“don jean pateau”
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Publié le 8 Mai 2013
ASCENSION
Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau, Abbé de Notre-Dame de Fontgombault (Fontgombault, le 9 mai 2013)
Viri Galilæi, quid admiramini aspicientes in cælum ?...
Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel, dans l’admiration ?...
(Introït de la Messe, tiré de Ac 1, 11)
Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,
Faut-il se réjouir ou pleurer ?
Chaque fête de l’Ascension ramène ces deux sentiments qui se mêlent dans les cœurs des croyants. Jésus reste avec nous : il ne nous abandonne pas, puisqu’il promet la venue du Paraclet, le Protecteur, le Défenseur. En même temps, il nous quitte pour gagner, avec son corps glorieux, la droite du Père. Ils sont désormais arrivés pour les apôtres et par extension pour tous les chrétiens les temps que le Seigneur avait annoncés : « Les compagnons de l'époux peuvent-ils jeûner pendant que l'époux est avec eux ? Tant qu'ils ont l'époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais viendront des jours où l'époux leur sera enlevé ; et alors ils jeûneront en ce jour-là. » (Mc 2, 19-20)
Le temps de la mission pour tous les disciples du Christ commence : « Allez dans le monde entier, proclamez l'Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. » (Mc 16, 15-16) De fait, la présence du Seigneur accompagnera les disciples, comme saint Marc le rap- porte dans son Évangile : « Pour eux, ils s'en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole par les signes qui l'accompagnaient. » (Mc 16, 20)
La confiance dans la présence fidèle du Seigneur et la mission qui commence semblent être la source de la joie étonnante des disciples après l’Ascension : « s'étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à louer Dieu. » (Lc 24, 52-53)
Les difficultés pourtant n’allaient pas manquer. Saint Paul propose un résumé impressionnant du pain quotidien des missionnaires du Christ : « Souvent j'ai vu de près la mort ; cinq fois j'ai reçu des Juifs quarante coups de fouet moins un ; trois fois, j'ai été battu de verges ; une fois j'ai été lapidé ; trois fois j'ai fait naufrage ; j'ai passé un jour et une nuit dans l'abîme. Et mes voyages sans nombre, les périls sur les fleuves, les périls de la part des brigands, les périls de la part de ceux de ma nation, les périls de la part des Gentils, les périls dans les villes, les périls dans les déserts, les périls sur la mer, les périls de la part des faux frères, les labeurs et les peines, les nombreuses veilles, la faim, la soif, les jeûnes multipliés, le froid, la nudité ! » (2 Co 11, 23-27)
Le pire pour l’apôtre est peut-être d’être confronté à l’indifférence. Ce fut le cas pour Paul lors de sa rencontre à l’Aréopage d’Athènes. À mesure qu’il parle, s’installe entre lui et la docte assemblée, composée de ceux qu’il appelle « les plus religieux des hommes » (Ac 17, 22), comme un malaise. Le Dieu créateur, en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être, son jugement futur sur le monde, la résurrection des corps, n’attirent que peu d’intérêt : « les uns se moquaient, les autres disaient : “Nous t'entendrons là-dessus une autre fois.”» (Ac 17, 32)
De telles considérations, qui nous semblent que bavardages, n’intéressent pas des hommes qui se croient sages. Le vrai Dieu ne les intéresse pas. Suivre les faux dieux, les dieux faits de mains d’homme, ne prête pas à conséquence. Suivre les faux dieux, suivre ses passions, donne l’illusion de la liberté. Écouter saint Paul, c’est au contraire accueillir dans sa vie un être dont la présence remet en question le sens de la vie et l’exercice de la liberté. Mais que vaut une liberté qui s’érige en absolu contre la liberté et la volonté de Dieu ? Que vaut une liberté qui librement s’aveugle ?
Relire les premiers chapitres du livre de la Genèse est éclairant.
La liberté qui fait l’économie de Dieu est celle de la créature avant que Dieu ne parle. Cette liberté a un nom à l’allitération évocatrice : tohu-bohu, chaos. Ce qui met fin à l’état de confusion antérieur à l'organisation du monde, c'est la parole de Dieu : « Dieu dit : “Que la lumière soit”, et la lumière fut. » (Gn 1, 3) La lumière pourrait-elle dire alors : « Je suis ténèbres » ? Non, la lumière ne le peut pas, parce que Dieu a dit : « Que la lumière soit. » La lumière est donc lumière. L'enfant capricieux qui ferme les yeux alors que le soleil est au zénith peut dire : « Il fait nuit, la lumière pour moi c’est comme les ténèbres. » L'enfant le dit, mais il se trompe.
Un peu plus loin, toujours au premier chapitre de la Genèse, Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image... Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa. » (Gn 1, 26-28) La conclusion du second récit de la création est encore plus explicite : « C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. » (Gn 2, 24). La parole de Dieu est au fondement de l’union. Certes un homme peut dire : « Un couple selon moi, ce peut être l'union de deux hommes ou de deux femmes. » Il le dit, mais il se trompe. La parole de Dieu demeure la seule référence garante de ce qu’est un couple, garante aussi de la légitimité de sa reconnaissance officielle dans le mariage.
L’enfant capricieux, s’il se met à marcher les yeux fermés, ne tardera pas à tomber. Avant d’avoir atteint le sol, déjà il aura ouvert ses yeux. Ébloui l’espace d’un instant, il comprendra vite que la lumière n’est pas ténèbres mais au contraire un précieux secours de Dieu. La volonté de se libérer du plan de Dieu l’a conduit dans les ténèbres, dans le chaos. La redécouverte de la lumière lui a rendu sa vraie liberté.
Alors que l’économie mondiale s’effondre et que les chefs d’État s’emploient à résoudre la crise, il est consternant de voir comment ces mêmes chefs d’État s’appliquent avec zèle à accentuer la décadence morale de la société et de l’humanité, tant par l’exemple de leur propre vie qu’en promulguant des lois qui se fondent, non pas sur la nature de ceux qu’elles concernent, mais sur une volonté idéaliste et irréaliste d’égalité. L’homme n’a pas à créer le monde : Dieu a dit : « fructifiez et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. »(Gn 1, 28)
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Combien de temps faudra-t-il aux hommes pour comprendre qu’une société qui ne protège pas la vie humaine, la cellule familiale et en particulier l’enfant, promeut la haine, s’expose à toutes les dérives et court à sa perte ? La vie et la famille sont des dons nés de la parole divine. Elles ne se vendent pas, ne s’achètent pas, ne se bradent pas. Elles se respectent.
L’homme semble avoir un besoin irrépressible de détruire : défigurer la beauté de la planète, gaspiller et détruire ses ressources énergétiques, la nourriture qu’elle produit, enfin se détruire lui-même en refusant ce qu’il est.
À l’image des apôtres, les chrétiens ont le devoir de répandre à travers le monde la semence de la parole : parole primordiale du premier instant de la création, parole incarnée du Dieu qui se fait parole dans le Christ.`
Cette parole est l’unique voie qui conduit du néant à l’être, du chaos à la vie, des ténèbres à la lumière.
Dans la vie publique, les chrétiens ont le devoir, par leurs votes et plus généralement par leurs actions, de soutenir les candidats et les élus qui ne se rendent pas complices de crimes contre l’humanité mais promeuvent une authentique législation de la vie. Refusant d’appliquer les lois mortifères issues de la dictature du relativisme, usant du droit inaliénable et légitime à l’objection de conscience, ils présentent au monde une authentique liberté fon- dée dans la vérité.
