation fébrile, l’extériorité, la foule menacent l’intériorité de l’homme. Il lui manque le silence avec son authentique parole intérieure, il lui manque l’ordre, la prière, la paix. Il lui manque lui-même. Pour retrouver la maîtrise et la joie spirituelle de lui-même, il a besoin de se remettre en face de lui-même, dans le cloître bénédictin. Dans la discipline monastique, l’homme est regagné à lui-même et à l’Église.

Au sein d’un monde qui se cherche et qui cherche, Benoît propose à son disciple l’unique nécessaire : « chercher Dieu ». Sa proposition tient encore aujourd’hui. Elle vaut pour nous, elle vaut pour les nations.

Dimanche dernier, l’Église a médité le mystère de la Transfiguration. La vision de Jésus-Christ transfiguré, unie à la voix du Père disant : « Celui-ci est mon Fils, le Bien-aimé, qui a toute ma faveur : écoutez-le ! » (Mt 17,5), remplit les disciples de frayeur. Certes, ils avaient vu les miracles, mais ils n’avaient pas touché de si près la Divinité. À présent le mystère de Jésus, Dieu et Homme, se fait comme palpable. Durant quelques instants leur quête de Dieu paraît comblée. Ils saisissent le mystère formidable de la transcendance de Dieu.

Chaque jour, nous sommes confrontés à la nature humaine, trop humaine, à commencer par la nôtre. Pourtant en nous-mêmes se déroule un mystère qui s’apparente au mystère de Jésus. Notre corps attend d’être transfiguré en un corps glorieux au moment de la résurrection des corps. Mais dès aujourd’hui, en notre âme, Dieu se dit. La grâce sanctifiante est une réelle participation à la vie divine. En nous, il y a déjà de Dieu et de sa lumière.

Le temps du Carême est propice à "nous regagner à nous-mêmes et à l’Église". Au moment de la mort sera révélé le mystère de notre vie.

Nous faudra-t-il attendre cet instant pour, tels les apôtres, être terrifiés et prendre enfin au sérieux ce qui restera de notre vie ?

Chaque instant qui passe emporte avec lui son poids d’éternité en bien ou en mal, en charité envers Dieu et le prochain ou en haine. Cherchons-nous Dieu vraiment ? Là est la question. La nature humaine nous aurait-elle absorbés au point que toute notre vie ait été ramenée à sa mesure ? C’est petit, c’est vain en face du mystère qui devrait s’opérer réellement en nous.

Saint Benoît aimante à nouveau la boussole de notre âme, devenue folle dans un monde sans repère.

Celui qui "veut la vie et désire connaître des jours heureux" doit s’appliquer généreusement à chercher Dieu.

Que Marie, reine des moines, nous accompagne sur le chemin.


Amen.
Rédigé par dom Jean Pateau OSB

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