Saint Paul en cette année de la foi nous encourage : « J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé, nous aussi, nous croyons, et c'est pourquoi nous parlons. » (2 Cor 4, 13 ; cf. Ps 115, 10).
Après l'Ascension, les apôtres s'en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie. Tel est l’enthousiasme des porteurs de la bonne nouvelle.
Cette joie nous est également promise en cette fête de l'Ascension. Pour cela, unis à Marie et aux apôtres, attendons le don de l'Esprit que le Seigneur a promis et devenons toujours davantage ses porte-parole jusqu’aux extrémités de la terre.
Amen.
Publié le 30 Juin 2013
dédié pour Nicolas en prison...un ange viendra l'en sortir... le père Henry me parlait souvent de Daniel dans la fosse aux lions... là où on a plus rien ni personne, "courage, sois un homme!" ... " pas évident tous les jours.
"pour qu'il reste ferme dans ses convictions pacifiques et qu'il ressorte mûri de cette épreuve." .. elle est terriblement longue parfois et peut durer toute une vie. On en est tous là un jour où l'autre.. vouloir rester ferme dans ses convictions. C'est bien dur parfois quand tout nous lâche autour de nous..
"laissons désormais le Seigneur nous mener où nous ne voudrions pas aller, mais tout cela pour le suivre." c'est beau. C'est la nature humaine qui résiste, par peur, par crainte. manque d'abandon à la volonté du Bon Dieu, dans les âges avancés. Quand tout vous réussit, quand vous avez les hautes considérations de la société, quel intérêt! c'est dans la nuit de ces épreuves que nous sommes enfin de compte le plus solidaire des moins que petits, de ceux qui souffrent, dans la communion des saints.
Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean PATEAU,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 29 juin 2013).
Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,
« Au lever du jour, ce fut grand émoi chez les soldats : qu'était devenu Pierre ? » (Ac 12, 18) La veille, ces hommes l’avaient arrêté sur l’ordre d’Hérode par complaisance pour les Juifs. Pas moins de quatre escouades de quatre soldats avaient été députées à sa garde. Malgré cela, durant la nuit, la veille de sa comparution, l’ange du Seigneur vint le délivrer. « ‘Mets ta ceinture et chausse tes sandales’; ce qu'il fit. Il lui dit encore : ‘Jette ton manteau sur tes épaules et suis-moi.’ Pierre sortit, et il le suivait ; il ne se rendait pas compte que ce fût vrai, ce qui se faisait par l'ange, mais il se figurait avoir une vision. » (Ac 12, 8-9)
Cette question se pose à nouveau aujourd’hui : oui, qu’est devenu Pierre depuis le jour où son frère André lui a fait rencontrer Jésus, depuis le jour où un jeune Rabbi qu’il ne connaissait pas lui avait dit : « ‘Tu es Simon, le fils de Jean ; tu t’appelleras Képhas’ (ce qui signifie Pierre) » (Jn 1, 42).
La tradition a placé l’appel définitif des disciples au bord de la mer de Galilée, encore appelée lac de Gennésareth, dans le contexte d’une prédication. Jésus enseigne la foule. Il est enserré de tous cotés. Près de lui, quelques pêcheurs lavent les filets auprès de leurs barques. Jésus monte dans la barque de Simon et lui demande de s’éloigner de la terre et de lâcher les filets pour la pêche : «Maître, nous avons peiné toute une nuit sans rien prendre » (Lc 5, 5). À quoi bon jeter à nouveau les filets ! Pourtant, sans s'arrêter à cette réponse raisonnable, Simon fait acte de foi et obéit : « Sur ta parole, je vais lâcher les filets. » La pêche est abondante.
Sainte Thérèse de Lisieux écrivait à sa sœur Céline : « si toujours tu restes fidèle à Lui faire plaisir dans les petites choses, Lui (il s’agit de Jésus) se trouvera OBLIGÉ de t'aider dans les GRANDES... Les apôtres sans Notre Seigneur travaillèrent toute la nuit et ne prirent pas de poisson, mais leur travail était agréable à Jésus. Il voulait leur prouver que Lui seul peut nous donner quelque chose, Il voulait que les apôtres s'humilient... ‘Enfants, leur dit-Il, n'avez-vous rien à manger ?’ (Jn 21, 3-5) ‘Seigneur, répondit Saint Pierre, nous avons péché toute la nuit sans rien prendre’ (Lc 5, 5). Peut-être que s'il eût pris quelques petits poissons Jésus n'aurait pas fait de miracle, mais il n'avait rien, aussi Jésus remplit bientôt son filet de manière à le faire presque rompre. Voilà bien le caractère de Jésus. Il donne en Dieu mais il veut l'humilité du cœur... » (Lettre 161, 26 avril 1894)
Pierre, devant cette pêche miraculeuse, tombant à genoux dit à Jésus : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » (Lc 5, 8) Le Maître répond alors simplement aux disciples : « Suivez-moi, je vous ferai pêcheurs d’hommes. » (Mt 4, 19)
Au début, Jésus enseigne la foule ; à la fin, Simon et ses compagnons sont appelés à devenir pêcheurs d’hommes, à enseigner à leur tour.
Par la foi, l’humilité et l’abandon, ils sont devenus dignes de suivre le Christ, d’être apôtres.
Mais comme le chemin sera long entre les bords du lac et l’enseignement que Pierre donnera aux foules de Jérusalem après la Pentecôte et qui le conduira plusieurs fois en prison ! Quelle distance entre ces pêcheurs timorés et les ardents prédicateurs du Christ ressuscité !
La divinité du Christ, Pierre la confessera, en son nom et au nom des douze. À Césarée par exemple, comme le rapporte l’Évangile de ce jour. Après que Jésus se fut enquis de ce que les gens disaient de lui, et qu’il eut entendu la réponse des disciples, il demande ce que pensaient les apôtres. Pierre répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Jésus lui répond : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » (Mt 16, 18)
Néanmoins, confesser la divinité du Christ ne suffit pas pour suivre réellement le Christ. Suivre le Christ, c’est faire sienne sa volonté ; Pierre avait beaucoup d’idées... sur Dieu.
Juste après la confession de Césarée, c’est l’incompréhension. Jésus annonce à ses disciples sa Passion prochaine. Pierre écarte l’idée que le Messie puisse souffrir, mourir et ressusciter : « Dieu t'en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t'arrivera point ! » (Mt 16, 22) La réponse de Jésus est sévère : « Passe derrière moi, Satan ! tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! » (Mt 16, 23)
La leçon vaut pour tout disciple du Christ. Le Seigneur est dur pour l’apôtre qui a son programme, pour le disciple dont les pensées ne sont pas les pensées de Dieu.
Pour Pierre, le chemin de purification et d’éducation de l’humilité n’était pas encore achevé et la Passion prochaine lui réservait une terrible épreuve. Suivra-t-il son Seigneur jusqu’au bout ? « Même si tous succombent, du moins pas moi ! » (Mc 14, 29) Pierre est sûr de lui. Jésus lui dit : « ‘En vérité, je te le dis : toi, aujourd'hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois.’ Mais lui reprenait de plus belle : ‘Dussé-je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas.’ » (Mt 14, 30-31)
Sainte Thérèse commente : « Je comprends très bien que Saint Pierre soit tombé. Ce pauvre Saint Pierre, il s'appuyait sur lui-même au lieu de s'appuyer uniquement sur la force du bon Dieu... Je suis bien sûre que si Saint Pierre avait dit humblement à Jésus : ‘Accordez-moi je vous en prie, la force de vous suivre jusqu’à la mort’, il l'aurait eue aussitôt. Je suis certaine encore que Notre-Seigneur n'en disait pas davantage à ses apôtres par ses instructions et sa présence sensible, qu'il ne nous dit à nous-mêmes par les bonnes inspirations de sa grâce. Il aurait bien pu dire à Saint Pierre : Demande-moi la force d'accomplir ce que tu veux. Mais non, parce qu'il voulait lui montrer sa faiblesse, et que, devant gouverner toute l'Église qui est remplie de pécheurs, il lui fallait expérimenter par lui-même ce que peut l’homme sans l'aide de Dieu. Avant sa chute, Notre Seigneur lui dit : ‘Quand tu seras revenu à toi, confirme tes frères’. Cela voulait dire : Persuade-les par ta propre expérience de la faiblesse des forces humaines. » (Carnet Jaune, 7 août)
Après la résurrection, sur les bords du lac de Tibériade, Jésus résumera la vocation de tout disciple : « ‘Quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu allais où tu voulais ; quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas.’ (...) Ayant dit cela, il lui dit : ‘Suis- moi.’» (Jn 21, 18-19)
Jésus réitère à Pierre la demande du premier jour : “Suis-moi.” Mais sous les mêmes mots se cache pour Pierre un tout autre sens.
La vie de Pierre est une leçon pour chacun des disciples de Jésus, pour chacun d’entre nous. Qu’est devenu Pierre à la suite du Christ ? Que sommes-nous devenus depuis notre baptême ?
Le chemin de Pierre est notre chemin. Suivre Jésus, c’est prendre la voie de l’humilité et de la foi, de l’enfance et de l’abandon. Pendant longtemps, nous avons mis nous-mêmes notre ceinture, laissons désormais le Seigneur nous mener où nous ne voudrions pas aller, mais tout cela pour le suivre.
Amen.
Publié le 15 Août 2012
O Vierge, revêtue des rayons du soleil,
Au front couronné de douze étoiles,
La lune sert à vos pieds d'escabeau,
Vous êtes éclatante de gloire.
Triomphatrice de la mort, de l'enfer et du péché,
Vous prenez place près du Christ en vous penchant vers nous
Et c'est vous que proclament Reine puissante
Le ciel et la terre.
Mais le sinistre serpent persiste à menacer de maux
La lignée qui vous fut autrefois confiée;
Mère dans votre clémence, descendez jusqu'à nous
Et du malin écrasez la tête.
Protégez les fidèles
Ramenez les déserteurs au bercail sacré;
Et rassemblez de partout les nations
Longtemps environnées des ombres de la mort.
Indulgente aux coupables,
obtenez leur pardon;
Secourez l'affligé, l'indigent, le malade,
Espoir certain de salut pour nous tous,
Eclairez les aspérités de la vie.
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ASSOMPTION
Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau, Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 15 août 2012)
Signum magnum apparuit in caelo.
“Un grand signe apparut dans le ciel.”
Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,
Quel est donc ce grand signe qui remplit le ciel ? « Une femme enveloppée du soleil, et la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles» (Ap 12,1).
L’Église a vu dans la femme de l’Apocalypse la Sainte Vierge Marie. Elle est environnée de lumière, comblée de grâces et de gloire par Dieu. Le soleil, la lune, les étoiles et toute la création ne se ménagent pas pour honorer leur Reine. En la fête de l’Assomption, l’Église fête son triomphe. Au terme de son existence terrestre, Marie a été enlevée dans la gloire du ciel où elle a été couronnée Reine de l’univers. À la différence du Christ qui est monté au ciel, Marie a été enlevée, élevée au ciel, corps et âme. Cette faveur accordée par Dieu à celle qui avait abrité en son sein la seconde per- sonne de la Trinité ne doit pas nous tromper. Si Dieu a véritablement comblé de grâces la fille d’Anne et de Joachim, la prévenance divine a su également respecter la liberté de la Vierge de Nazareth.
Entre l’instant de sa conception immaculée et celui de son triomphe s’est écoulée la vie terrestre de Marie. L’Évangile rapporte peu d’événements, mais il enseigne ce qu’il est nécessaire de savoir. Tout en demeurant proche, la plus proche, de Dieu, Marie est restée également très proche des hommes. Elle est créature, née d’un homme et d’une femme.
Sa grandeur se résume en un mot : OUI.
Sa vie n’est qu’acceptation libre du plan divin. Marie s’est appliquée à rechercher la volonté de Dieu et à l’accomplir. Aussi le Seigneur a-t-il fait de grandes choses pour Elle, avec Elle, grâce à Elle.
Cette beauté, cette paix du cœur, cette union à Dieu, que Marie goûtait dès son pèlerinage sur la terre, n’ont pas aveuglé néanmoins la Mère de Dieu. Marie sait que sa vie et son mystère sont profondément liés aux membres de sa race, à ceux qui depuis le début des temps et jusqu’à la fin du monde ont peiné et peineront sur les chemins souvent tortueux de la terre.
En face du OUI se trouve la triste réalité du NON.
Les hommes, les sociétés mêmes, en ont tous fait l’expérience. Celle- ci se cristallise pour l’homme dans le refus de sa condition de créature et pour les sociétés dans le refus de la loi naturelle. L’ivresse d’une illusoire autonomie s’empare alors de l’homme et des sociétés, ouvrant la porte sur la spirale vertigineuse du mal, du mensonge, des guerres, de la souffrance, pain quotidien de notre humanité.
En ce jour, l’Église n’en fait pas trop pour Marie. Elle ne saurait excéder là où semble-t-il, Dieu lui-même a excédé. Marie est à la fois mère et fille de l'Église. Fille de l'Église, parce que, comme créature, elle est sauvée par Jésus. Mère de l'Église, en ce sens qu'elle est modèle de l'Église par sa collaboration à l'œuvre de salut, modèle du cheminement dans la foi. Une mère qui veut mener tous ses enfants à son Fils.
Mère de Dieu, Mère des hommes, Mère de l’Église, Marie est également Mère de notre pays dans la mesure où celui-ci lui a été consacré. En effet, le 10 février 1637, le roi Louis XIII plaça son royaume sous la protection de la très sainte Vierge Marie, afin disait- il, qu’il « soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis ; qu'il jouisse longuement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés.»
Le patronage de Notre Dame est aujourd’hui spécialement nécessaire à la France, menacée par des lois ou des projets de lois qui, au mépris de la nature humaine portent une grave atteinte à la famille et à la vie considérée de son début à sa fin naturelle.
Il s’agit d’obtenir le respect du plan de Dieu annoncé dès la création du monde : « Homme et femme, il les créa » (Gn 1,27). Sur quels principes pourrait se fonder une société pour s’arroger le droit de modifier les concepts de mariage, de famille et finalement d’amour ?
La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 affirme : « L’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits ».
Faudrait-il rappeler aux hommes et aux femmes de notre temps qu’ils ont été conçus à partir d’une cellule masculine et d’une cellule féminine ? que c’est, pour la plupart, grâce à la présence diverse, complémentaire et gratuite d’un papa et d’une maman que s’est construite leur personnalité ? Faut-il ignorer le drame de tant d’enfants déséquilibrés suite à des situations familiales difficiles ?
Beaucoup se taisent. Beaucoup se désintéressent. L’enfant devient, toujours plus, un jouet que les adultes suppriment ou se disputent selon les besoins du moment.Paradoxe d’une société qui, à la fois, autorise l’avortement et qui remet l’enfant à des couples, désireux certes d’en posséder un, mais incapables, compte tenu de leur constitution, de lui offrir un lieu favorable à un développement harmonieux.
Au fond, y-a-t-il vraiment paradoxe ?
L’enfant a toujours été celui qu’il est facile de sacrifier sur l’autel du dieu du monde qui se nomme plaisir. Les enfants sont silencieux. Certains même ne pourront jamais parler. Mais d’autres, marqués par l’environnement dans lequel ils auront grandi, pourront un jour élever la voix. Au nom de tous, et comme il a déjà été fait, ils pourront construire un mémorial de leur holocauste. A leur tour, ils viendront en accusateurs faire valoir leurs droits devant les hommes et les sociétés qui les ont abandonnés.
La guerre recouvre notre terre. Mais la plus injuste de toutes est celle qui se déroule dans le sein maternel, dans le sein familial.
Ce soir, au cours de la procession solennelle, à laquelle vous êtes tous invités, nous prierons pour notre pays en récitant la prière proposée par son Éminence le Cardinal André Vingt-Trois.
O Marie, Reine de la famille et Mère de tous les hommes, nous vous confions la grande famille humaine et en particulier les enfants. Que les hommes et les femmes de notre temps préfèrent au bonheur éphémère d’un plaisir stérile, la joie de pouvoir en vérité vivre le grand don de l’amour dans le petit Nazareth qu’est chaque famille humaine.
Amen.
Au soir de cette fête glorieuse en l’honneur de Notre Dame, dans la fidélité au vœu du roi Louis XIII, nous allons élever une dernière supplication vers celle qui est la Patronne de la France.
Nous savons combien notre pays a besoin de l’aide maternelle et toute- puissante de Marie pour revenir à Dieu et à la vérité.
Unis à tous les chrétiens de France, nous commençons par réciter la prière proposée par son Éminence le Cardinal André Vingt-Trois et adressée à Dieu par l’intercession de Marie.
Frères et Sœurs,
En ce jour où nous célébrons l’Assomption de la Vierge Marie, sous le patronage de qui a été placée la France, présentons à Dieu, par l’in- tercession de Notre Dame, nos prières confiantes pour notre pays :
1. En ces temps de crise économique, beaucoup de nos concitoyens sont victimes de restrictions diverses et voient l’avenir avec inquiétude ; prions pour celles et ceux qui ont des pouvoirs de décision dans ce do- maine et demandons à Dieu qu’il nous rende plus généreux encore dans la solidarité avec nos semblables.
2. Pour celles et ceux qui ont été récemment élus pour légiférer et gouverner ; que leur sens du bien commun de la société l’emporte sur les requêtes particulières et qu’ils aient la force de suivre les indications de leur conscience
3. Pour les familles ; que leur attente légitime d’un soutien de la société ne soit pas déçue; que leurs membres se soutiennent avec fidé- lité et tendresse tout au long de leur existence, particulièrement dans les moments douloureux. Que l’engagement des époux l’un envers l’autre et envers leurs enfants soit un signe de la fidélité de l’amour.
4. Pour les enfants et les jeunes ; que tous nous aidions chacun à découvrir son propre chemin pour progresser vers le bonheur ; qu’ils cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bé- néficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère.
Seigneur notre Dieu, nous te confions l’avenir de notre pays. Par l’intercession de Notre Dame, accorde-nous le courage de faire les choix nécessaires à une meilleure qualité de vie pour tous et à l’épa- nouissement de notre jeunesse grâce à des familles fortes et fidèles. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur.
Publié le 16 Août 2013
" O vous notre avocate, tournez vers nous vos regards miséricordieux".
Par le dogme de l'Assomption, l'Eglise définit que Marie est entrée "en corps et en âme dans la gloire céleste, lorsqu'elle eut achevé le cours de sa vie terrestre.".
La Reine des Anges ne pouvait être soumise à la corruption, elle devait prendre place à la droite du Roi!
"Marie a été élevée aux cieux: le choeur des anges est dans la joie". alleluia de la Messe.
L'Assomption achève et couronne tous les autres privilèges de la Vierge, en particulier son immaculée conception et sa maternité divine. Elle marque l'accomplissement plénier de sa rédemption par le Christ. Cette rédemption achevée, nous l'attendons pour la fin des temps. Elle concerne tout l'homme, âme et corps.
Tous nous sommes appelés à être unis spirituellement et corporellement au Dieu-homme glorifié, Jésus-Christ, et par lui à la Trinité sainte.
"Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus." saint Paul Eph. 2,6
Pour nous, c'est dans l'espérance; pour la Vierge, dans la réalité et la vérité.
" La mort, châtiment du péché,
a perdu sur vous son empire,
Vous montez avec votre corps
au ciel vers votre divin Fils.
Cette gloire si lumineuse
rejaillit sur l'humanité,
qui se voit en vous appelée
au plus degré de beauté.
Vers nous, ô Reine triomphante,
jetez les yeux, dans notre exil,
et que votre main maternelle
nous conduise au bonheur du ciel".
hymne des premières Vèpres.
AVE MARIA
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Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 15 août 2013)
Hodie assumpta est Maria in cælum
“Aujourd’hui Marie a été élevée au Ciel.”
Chers Frères et Sœurs,
Mes très chers Fils et vous plus particulièrement qui fêtez en ce jour votre jubilé de profession religieuse,
Deux motifs président à notre joie. Tout d’abord, nous fêtons Marie qui, comme le Pape Pie XII l’a solennellement défini en 1950, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée aux Cieux avec son corps et son âme. Ce privilège est unique. Le saint pape a manifesté la richesse du dépôt de la foi en promulguant solennellement cette vérité que chaque chrétien est tenu, en conséquence, de croire, afin d’être en pleine communion avec l’Église et son enseignement.
Notre monastère, consacré à Notre Dame précisément sous le vocable de l’Assomption, donne à cette fête un éclat particulier, tout en ayant conscience d’honorer ainsi celle qui est la mère de tous les hommes.
Dans les premières années après la refondation de Fontgombault en 1948, l’affluence aux offices en de tels jours était moindre. Aussi de nombreux moines ont émis profession en cette fête. Aujourd’hui, et c’est notre deuxième motif d’action de grâces, nous fêtons le jubilé de profession de l’un d’entre eux. Ce jubilé est une action de grâces pour cinquante ans passés à la recherche de Dieu et à son service. C’est aussi, pour l’avenir, la volonté de réaffirmer les engagements, pris lors de la première profession monastique, de stabilité, de conversion des mœurs et d’obéissance, tels que les énumère saint Benoît. Ces engagements reviennent, selon une acception plus commune, à la pratique de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance.
Quel lien établir entre la fête de l’Assomption et un jubilé de profession ? Un mot suffit : fidélité.
Fidélité de Marie, fidélité du moine et surtout, fidélité de Dieu.
La fidélité de Marie est résumée dans un mot de sa cousine Élisabeth : Marie est celle qui a cru.
C’est à travers ses réponses de foi aux appels du Seigneur que les grâces uniques dont la Mère de Dieu a été l’objet ont porté du fruit. Il ne faudrait pas imaginer Marie comme l’une des figurines d’une image d’Épinal. Certes, les épisodes, rapportés par l’Évangile, de l’Annonciation, de la Visitation, des noces de Cana ou du Calvaire, certes, les dogmes de la Maternité divine, de l’Immaculée Conception ou de l’Assomption, nous paraissent extraordinaires et pourraient ainsi tendre à l’éloigner de nous. La même réaction pourrait naître d’ailleurs de la lecture de la vie des saints. La sainteté serait alors inaccessible, réservée aux autres.
Tel n’est pas le plan de Dieu : il propose à notre contemplation et comme exemple en premier lieu sa Mère, et à sa suite un long cortège de témoins, les saints. Être saint, c’est plaire au Seigneur. Comment Marie Lui a-t-elle plu ? Par son humilité et par sa foi. Le mystère de l’Assomption, le mystère de la vie de Marie, ne sont au fond que le couronnement de l’ouverture sans réserve d’un cœur au don de la grâce divine qui s’incarna en son sein et dont les fruits les plus beaux se nomment humilité et foi. La sainteté de Marie se révèle accessible pour celui qui veut bien, en face de Dieu, se considérer comme un enfant. Marie lui prépare un chemin sûr pour aller vers Jésus, le chemin de l’humilité et de la foi.
Le moine, enfant de Marie, veut suivre sa mère, et ce durant toute sa vie.
Dans le contexte d’un jubilé, le chemin de sainteté apparaît soumis à l’épreuve du temps. Le tout n’est pas de prononcer des vœux au jour de la profession, puis d’oublier les promesses faites en présence de Dieu et de ses saints ; le tout est de durer et de demeurer fidèle aux promesses faites à Dieu. Le chemin de sainteté, qui ne peut être autre que le chemin de la vie, se poursuivra pour chacun d’entre nous le temps que Dieu voudra, où et comme il voudra. Durer dans la fidélité, c’est répondre à la visite de tout messager divin : “Je suis le serviteur du Seigneur.” C’est tendre au mieux, en rendant le sacrifice de notre vie à Dieu plus parfait, en faisant notre pauvreté plus radicale, notre obéissance plus empressée.
La fidélité de Marie et la fidélité du moine ne dépassent-elles pas nos limites humaines ? Notre secours est dans le Nom du Seigneur, gardien de notre fidélité. Dieu est fidèle, lui qui dès avant notre naissance a pris soin de nous et qui chaque jour nous comble de grâces.
Si Dieu et les saints demeurent présents à nos côtés, si la grâce de Dieu ne nous manque jamais, ne serait-il pas urgent de nous poser la question de l’accueil que nous réservons aux dons de Dieu, tant au plan du temps que nous lui consacrons qu’au plan de l’intimité que nous lui offrons ? Cette reflexion nous renvoie à nous-mêmes : Dieu est fidèle, Marie est fidèle, le moine doit être fidèle, mais moi, suis-je fidèle ? Suis-je fidèle aux promesses de mon baptême ? Voir une nef si pleine est cause d’action de grâces, et je ne crois pas que vous soyez tous venus pour notre jubilaire. C’est pour Marie que vous êtes venus, c’est pour louer le Seigneur et les dons qu’il a faits à sa Mère. Mais Dieu nous attend chaque dimanche, chaque jour même à chaque instant. Il est le Dieu fidèle. Le visitons-nous dans le tabernacle, le rencontrons-nous dans la réception des sacrements ?
En cette année de la foi, il est bon également de réfléchir sur la fidélité à nous laisser imprégner par l’enseignement de l’Église dont Marie est la mère. Sommes-nous des enfants obéissants ? Les moyens modernes ne manquent pas qui donnent accès à l’ensemble des discours et des enseignements du Saint-Père. Souvent un travail de fond visant à nourrir la foi n’a pas notre préférence. Il sera toujours temps un jour de penser à Dieu, car il est éternel. Oui, Dieu est fidèle et éternel, mais nous ne sommes ni l’un ni l’autre... L’homme moderne est imprégné de relativisme : est vrai ce que je crois... demain cela aura changé... Être éclairé, c’est se faire esclave de l’éphémère et oublier la vérité de l’Éternel. C’est renoncer à la fidélité afin de ne pas prendre le risque de durer.
Au moment de la mort de saint Benoît, deux de ses frères eurent une même vision : ils virent qu'une voie recouverte de tissus précieux et illuminée de lampes innombrables, s'étendait de sa cellule jusqu'au ciel, empruntant un chemin tout droit, à l'Orient. Au sommet se tenait un homme brillant, majestueusement vêtu, qui leur demanda : “Cette voie que vous contemplez, de qui est-elle ?” Ils reconnurent qu'ils ne le savaient pas. Alors il leur dit : “C'est la voie par laquelle Benoît, le bien-aimé de Dieu, est monté au ciel.”
Le chemin qu’a suivi l’âme de Benoît n’est autre que le terme du chemin que lui-même offre à chacun de ses moines : “Toi donc, qui que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis, avec l'aide du Christ, cette toute petite Règle, écrite pour les débutants ; cela fait, tu parviendras, avec la protection de Dieu, aux plus hautes cimes de la doctrine et des vertus, que nous venons de rappeler. Amen.” (Saint Benoit, Sainte Règle, c. 73)
Que l’enseignement d’humilité et d’enfance du saint patriarche des moines d’Occident trouve un écho en nos cœurs. Cet après-midi, nous processionnerons au chant des litanies et des cantiques populaires. Faisons vraie notre démarche. La conversion de la France est conditionnée par notre propre conversion. La force du veilleur, c’est la puissance de la vérité et de la fidélité de Dieu. En face du mensonge organisé, érigé en loi et promu par des hommes politiques sans scrupule, la vérité demeure lumineuse, accusatrice. Elle se tient comme la Croix du Golgotha ou comme Marie près de cette Croix. Tenons- nous fermement à ses côtés, fidèles.
Aux Vêpres, avant la procession du vœu de Louis XIII.
Au soir de cette fête glorieuse en l’honneur de Notre Dame, dans la fidélité au vœu du roi Louis XIII, nous voulons élever une dernière supplication vers celle qui est la Patronne de la France.
Alors que notre cœur est baigné par la lumière des heures bénies de ce jour, il ne faut cependant pas renoncer à poser un regard réaliste sur la situation de notre pays.
Depuis bien des décennies, la machine infernale de la culture de mort progresse lentement mais sûrement, faisant sauter un à un les verrous qui assuraient la protection de la vie humaine, et ce, dès l’aube de cette vie alors qu’elle se rencontre sous la forme d’un chétif embryon, jusqu’à son terme, lorsque s’approchent devant elle les portes de la mort. Les progrès de la science qui devaient servir la vie ont été confisqués et légalement mis au service d’une culture dont le but avoué est de satisfaire le plaisir effréné de l’homme qui se dit civilisé et moderne.
Les hommes politiques, éducateurs de la cité et serviteurs du bien commun, ont abandonné depuis longtemps toute référence à la nature humaine, don de Dieu, et à son enracinement dans une terre chrétienne. Esclaves des médias et des sondages, adeptes d’écoles de pensée sans repères, il laisse dériver une épave au gré du courant de la pensée dominante.
Il est temps qu’en France se lève une nouvelle classe politique dont le propos sera le service désintéressé de la cité et la promotion authentique de l’homme, une classe politique qui s’emploiera à comprendre et à faire respectter par les lois le droit naturel dont les fondements sont posés dans le cœur de chaque homme et qui est l’unique moyen d’assurer une paix durable au sein de la cité et entre les peuples.
Aujourd’hui, la France a besoin plus que jamais de l’intercession de sa céleste Patronne.
Marie, montrez-nous le chemin sûr de la vérité et de la fidélité.
Reine des Anges et des Archanges, foulez au pied le prince du mal et du mensonge.
Mère des hommes, obtenez-nous la force d’aller à contre-courant dans la fidélité à l’Évangile et de proposer à tout homme le message du Christ sans l’altérer ni le dissimuler.
Notre Mère, priez pour nous.
Publié le 11 Novembre 2013
le sourire monastique ... ! rebonjour mon père !!! ... Le père-abbé Pateau, supérieur du monastère, et le père Trémolet de Villers, conseiller municipal. - si je pouvais vous avoir comme père spi, un de nos bons pères hôteliers !
trop belle la photo .. ! un peu de soleil ! la gentillesse incarnée.. merci pour tout .ça c'est ma classe !
ça me change d'ici , quel contraste, tiens ! ici c'est comme les dentiers pour chiens !!!!
vous me manquez trop beaucoup. snif.. ! on est bien si seul .."Vous avez vécue parmi les serpents, Et avec les dragons cruels;
" depuis deux ans et demie, trois oh que oui ! et c'était un 11 Novembre ! on a beaucoup souffert, mais qu'importe..
et vivent les moines !
Publié le 9 Avril 2012
Avec l'aimable autorisation du très Révérend Père dom Jean Pateau, pour le Petit Placide, nous publions le sermon du dimanche de Pâques .
Nihil sub sole novum. Rien de nouveau sous le soleil... (Qo 1,9)
Chers Frères et Soeurs,
Mes très chers Fils,
« Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste ; vanité des vanités, tout est vanité. Quel profit trouve l’homme à toute la peine qu’il prend sous le soleil ? ... Toute parole est lassante ! ... Ce qui fut, cela sera, ce qui s’est fait se refera, et il n’y a rien de nouveau sous le soleil! »” (Qo 1, 2-3. 8-9).
Les paroles de l'Ecclésiaste se révèlent d'une pertinente actualité alors que la déception et le découragement gagnent de nombreux catholiques face à la situation au sein des Etats, des familles et même dans l'Eglise.
Tandis qu'une échéance électorale importante approche, il est particulièrement affligeant de constater, tant chez la plupart des candidats que chez une majorité d'électeurs, l'ignorance et parfois le rejet des principes élémentaires de bon sens, issus de la loi naturelle inscrite au coeur de chaque homme.
Le respect de la vie depuis la conception jusqu'à la mort naturelle, la reconnaissance apportée à la famille traditionnelle composée d'un homme et d'une femme et ouverte à la procréation, ainsi que la liberté éducative des parents, semblent désormais des prétentions exhorbitantes qui atteignent la sacro sainte liberté de l'homme.
Plutôt que de promouvoir, dans le seul but de rechercher le bien commun de la société, une authentique écologie humaine, une éthique de la vie, fondée sur la réalité de l'être humain, - donnée que ni législateur, ni aucun homme, ne peut changer à sa guise, - les hommes d'Etat s'appliquent à forger des mots et des lois susceptibles de voiler ou de légitimer des actes de barbaries, des actes contre nature ou encore des viols des consciences.
Pourquoi s'étonner de vivre dans une société malade de ses excès et de ses crimes? Composée d'apprentis sorciers, refusant toute règle et toute limite, y compris celles posées par le Créateur dans la nature même des choses, elle se trouve déjà confrontée aux conséquences dramatiques de ses erreurs.
Monseigneur Marc Aillet, Evêque de Bayonne, Lescar et Oloron, dans la préface d'un livre consacré au Sida et intitulé "Nous choisirons l'amour", écrit: "Un proverbe dit, que " Quand on lui demande pardon, Dieu pardonne toujours; l'homme lui, pardonne rarement; mais la nature ne pardonne jamais."
Quand on viole la loi naturelle, tout un cortège de souffrances s'ensuit nécessairement, qui touche et ceux qui sont responsables et ceux qui sont innocents. Quand l'homme oublie la loi naturelle inscrite en lui, son coeur se durcit et devient désert, et avec lui le monde autour de lui".
Le raz de marée de délinquance et de désespoir qui frappe l'Occident ne serait-il pas le résultat de l'abandon de la morale naturelle? Serions-nous au fond du gouffre? Il ne semble pas.
Déjà, il y a eu un jour où les paroles pleines de désenchantement de l'Ecclésiaste ont pris tout leur sens.
C'est le jour où la Vie a été clouée au bois de la Croix. C'est le jour où, abandonné des siens, le Christ rendit l'esprit. Ce jour-là "Dieu est mort" (Nietsche). L'espérance des patriarches, des juifs, n'était-elle que chimère? Le monde, toutes vies, depuis toujours et pour toujours étaient-ils privés de sens?
Alors qu'en cet instant précis toute vie humaine semblait désormais condamnée au désespoir, de ce corps mis au tombeau, la Vie, la vraie, renaissait, offerte à tout homme.
C'est ce que le Saint Père Benoît XVI écrivait aux jeunes qui se préparaient à le rejoindre aux JMJ:
" La croix nous fait souvent peur, car elle semble être la négation de la vie. En réalité, c'est le contraire ! Elle est le "oui" de Dieu à l'homme, l'expression extrême de son amour et la source d'où jaillit la vie. Car du coeur de Jésus ouvert sur la croix a jailli cette vie divine, toujours disponible pour celui qui accepte de lever les yeux vers le crucifié."
(Message du Pape Benoit XVI aux jeunes du monde à l'occasion de la 25ème journée mondiale de la jeunesse 2011,n°3)
Comme l'affirme le Catéchisme de l'Eglise catholique (n°638) :" La Résurrection de Jésus est la vérité culminante de notre foi dans le Christ, crue et vécue comme vérité centrale par la première communauté chrétienne, transmise comme fondamentale par la Tradition, établie par les documents du Nouveau Testament, prêchée comme partie essentielle du Mystère pascal en même temps que la Croix:" Le Christ est ressuscité des morts. Par sa mort il a vaincu la mort, Aux morts il a donné la vie." (Liturgie bysantine Tropaire de Pâques).
La résurrection est un évènement historique.
"Toutes les vérités , même les plus inaccessibles à l'esprit humain, trouvent leur justification si, en ressuscitant, le Christ a donné la preuve définitive qu'il avait promise, de son autorité divine", enseigne encore le Catéchisme de l'Eglise catholique (n°651)
Si de nombreux témoins ont assisté aux phénomènes cosmiques qui ont marqué la mort du Christ, la résurrection s'est déroulée dans le secret du tombeau.
La tradition laisse à penser que Marie fut la première à recevoir la visite de son Fils. Unie à lui en son Stabat, elle devait à nouveau chanter avec lui son Magnificat. Ce sont les saintes femmes qui découvrirent le tombeau vide et en avertirent les apôtres. Les apparitions des jours suivant confirmèrent la nouvelle: le Christ est vraiment ressuscité. Comme l'arbre gigantesque né d'une petite graine dans le silence et l'oubli, la résurrection dépasse les limites géographiques et temporelles du tombeau. Le Christ vit désormais, Dieu et homme en son corps glorieux marqué des stigmates de la Passion.
Comme le cierge pascal, témoin de la victoire de la lumière sur les ténèbres, nous devons, nous aussi, rayonner la résurrection.
Depuis le matin de Pâques, l'espérance chrétienne est sans limite. Il n'y a pas de nuit qui soit si noire, qu'elle ne puisse être illuminée par le vainqueur du tombeau.
A une jeune fille de douze ou treize ans, une bergère, l'archange Michel disait:" Il y a grande pitié au royaume de France."
Par sa confiance en Dieu et son obéissance, contre toute sagesse et même toute prudence humaine, Jeanne, prenait la tête de l'armée et entreprenait la libération du royaume, afin de le rendre à son roi. L'archange pourrait encore faire entre ses paroles aujourd'hui, alors que nous fêtons les six cents ans de la naissance la Pucelle d'Orléans.
Le combat à mener couvre désormais d'autres horizons, mais il est tout nécessaire à la survie de notre pays, de l'Europe et du monde.
Ce ne sont plus des terres qu'il faut reconquérir, mais des coeurs.
Des coeurs qu'il faut éduquer à la morale chrétienne qui est, non une morale de l'interdit ou de la contrainte, mais une morale de la béatitude et de la liberté. La France doit reconnaître ses racines et les assumer.
Citons le bienheureux et bien-aimé Pape Jean-Paul II dans la conclusion de son homélie au Bourget:"
France, fille aînée de lEglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême? Permettez-moi de vous demander: France, fille aînée de l'Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle? Pardonnez-moi cette question. Je l'ai posée par sollicitude pour l'Eglise dont je suis le premier prêtre et le premier serviteur, et par amour pour l'homme dont la grandeur définitive est en Dieu, Fils et Esprit." (Homélie au Bourget, 1er Juin 1980, n°8).
Hier soir, nous avons renouvelé les promesses de notre baptême.
Comme les apôtres et selon nos vocations, nous portons Dieu au monde. Le monde, et celui de la politique en particulier, a besoin d'entendre la voix de la vérité.
Autant qu'ils le peuvent, par un vote utile par exemple, les chrétiens ont le devoir d'empêcher l'arrivée au pouvoir de personnes qui bafouent ouvertement la dignité humaine.
Quoi qu'il en soit, le chrétien est l'homme de l'espérance.
"Rien de nouveau sous le soleil.", disait l'Ecclésiaste...
Voici pourtant que celui fait toutes choses nouvelles (cp Ap 21,5) et qui était mort, est désormais ressuscité: il a vaincu la mort et a ouvert pour tous les hommes le chemin vers l'éternité.
Ce jour est le jour qu'a fait le Seigneur, jour de joie et d'allégresse.
Surrexit Dominus vere, Amen, Alleluia.
Très Révérend Père Dom Jean Pateau
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
le 8 Avril 2012
Publié le 11 Juin 2011
"Pour nous, nous n'avons qu'un cri : Toi qui renouvelles divinement l'Univers, sois béni !"
saint Jean Damascène
Saint-Esprit, je te demande le don de la Sagesse pour une meilleure compréhension de toi et de ta perfection divine.
Je te demande le don d’Intelligence pour une meilleure compréhension de l’essence des mystères de la sainte foi.
Donne-moi le don de Science afin que je sache orienter ma vie selon les principes de la foi.
Donne-moi le don de Conseil afin qu’en tout je puisse le chercher par toi et que je puisse le trouver par toi.
Donne-moi le don de la Force afin qu’aucune peur ni souci terrestre ne puissent m’arracher à toi.
Donne-moi le don de Piété afin que je puisse toujours servir ta majesté avec un amour filial.
Donne moi le don de Crainte de Dieu afin qu’aucune peur ni motivation terrestre ne puissent m’arracher à toi.
Amen.
Bx Jean-Paul II
Eucharistie
Le petit Placide et nous-mêmes vous souhaitons de saintes fêtes de la Pentecôte 2011
cui cui cui ..!
pictures of litttle Placide
évidement!
Publié le 2 Février 2015
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PRESENTATION DE L'ENFANT JÉSUS AU TEMPLE
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 2 février 2015)
Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,
Fiat lux.
Que la lumière soit. (Gn 1,3)
Hier, dimanche de la Septuagésime, les lectures du premier nocturne des matines, tirées du premier chapitre du livre de la Genèse, ont rappelé le récit de la création de l'univers. Ce récit, nous le réentendrons, au terme d'un long temps de pénitence, au cours de la grande veillée pascale.
« Que la lumière soit » : tels sont les premiers mots, prononcés par Dieu, qui ouvrent le livre de la Genèse, et qui font passer la terre du chaos et des ténèbres à la lumière. Et Dieu, poursuit le texte, « vit que la lumière était bonne » (Gn 1,4). En ce premier «jour», «il y eut un soir, il y eut un matin» (v. 5). Désormais l'histoire de la terre devait se dérouler dans une alternance de lumière et de ténèbres, de jour et de nuit : un grand luminaire, le soleil, présidant au jour ; un petit, la lune, à la nuit.
Créé sur la terre à l'image de Dieu, donc fait pour la lumière, l'homme, dès son apparition, cherchera à produire, puis à domestiquer le feu, puis la lumière, afin de faire reculer les ténèbres, paraissant ainsi en quête d'une « vraie lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde » (Jn 1,9), une lumière qui ne s'éteindrait pas.
La double lecture du récit de la création enchâsse, comme dans un écrin, un temps favorable : le temps de préparation à une recréation qui s'opère dans le Mystère pascal auquel est ordonné le Mystère de l'Incarnation. Comme il avait reçu la première lumière de Dieu au jour de la création de l'univers, l'homme, perdu dans les ténèbres du péché, aspire à recevoir une autre lumière, à être recréé. Celle-ci, comme la première, ne pourra venir que de Dieu.
Le prophète Isaïe l'a annoncée :
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande Lumière, sur les habitants du sombre pays, une Lumière a resplendi. (Is 9,1)
Cette lumière, Siméon et la prophétesse Anne l'espéraient. Siméon « attendait la consolation d'Israël » (Lc 2,25). Aussi, recevant dans les bras l'enfant attendu, le vieillard bénit Dieu, disant que ses yeux ont vu le salut préparé à la face de tous les peuples : « Lumière qui se révélera aux nations et gloire de ton peuple Israël. » (Lc 2, 31-32)
Le Christ est la Lumière du monde. Saint Jean, l'évangéliste de la lumière, l'enseigne dans le prologue de son évangile : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde » (Jn 1,9).
Le Christ affirme :
Je suis la Lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie (Jn 8,12). Marchez tant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous saisissent : celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va. Tant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin de devenir des fils de lumière (Jn 12,35-36). Moi, Lumière, je suis venu dans le monde, pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. (Jn 12,46)
Le fait que l'homme, dès les temps les plus reculés de son histoire, ait recherché la lumière, le fait que le Christ, Fils de Dieu, « la vraie Lumière » soit venu en notre monde afin d'y éclairer tout homme, montre que la lumière est vitale pour l'homme, et qu'elle n'équivaut pas aux ténèbres. Celui qui veut accomplir le mal recherche les ténèbres, mais celui qui veut poursuivre le bien aspire à la lumière et doit être à même d'y accêder, Dieu étant venu lui-même nous la proposer, afin qu'illuminés par lui nous illuminions le monde.
Ce qui paraît évident dans le domaine de la lumière concrète, ou encore quand il s'agit de cheminer vers Dieu, le semble beaucoup moins pour les hommes de notre temps quand il s'agit des actes de la vie. L'évangile selon saint Jean stigmatise le comportement des hommes :
La lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les téneèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises. Quiconque, en effet, commet le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient démontrées coupables, mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, afin que soit manifesté que ses œuvres sont faites en Dieu. (Jn 3,19-21)
Faire ses œuvres en Dieu, c'est agir selon la vérité, véritable lumière de l'intelligence. Quand la vérité devient gênante, et que pourtant l'on répugne à faire ouvertement l'apologie du mensonge, il reste comme issue la falsification de la vérité. Relativiser la Vérité, qui a son fondement en Dieu, afin d'y mêler les ténèbres du mensonge, porte un nom : le relativisme.
De façon vraiment paradoxale, l'homme moderne, beaucoup plus exigeant quant à la qualité de l'éclairage des lieux où il vit que l'homme des temps antiques, ou même du Moyen-âge, se montre beaucoup moins soucieux de l'éclairage de sa propre intelligence et de l'éducation de sa conscience. Sur ce plan, ténèbres et lumière se valent, ou plutôt dépendent de chacun.
Imaginons un instant quelle pourrait être la vie dans un monde où les uns allument la lumière alors qu'il fait nuit, pendant que les autres l'éteignent, car pour eux les ténèbres sont leur lumière !
Face au Christ, Lumière du monde, la civilisation moderne peut se vanter d'avoir libéralisé la culture de mort et d'en poursuivre une active promotion : la vie humaine devient une valeur relative avec l'avortement et l'euthanasie ; le respect de la conscience et des croyances d'autrui est relativisée devant une liberté d'expression qui est refusée à ceux qui se présentent comme apôtres de la Vérité, ou même du simple bon sens ; les biens de la création sont gaspillés sans souci de ce qui restera pour les hommes de demain.
La paix n'est plus, et les peuples s'enfoncent dans les ténèbres de la mort. Aspireront-ils à un libérateur ?
Aujourd'hui, le Temple reçoit son libérateur.
Cet Enfant « provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction... ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d'un grand nombre. » (Lc 2, 34-35)
Que la lumière de ce jour libère nos cœurs et ceux des hommes de notre temps des liens de la mort. Que Marie, Mère des hommes et Reine de la paix, nous enfante à cette vraie lumière venue pour tout homme, à cette paix qui ne peut venir que de Dieu.
Amen.
Publié le 21 Mars 2015
"Ceux qui franchissent les portes de la maison monastique
sont souvent contaminés par l'esprit d'individualisme,
d'égocentrisme, de quête du plaisir qui corrompent la
société humaine. Au sein du monastère, ils trouvent un Père
et des frères. Par l'humble écoute du prochain, par une
obéissance généreuse, par la pratique de l'amour mutuel, ils
se reconstruisent et travaillent à leur place à reconstruire le
monde."
sont souvent contaminés par l'esprit d'individualisme,
d'égocentrisme, de quête du plaisir qui corrompent la
société humaine. Au sein du monastère, ils trouvent un Père
et des frères. Par l'humble écoute du prochain, par une
obéissance généreuse, par la pratique de l'amour mutuel, ils
se reconstruisent et travaillent à leur place à reconstruire le
monde."
homélie du Très Révérend Père abbé de Fontgombault .
Publié le 7 Octobre 2014
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 7 octobre 2014)
+
troisième anniversaire de sa bénédiction abbatiale.
Ave Maria, gratia plena...
Je vous salue Marie, comblée de grâces...
Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,
Le récit de l'Annonciation que l'Eglise reprend si souvent au cours de l'année liturgique, et en particulier aujourd'hui, fête du Saint Rosaire, nous replace au sommet de l'histoire de l'humanité. Sans témoin, dans la pièce retirée d'une maison de Nazareth, une jeune fille du nom de Marie reçoit la visite d'un ange. Après avoir salué l'habitante de la demeure, la créature céleste s'émerveille devant la beauté de cette âme.
Quel beau compliment, pour Marie, que de s'entendre dire par la bouche de Gabriel : « Le Seigneur est avec vous » ! Le messager céleste est venu pour recueillir un mot prononcé au nom de toute l'humanité. Il est venu afin de remporter au ciel le plus beau « Oui » sorti du cœur d'une personne humaine et de pouvoir ainsi le répéter sans fin à la face de Dieu, pour sa gloire et pour l'humiliation éternelle du diable.
La récitation du chapelet nous ramène à cet instant, objet du premier mystère du Rosaire, qui, pourrait-on dire, fleurit dans tous les autres mystères. A travers la litanie des Pater et des Ave, le chapelet offre ainsi un chemin d'oraison, donnant de parcourir successivement les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux de la vie de Jésus et de Marie. Au gré de la contemplation, de l'avancement spirituel, de la lourdeur ou de la légèreté de l'âme, l'attrait se fera plus fort soit vers la méditation des mystères, soit vers la récitation simple des Pater et des Ave baignée dans la lumière des visages de Dieu et de Marie. Au fond cela importe peu, si ce n'est de demeurer en leur compagnie.
Les mystères du Rosaire sont variés. Depuis l'ajout des mystères lumineux par saint Jean-Paul II, ils recouvrent désormais la grande variété des événements de la vie de Jésus et de Marie. Evénements joyeux et attachants de la naissance ; événements fondateurs du commencent de la vie publique et de son développement ; événements douloureux de la rencontre avec le mal, avec la haine qui se trouve dans le cœur de tout homme, et réponse de l'amour à travers la Croix ; enfin événements glorieux, tant pour Jésus que pour Marie, qui viennent clore leurs pèlerinages sur la terre. En face de situations aussi variées, l'âme n'a qu'une seule prière qu'elle répète sans fin : Pater et Ave qui s'épanouissent dans la doxologie du Gloria Patri. Cette prière vaut pour tout car elle dit tout.
Nos vies humaines, à l'image de la vie de Jésus, ont été, sont ou seront constituées d'événements joyeux, lumineux, douloureux et nous l'espérons aussi glorieux. En face de ceux-ci et plus particulièrement des événements douloureux, il nous arrivera d'être désarmés.
Le Rosaire ne serait-il pas la réponse, l'arme passe-partout ? Comment douter d'un Dieu qui veut être appelé Père? Comment ne pas espérer, dans une tranquille confiance, en la puissance de la prière de Marie pour les pauvres pécheurs que nous sommes tous, maintenant et à l'heure de notre mort ?
Le Rosaire, en orientant les regards sur Dieu et sur Marie, donne une orientation à la vie, une spiritualité ; non pas celle qui se développerait dans un recroquevillement stérile à partir du constat de l'impuissance, de la misère et de la faiblesse, mais une spiritualité d'espérance.
Oui, celui qui dit le Rosaire, qu'il le veuille ou non, bon gré mal gré, est obligé de regarder vers le ciel.
Oh ! parfois certes, c'est un regard bien fugace, le regard d'une âme trop préoccupée par elle-même, mais les mots cependant sont dits. Si l'ange Gabriel apparaissait devant cet étourdi et lui disait : « Sais-tu que les paroles que tu dis, je les ai dites un jour ? Crois-tu ce que tu dis ? Voudrais-tu pouvoir dire ces paroles comme moi, je les ai dites ? » Alors, à n'en pas douter, le pauvre homme répondrait : « Oui, je crois... et je voudrais croire autant que toi tu sais... »
Notre-Dame du Rosaire pourrait être honorée du titre de sainte patronne des voleurs, des bons voleurs, des voleurs du Ciel. Combien d'âmes ont rencontré Dieu par le Rosaire ? Combien d'âmes portent la misère d'autres âmes, portent le monde, à travers la récitation simple, mais fidèle, du Rosaire ?
Les paroles de la Sagesse, appliquées par la liturgie à Marie, s'éclairent alors d'un sens prophétique : « Et maintenant, mes fils, écoutez-moi : heureux ceux qui gardent mes voies ! Ecoutez l'instruction et devenez sages, ne la mêprisez pas. Heureux l'homme qui m'écoute, qui veille jour après jour à mes portes pour en garder les montants ! Car qui me trouve, trouve la vie ; il obtient la faveur de Yahvé. »
(Prov 8, 32-35)
Soyons donc de ces veilleurs qui méditent et conservent les largesses de Dieu dans leurs cœurs, à travers la récitation du chapelet. Assurément, ils ont trouvé la vie et obtiennent la faveur de Dieu.
Amen.